République et canton de Genève

Grand Conseil

PL 11019-A
Rapport de la commission fiscale chargée d'étudier le projet de loi de MM. Thierry Cerutti, Mauro Poggia, Sandro Pistis, Eric Stauffer, Jean-François Girardet modifiant la loi générale sur les contributions publiques (LCP) (D 3 05) (Abolir l'impôt sur les chiens)
Rapport de majorité de M. Vincent Maitre (PDC)
Rapport de minorité de M. Pascal Spuhler (MCG)

Premier débat

Le président. Nous passons au point 32 de notre ordre du jour, le PL 11019-A. Le rapport de majorité est de M. Vincent Maitre, remplacé par Mme Hirsch. Le rapport de minorité est de M. Pascal Spuhler. Le débat est classé en catégorie II: quarante minutes. La parole est à Mme la rapporteure de majorité remplaçante.

Mme Béatrice Hirsch (PDC), rapporteuse de majorité ad interim. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, les aléas et les hasards veulent que nous étudiions ce soir un projet de loi déposé par le MCG destiné à diminuer les recettes de l'Etat, et cela peu après le vote du budget. Il est assez plaisant de le remarquer.

La loi qui fixe l'impôt sur les chiens a été adoptée par le peuple en novembre 2011. Il paraît donc pour le moins incongru de vouloir, moins de deux ans après, la modifier et supprimer purement et simplement l'impôt sur les chiens.

Il est assez plaisant de lire les comparaisons établies par les auteurs de ce projet de loi et le rapporteur de majorité sur les différences entre les animaux et sur le fait que certains animaux sont taxés et d'autres pas. Celles et ceux qui possèdent un chien, celles et ceux qui ont des amis ayant un chien - et je ne doute pas que la plupart d'entre nous en connaissent - sauront exactement de quoi il retourne.

Certes, la possession d'un chien est un plus et peut réellement apporter une aide à bon nombre d'êtres humains. Pourtant, c'est aussi un poids pour la collectivité: il y a un programme de prévention des morsures des chiens, il y a la voirie qui s'occupe de ramasser les crottes de chiens, il y a des plaintes à traiter, des contrôles à effectuer. Cela fait partie des coûts induits par les chiens et il convient donc de taxer un minimum les gens qui induisent ces coûts. Ce n'est pas rien d'avoir un chien ! C'est une responsabilité et il faut reconnaître le coût que cela représente pour la collectivité publique.

J'aimerais juste reprendre quelques mots du rapporteur de majorité qui a très bien résumé la situation, de deux manières, dans le dernier paragraphe de son rapport. D'abord, la commission fiscale a extrêmement bien traité l'imposition sur les chiens lors de l'étude du projet de loi qui a été adopté par le peuple en novembre 2011. Il a également très bien expliqué dans ce cas pourquoi les chiens étaient imposés et pas les perroquets, en faisant le rapport entre les coûts générés pour la collectivité par les chiens et les perroquets.

La majorité de la commission vous recommande donc de ne pas entrer en matière sur ce projet de loi et de garder cet impôt sur les chiens.

M. Pascal Spuhler (MCG), rapporteur de minorité. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, la rapporteuse de majorité faisait un lien entre le budget que nous venons de voter - ou plutôt que la majorité de cette plénière a voté - et le fait que nous proposons une baisse d'impôts alors qu'on aimerait arriver à l'équilibre budgétaire.

Toutefois, je m'étonne que le parti de la famille refuse un léger allègement fiscal sur les chiens, puisqu'on sait qu'un chien représente un équilibre au sein d'une famille. Il participe à l'éducation des enfants, au respect des animaux, et c'est un point important pour les familles.

Cela mis à part, effectivement, ce projet de loi a pour but d'aider les gens qui ont un chien, essentiellement les personnes âgées et les familles, qui ont parfois des difficultés à payer ces taxes relativement onéreuses, à cause de cette loi qui a été votée concernant les chiens et qui a trait aussi à l'éducation et à l'augmentation de la taxe. Nous savons donc qu'il y a de gros frais pour entretenir un chien aujourd'hui.

