Dans la République de Genève d’Ancien Régime, la puissance du pénal ressort de la richesse matérielle des documents judiciaires. La pratique pénale produit des pièces judiciaires par centaines de milliers, génère registres et cahiers, mobilise papier, encre et plumes, écritoires et chandelles. Au-delà des papiers de justice qui recueillent la mémoire du crime, l’instruction criminelle conserve parfois les éléments matériels qui établissent le corps du délit et en éclairent les circonstances.
La conservation des pièces à conviction traduit le projet d’une netteté judiciaire indispensable à la chaîne du pénal. L’inventaire hétéroclite de ces pièces en témoigne: libelles diffamatoires, faux assignats, billets de loterie étrangère, limes, boîtier de montres, fausse monnaie, linceul d’enfant trouvé mort et enterré, canne rompue trouvée sur le lieu d’un assassinat, «machine» servant à subtiliser l’argent du tronc des églises.
Matériau nécessaire à l’enquête, les pièces à conviction suscitent peut-être la curiosité du regard contemporain, mais surtout elles donnent à penser la chaîne du pénal, par delà les temps.
AEG, P.C. 1re série 15598
AEG, P.C. 1re série 16437
AEG, P.C. 1re série 10897
AEG, P.C. 1re série 13923
AEG, P.C. 1re série 14331
AEG, P.C. 1re série 13872
AEG, P.C. 1re série 16860