Lorsque le duc de Brunswick meurt à l'hôtel Beau-Rivage, en 1873, la Ville de Genève hérite de son immense fortune personnelle pour autant qu'elle respecte les dernières volontés du défunt: «Nous voulons que notre corps soit déposé dans un mausolée au-dessus de la terre, […] dans une position proéminente et digne. Le monument sera surmonté par notre statue équestre et entouré par celles de notre père, grand-père, etc., de glorieuse mémoire d'après le dessin attaché à ce testament en imitation de celui des Scaligeri enterrés à Vérone».
Les exécuteurs testamentaires portent leur choix sur la toute nouvelle place des Alpes et mandatent le sculpteur renommé Vincenzo Vela (1820-1891). Ils se montrent malheureusement incapables de décider d'un parti esthétique, alors même que Vela travaille déjà sur la maquette et les sculptures principales dans son atelier tessinois. S'engage alors une querelle d'experts qui oppose d'un côté Eugène Viollet-le-Duc, partisan - comme Vela - d'une interprétation assez libre du modèle italien, et de l'autre l'architecte Jean Franel et les experts français Joseph-Louis Duc et Hector Lefuel, partisans de la copie fidèle du mausolée véronais.
Vincenzo Vela ne peut accepter la tutelle de Franel que veulent soudain lui imposer les exécuteurs, alors qu'il a justement été mandaté pour ses qualités de créateur. La maquette de Vela mais aussi les projets et sculptures déjà réalisés sont rejetés au profit de ceux de Franel.
Sur les 24 millions légués à Genève, deux sont utilisés pour le mausolée. Ce legs permet la construction du Grand Théâtre, de l'Ecole d'horlogerie, de l'Ecole du Grütli, de l'Université, de l'Abattoir…
3. Maquette du monument par Vela. L'artiste préfère la place Dorcière, plus petite, sombre et austère - et donc plus proche du modèle véronais - mais aussi au sol plus résistant. Photographie tirée du Vela de Romeo Manzoni (1906).
4. Le Mausolée avant 1890, année où la statue équestre, trop lourde, est déposée, cartes postales. [Non reproduit]