Que faut-il faire ? Faut-il tuer tous les chiens pour éviter de payer des taxes ? Je crois que ce n'est effectivement pas la solution. Nous pensons au MCG - et différents objets parlementaires qui nous ont été soumis peuvent appuyer notre thèse - que le chien est un bienfait pour la société, que le chien est une aide pour les personnes âgées, un plus pour les familles. Pour toutes ces raisons, il faut une défiscalisation du chien.

Certaines communes ont déjà préféré la défiscalisation, telles que Bardonnex, Cartigny ou Céligny; je pourrais encore en citer une dizaine, mais je ne les ai pas en tête. Ces communes ont décidé que le chien était effectivement un plus et qu'il n'était pas nécessaire de le fiscaliser. Je crois que l'animal, le chien en l'occurrence, est d'utilité publique, pour l'équilibre d'une famille, pour les personnes âgées qui ont besoin d'un compagnon de vie... (Brouhaha.)

Le président. S'il vous plaît, Monsieur le député, j'aimerais appeler à l'ordre et au calme. Voilà, je crois que c'est fait, vous pouvez poursuivre.

M. Pascal Spuhler. Je vous remercie, Monsieur le président. Je pense donc sincèrement que le chien est un équilibre en plus pour la famille, pour les gens qui ont des enfants, pour l'éducation des enfants, qui se répercute automatiquement sur l'éducation du chien. C'est un plus pour les personnes âgées: ça leur permet de sortir, de bouger, de faire un peu de sport et non pas de croupir dans une maison. Vraiment, le chien est d'utilité publique et je pense qu'on ne peut pas taxer quelque chose qui est d'utilité publique.

M. Bernhard Riedweg (UDC). Un chien salit le domaine public, ce qui demande un nettoyage régulier par les services de la voirie... (Brouhaha.)

Le président. S'il vous plaît, Mesdames et Messieurs !

M. Bernhard Riedweg. L'impôt de 1 112 000 F prélevé en 2012 pour les 21 000 chiens est utilisé pour alimenter le fonds cantonal des épizooties et financer l'assurance contre les dommages causés par les chiens errants, les sachets plastiques pour les crottes et l'entretien des quelques parcs pour les besoins canins qu'il faut nettoyer. En plus de ça, il faut trouver des financements pour s'occuper des chiens maltraités !

Il est donc normal que les manquements des propriétaires de chiens leur soient facturés d'une manière forfaitaire. Si nous ne taxons pas les chiens, les 231 000 citoyennes et citoyens contribuables qui ne possèdent pas de chien seront frustrés parce qu'ils financent toutes les activités que nous avons mentionnées avant et que l'Etat assume. A Genève, les contribuables paient une taxe personnelle de 25 F. Pourquoi n'y aurait-il pas une taxe pour les chiens, en ces temps difficiles pour les finances de l'Etat ?

L'Etat se doit de prélever des impôts sur les chiens; cela se justifie par les raisons que nous venons d'évoquer. Quelques impôts ciblés par-ci par-là font les grandes rivières dont nous utiliserons les ressources à bon escient. Les membres de l'UDC sont partagés sur ce projet de loi.

Le président. Merci, Monsieur le député, la parole est à... (Brouhaha.) S'il vous plaît ! C'est un sujet qui est toujours intéressant. Monsieur le député Jean-Louis Fazio, vous avez la parole ! (Exclamations.)

M. Jean-Louis Fazio (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, les socialistes ne soutiendront pas ce projet de loi démagogique. (Protestations. Commentaires.) En effet, la loi sur les chiens que notre parlement a acceptée il y a deux ans a largement démontré son efficacité, puisqu'elle a réglé le problème des chiens dangereux dans notre canton. De plus, avec une partie de l'impôt récolté, d'importants moyens ont été investis dans l'éducation des chiens et l'état sanitaire de nos amis à quatre pattes s'est considérablement amélioré. Genève, avec sa loi sur les chiens, passe pour être un exemple sur le plan suisse. Donc, si nous aimons nos bêtes, continuons à avoir une politique qui nous donne les moyens pour qu'elles soient bien traitées et votons les conclusions du rapport de majorité. J'aimerais aussi ajouter, Monsieur le président, qu'il y a deux ou trois ans le peuple genevois s'est prononcé sur une initiative qui demandait de taxer les chiens. Nous trouvons regrettable de revenir sur ce sujet, ce soir, alors que c'est une question qui a déjà été traitée.

