Introduction
Une ville
Avec la révolution de 1846, Genève se libère de ses fortifications et se dote d'une nouvelle constitution faisant notamment place à la liberté de culte. Désireuses d'incarner cet idéal de tolérance religieuse, les autorités offrent alors aux différentes confessions des parcelles sur les terrains des anciennes fortifications pour élever des bâtiments de culte.
Genève voit ainsi s'élever une église catholique, Notre-Dame (1852-1857), une église anglicane (1853), une synagogue (1859), un temple maçonnique (1858-1859) et, finalement, l'église orthodoxe russe (1864-1866). Cette période très souple en matière confessionnelle se referme cependant rapidement. Dès la fin des années 1860, Genève voit s'allumer les premiers feux du Kulturkampf.
Affiche de l'exposition
Une communauté
C'est dans ce contexte qu'une petite communauté russe se développe dès le milieu du XIXe siècle à Genève et dans ses environs. Il s'agit d'abord de diplomates, d'anciens généraux et de membres de l'aristocratie; puis viennent des ingénieurs, des fonctionnaires, parfois installés sur place, plus souvent touristes ou clients des stations thermales, ainsi que de très nombreux étudiant(e)s fréquentant les pensions genevoises ou l'université, suivis des activistes de gauche et futurs révolutionnaires.
Les événements de 1917 transforment la communauté. Très mouvante au XIXe siècle, elle est contrainte de s'enraciner dans la durée. L'église est souvent le seul lien qui demeure avec le pays et ceux qui y sont restés. C'est ainsi que l'histoire de la communauté orthodoxe de Genève est mêlée à celle de la Russie, de l'Europe, de la lutte contre le communisme, mais aussi à l'histoire régionale. Cet ancrage lui donne une identité forte, une âme à la fois russe et genevoise.
Une église
Installés dès 1854 dans une villa du quartier des Eaux-Vives, les locaux se révèlent vite trop exigus. Une demande pour construire un bâtiment plus adapté est rapidement déposée devant le Grand Conseil, qui vote le 16 septembre 1863 l'octroi d'un terrain pour la construction d'une «chapelle du culte grec» sur ce qui était encore le désert du plateau des Tranchées.
Financée par des dons provenant de toute la Russie et de la diaspora, la construction commence en 1864 selon les plans élaborés par David Grimm, professeur d'architecture à l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. Le bâtiment incarne un style russe propre au XIXe siècle, s'inspirant à la fois de l'architecture moscovite des XVIe-XVIIe siècles et de l'art byzantin. L'église est consacrée en septembre 1866 sous le nom d’église de l’Exaltation de la Sainte-Croix.
Vue de l’église russe vers l'époque de sa consécration (BGE-CIG Centre d’iconographie genevoise)