En haut à gauche, un petit plan permet de bien préciser l'implantation du zoo, entre la promenade des Bastions et les rues de Candolle et Saint-Léger, c'est-à-dire sur une portion du parc qui, mise à part l'allée d'arbres, est encore à l'état de terrain vague.
Si le comité initiateur de ce jardin zoologique, en mars 1870, met en avant le plaisir et l'instruction des visiteurs genevois et étrangers, il apparaît clairement qu'installer un zoo aux Bastions, c'est le mettre en relation directe avec le Jardin botanique (1818), l'Orangerie (1818, démolie en 1910) et le Conservatoire de botanique, situé derrière le Théâtre (1824, détruit en 1934). Et plus particulièrement encore à proximité du Musée des sciences naturelles et de l'Académie - la future Université - dont les bâtiments sont encore en construction (de 1868 à 1872).
Ce projet vise alors à établir à Genève un véritable pôle de recherche scientifique, comme le dévoile l'identité de ses initiateurs, parmi lesquels se trouvent François-Jules Pictet de la Rive (1809-1872), qui est alors professeur de paléontologie, de zoologie et d'anatomie comparée; Victor Fatio (1838-1906), éminent zoologue et spécialiste des vertébrés; Philippe Camperio (1810-1882), ancien professeur de droit, homme d'Etat et ardent promoteur de l'Université.
Le plan établi par Francis Gindroz, l'un des architectes de l'Académie, présente un réel jardin d'agrément, avec un café, de larges allées et de beaux arbres - dont on peut même reconnaître les essences - et plusieurs points d'eau. Mis à part les singes et les gazelles, les espèces sont «principalement des animaux des Alpes». Il n'est pas encore question ici de jardin d'acclimatation ou de velléités éthologiques: si les bouquetins et les chamois se partagent bien une «montagne» de rochers, les gazelles, quant à elles, profitent de saules et de sapins!
En novembre 1870 déjà, le projet est abandonné, vu la «froideur» du public genevois, le succès mitigé remporté par la souscription, et les «graves événements politiques» qui monopolisent toutes les attentions - Genève est submergée par les grèves et les conflits politiques et religieux, tandis que la guerre franco-prussienne fait rage.
1. Genève Jardin zoologique. Plan général 1870. Lithographie polychrome par F. Noverraz, Genève, 1870 (Collection Dumur, AEG, Archives privées 247/V/93)
2. La rue Saint-Léger et les Bastions vers 1861 (CIG, photographie). [Non reproduit]