M. Christian Bavarel (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, j'ai eu la chance, lors de la législature précédente, de présider la commission de l'environnement et de l'agriculture lorsque nous avions étudié la loi sur les chiens. Effectivement, il est rare que l'on soit aussi intrusif avec une loi et que l'on entre aussi fortement dans l'intimité des gens pour leur dire ce qu'ils ont le droit de faire dans leur famille... (Rires.) Madame la députée Flamand, je vous trouve quelque peu désobligeante ! (Rires.)

Le président. Monsieur le député, je me permets de vous interrompre: vous êtes saboté par votre collègue, là ! (Exclamations.)

M. Christian Bavarel. Monsieur le président, excusez-les ! Chez les Verts, on a eu de la peine à trouver quelqu'un qui aimait vraiment les chiens et qui voulait défendre cette cause. Ce n'est pas une opinion majoritaire au sein de mon parti. Néanmoins, je vais assumer !

Une voix. Mais à quatre pattes ! (Rires. Commentaires.)

M. Christian Bavarel. La difficulté, dans un parti tel que le mien, c'est que, bien évidemment, il y a toujours une certaine dérision et un mauvais esprit qui font que vous voyez ce côté un peu farceur du groupe.

Néanmoins, lorsque vous arrivez chez les gens et que vous voulez légiférer à l'intérieur des maisons, c'est extrêmement difficile. La loi étudiée alors était une loi extrêmement émotionnelle. On a obtenu un compromis difficile, qui demande aux propriétaires de chiens d'assumer des responsabilités. On a dit que celui qui veut avoir un chien aujourd'hui doit suivre des cours, doit payer des impôts et doit assumer diverses responsabilités, pour que les gens qui aiment les chiens comme moi et qui sont raillés par les autres, dans leur propre groupe, puissent continuer à avoir leur chien à la maison.

Je vous en prie, Mesdames et Messieurs les députés, laissez les propriétaires de chiens assumer leurs responsabilités, payer les frais inhérents à la possession d'un chien, et ne demandez pas aux autres, que ça fait rire très fortement, de payer à leur place ! Si nous voulons pouvoir cohabiter à Genève, entre amateurs de chiens et personnes qui détestent les chiens, il faut que les gens... (Commentaires. L'orateur est interpellé.)

Le président. Monsieur le député Cerutti, non, ça ne va pas ! Monsieur le député Cerutti, je vous rappelle à l'ordre. Là, ça ne va pas ! Cette interjection n'était pas opportune ! Poursuivez, Monsieur le député !

M. Christian Bavarel. C'est clair pour nous, nous souhaitons que les personnes qui veulent un chien puissent en avoir un, mais nous souhaitons qu'elles assument clairement et entièrement la responsabilité qui est liée à la possession d'un animal et les coûts engendrés pour la société. Nous pensons donc qu'il est juste que les propriétaires de chiens paient un impôt sur ces chiens et assument les responsabilités autour de ces chiens.

La guerre qu'il y a eu dans ce canton entre les propriétaires de chiens et les personnes qui ne souhaitent pas avoir de chien a assez duré. Nous avons trouvé une solution légale qui permet aux uns et aux autres de vivre de manière harmonieuse. Ne rouvrez pas une brèche sur ce sujet-là, parce que vous allez vous retrouver avec des velléités d'interdictions et des luttes entre les personnes amies des animaux et celles qui trouvent insupportable de devoir payer pour que leurs enfants rentrent du bac à sable crépis de crottes de chiens !

Cette cohabitation est compliquée à Genève; nous devons mettre plus de moyens, certainement proposer des parcs à chiens de plus grande dimension et faire des choses comme il en existe à New York, où il y a des lieux mieux préservés pour les chiens.

