Entre 1721 et 1726, les travaux menés dans les bastions de Saint-Antoine et du Pin, suivant le plan de fortification de Des Roques et de La Ramière, rencontrent de grandes difficultés. L'année suivante, la commission chargée d'étudier les travaux et leurs coûts accepte sans discussion un rapport présenté par de La Ramière. Bien que siégeant dans cette commission, Micheli du Crest, saisi d'une extinction de voix, ne peut faire valoir ses arguments.
Révolté par ces deux événements, Micheli du Crest s'attelle à la rédaction de son Mémoire pour le Magnifique Conseil des Deux Cents de Genève, du 22 novembre 1728. Dans ce document, il critique le plan de La Ramière, qui constitue un beau plan à la Vauban, mais ne tient aucun compte de la topographie, puisqu'il établit «la même quantité d'ouvrages au devant des parties fortes comme au devant des parties faibles». Puis Micheli propose un projet mieux adapté.
La diffusion de ce mémoire et le refus de subir la censure du Conseil provoquent la condamnation de son auteur, qui est accusé d'allumer «une funeste guerre entre le Magistrat et le peuple». Micheli du Crest est déchu de sa bourgeoisie, sa seigneurie et ses biens sont confisqués. Après quelques années d'errance, il passera vingt ans emprisonné au Château d'Aarbourg (1746-1766).
Projet de La Ramière pour continuer la ligne des contregardes sur les fronts de Plainpalais et Saint-Gervais. Dessin de Micheli du Crest, s.d. [1728-1730] (AEG, P.E. 3) [Non reproduit]
Projet de Micheli du Crest en contradiction avec celui de La Ramière. 3e projet, s.d. [1728-1730] (AEG, P.E. 4)