Le président. Il vous reste trente secondes, Monsieur le député.

M. Christian Bavarel. Merci, Monsieur le président. Il se trouve qu'à Genève les bacs à sable sont entourés de barrières et que les parcs à chiens sont généralement dans des espaces libres. Il faudrait peut-être que nous imaginions l'inverse: que les chiens soient enfermés et que les enfants puissent être en liberté, de sorte que la cohabitation des uns et des autres puisse se faire. Pour ça, il faut des moyens et l'impôt sert à ça ! (Applaudissements. Exclamations.)

M. Charles Selleger (R). Je pense que personne ne peut ignorer le caractère à la fois populiste et électoraliste de ce projet de loi. On vient de voir le MCG batailler pour la suspension du bouclier fiscal. Là, on touche à peu près mille contribuables au maximum, et même pas mille votes parce que certains de ces contribuables sont étrangers et ne voteront donc pas.

Par contre, en ce qui concerne les chiens, c'est une économie de bouts de chandelle pour les gens qui sont imposés, parce que ça ne coûte pas très cher, l'impôt sur les chiens. Ça coûte en tout cas beaucoup moins que les croquettes qu'ils achètent chaque semaine à la Migros...

Une voix. Ou à la Coop !

M. Charles Selleger. Ou à la Coopérative ! Là, on touche plusieurs dizaines de milliers de propriétaires de chiens. Non, je crois qu'il faut revenir à des arguments sérieux, tels que ceux qui ont été développés avant moi notamment par mon préopinant le député Bavarel, je ne vais pas y revenir. Ce que j'aimerais dire, c'est que notre groupe, on l'a dit lors du débat sur le budget, ne soutiendra aucune hausse fiscale, mais il ne soutiendra pas non plus des baisses fiscales opportunistes, électoralistes et populistes.

M. Stéphane Florey (UDC). En premier lieu, je tiens à rectifier deux ou trois choses qui ont été dites ici et qui sont totalement fausses. Tout d'abord, la question des épizooties: ce n'est pas l'impôt en lui-même qui finance le fonds des épizooties, ce sont les 7 F que vous payez en plus. Et cela, il n'a jamais été question de le supprimer. Deuxièmement, certains ont parlé de la loi sur les chiens. Ce qui est contesté là, ce n'est pas la loi en elle-même, c'est uniquement la part fiscale. Ce sont deux choses totalement différentes, même si certains aspects de la loi sur les chiens sont contestables, comme le fait d'imposer des cours qui coûtent cher, etc. Ce qui est contesté, c'est l'impôt à proprement parler, c'est-à-dire 50 F pour le canton, ou plus, si vous avez le malheur d'habiter une commune qui se sucre les poches au passage. Parce que c'est de l'argent facile, c'est du racket fiscal: en plus des 50 F qu'elle se met dans la poche, elle vous taxe 10 F de frais. Nous l'avions dénoncé, à l'époque, lors du débat sur la fiscalisation des chiens. Nous l'avions dit, ceci est une pure augmentation de l'impôt.

La réalité, c'est qu'effectivement la part communale représente une augmentation d'impôt, parce qu'en plus des 50 F qu'elle vous rackette, la commune vous rackette de 10 F parce qu'elle dit qu'elle a des frais, alors qu'il s'agit de remettre une simple médaille, ce qui prend grosso modo cinq minutes à peine à l'employé communal qui délivre la médaille.

M. Spuhler a entièrement raison, ce qui est négligé ici, c'est l'aspect social de la possession d'un chien.

Le président. Il vous reste trente secondes, Monsieur le député !

M. Stéphane Florey. Le groupe UDC est divisé sur la question, vous l'aurez compris. Une partie votera pour l'abolition et une autre contre. Ce que je veux encore ajouter, c'est que l'aspect social est totalement négligé. Il y a l'aspect fiscal, parce qu'il existe quand même des gens dans ce canton pour qui 100 F restent 100 F, or si ces personnes n'avaient pas de chien, elles ne sortiraient tout simplement plus de chez elles.

Pour ces raisons, une partie du groupe UDC soutiendra l'entrée en matière du projet de loi.

M. Christophe Aumeunier (L). Comme cela a été rappelé, la commission fiscale et notre Grand Conseil ont effectué des travaux extrêmement conséquents qui ont mené à des pesées d'intérêts et finalement à des prises de décisions de manière proportionnée, sachant que les chiens génèrent en effet des coûts de voirie.

Les auteurs du projet de loi souhaitent ce soir recentrer le débat sur la fiscalité. Soit ! La loi de 2011 a été soigneusement étudiée, mais aujourd'hui elle n'est cependant pas correctement appliquée. Elle n'est pas correctement appliquée parce que, au fond, il n'y a pas encore de moyens efficaces pour l'Etat au niveau de la taxation des chiens tel que le veut la loi de 2011. C'est la raison pour laquelle la commission législative, vendredi dernier, a accepté un projet de loi instituant des numéros d'identification des contribuables qui nous permettront de taxer correctement. Ce n'est qu'à la suite de cela que nous saurons quel impact a cette loi. Je pense donc qu'il faut laisser la taxation se faire correctement. Ensuite de quoi nous verrons, puisqu'il est beaucoup trop tôt pour changer une loi qui a été soigneusement étudiée en 2011. C'est la raison pour laquelle le groupe libéral n'entrera pas en considération sur ce projet de loi.

M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, je vais vous citer un exemple. Vous savez que, dans les impôts sur les chiens, il y a la partie cantonale et la partie communale, comme l'a rappelé le député Florey. Eh bien laissez-moi vous dire que, dans la commune d'Onex, que vous connaissez bien - et que je connais très bien aussi, comme vous le savez - nous avons supprimé l'impôt sur les chiens dans sa partie communale. Savez-vous pourquoi ? Eh bien, simplement parce que les coûts d'encaissement étaient supérieurs au produit de la taxe. J'aimerais bien que vous vous posiez la question.

Et vous transmettrez ceci au député Bavarel, Monsieur le président: lorsqu'il s'insurge et prétend que cet impôt est juste, j'aimerais rappeler à ce parlement que, sur les vélos, la vignette a été supprimée. Or nous estimons que, vu qu'ils utilisent les routes, qu'elles soient cantonales ou communales, que ce soit le réseau principal ou le réseau secondaire, les cyclistes devraient être taxés aussi ! Alors si vous utilisiez la même énergie pour mettre des vignettes sur les vélos, peut-être que le MCG pourrait revoir la justesse de la taxe pour les chiens. Aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, il est absolument inadmissible de taxer un animal de compagnie de la manière dont on le fait. Effectivement, cela ressemble à du racket. Monsieur Selleger, vous parliez d'un projet de loi populiste...

Le président. Adressez-vous à moi, Monsieur le député !

M. Eric Stauffer. ...et électoraliste, eh bien laissez-moi vous dire que le MCG envisage sérieusement le lancement d'une initiative populaire cantonale. Rira bien qui rira le dernier, lorsque vous croiserez des propriétaires de chiens, Monsieur Selleger, car aujourd'hui vous les avez juste insultés !

Le président. Monsieur le député, vous vous adressez au président ! Vous avez terminé. La parole est à M. le député Thierry Cerutti, pour deux minutes.

M. Thierry Cerutti (MCG). Merci, Monsieur le président. J'aimerais revenir sur quelques propos tenus dans cette assemblée, notamment par notre camarade socialiste qui nous dit que cet impôt est bon parce qu'il est réinjecté dans les cours canins et dans l'éducation des chiens. C'est faux ! La problématique de cet impôt aujourd'hui, c'est justement que, lorsqu'on paie un impôt, c'est pour obtenir le fruit de cet impôt. Or ce n'est pas le cas avec celui sur les chiens, puisque cet impôt n'est pas réinjecté ou utilisé pour financer des projets en faveur des chiens ou des propriétaires de chiens.

Notre camarade Christian Bavarel nous a dit qu'il fallait assumer ses responsabilités quand on est propriétaire de chien. Il a raison: assumons ! Les propriétaires assument l'achat du chien, qui n'est malheureusement pas donné et représente un coût certain. Il y a les coûts de vétérinaire, les soins. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Je vous rappelle qu'un propriétaire de chien fait marcher l'économie par le biais des produits qu'il achète: nourriture, jouets et autres. Je rappelle aussi que la personne qui possède un chien suit des cours pour devenir propriétaire de chien et que ces cours-là ont un coût. C'est notamment le MCG qui avait demandé à l'époque qu'on responsabilise les propriétaires.

Par rapport à la responsabilité, Monsieur Bavarel, qu'en est-il du cycliste ? En effet, on a fait un apparentement entre le cycliste et le propriétaire de chien. Vous avez dit que l'Etat engage des frais et des responsabilités pour ces chiens. Mais qu'en est-il des cyclistes ? Combien coûtent les cyclistes à la collectivité, avec tous les aménagements qu'on crée pour eux ? Je vous rappelle qu'un cycliste ne passe pas de permis de conduire, ne paie pas d'impôts, ne fait pas marcher l'économie ou très peu, simplement à l'achat de son vélo. (Commentaires.) Et il ne suit pas de cours pour circuler avec son vélo !

Le président. S'il vous plaît, il vous reste vingt secondes.

M. Thierry Cerutti. Oui, vingt secondes ! J'aimerais aussi parler avec notre camarade PLR qui nous dit que c'est populiste, etc. Ses paroles, il en a la responsabilité. Moi je rappelle que le PLR dit toujours qu'on paie trop d'impôts et que trop d'impôt tue l'impôt. Vous avez raison ! Aujourd'hui, on demande de supprimer un impôt qui est totalement démago...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.

M. Thierry Cerutti. ...totalement contreproductif, parce que c'est le seul animal pour lequel le propriétaire paie un impôt à ce jour. Est-ce que le propriétaire d'un cheval paie un impôt ? Est-ce que le propriétaire d'un chat paie un impôt ? Est-ce que les autres propriétaires paient des impôts ?

Le président. Monsieur le député, s'il vous plaît !

M. Thierry Cerutti. La réponse est clairement non ! Les socialistes parlent d'équité fiscale, ils parlent de justice sociale, de justice pour tous...

Le président. S'il vous plaît ! S'il vous plaît !

M. Thierry Cerutti. Aujourd'hui, vous avez l'exemple flagrant que vos combats... (Le micro de l'orateur est coupé. Celui-ci continue à s'exprimer hors micro. Brouhaha. Applaudissements.)

Le président. S'il vous plaît ! Monsieur le député, j'ai été obligé de vous couper parce que, là, vous ne m'avez pas écouté ! (Remarque de M. Thierry Cerutti.) Je passe la parole à M. Christian Bavarel.

M. Christian Bavarel (Ve). Merci, Monsieur le président. J'ai deux annonces à faire. La première, c'est que les Verts étaient contre la suppression de la vignette, qui était une assurance. La deuxième annonce s'adresse à toute la Suisse; que tout le monde le sache, à Genève, les cyclistes ne paient pas d'impôts ! Milliardaires de tous les pays, venez à Genève faire du vélo ! (Commentaires.) Une fois que vous faites du vélo à Genève, vous ne payez plus d'impôts ! (Exclamations. Applaudissements.) C'est quelque chose que j'entends dans ce parlement, les cyclistes ne paient pas d'impôts. Sachez-le et venez tous chez nous: les cyclistes ne paient pas d'impôts ! (Commentaires.) Soyons contents, Genève est un nouveau paradis fiscal, exclusivement pour les cyclistes ! (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole n'étant plus demandée, nous allons voter la prise en considération de ce projet de loi.

Une voix. Vote nominal ! (Commentaires.)

Le président. Etes-vous soutenu ? (Plusieurs mains se lèvent.) Oui, vous l'êtes.

Mis aux voix à l'appel nominal, le projet de loi 11019 est rejeté en premier débat par 59 non contre 24 oui et 1 abstention.

Appel nominal