République et canton de Genève

Grand Conseil

RD 910-A
Rapport de la commission des transports chargée d'étudier le rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur le Plan directeur du réseau routier 2011-2014
Rapport de majorité de Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC)
Rapport de minorité de M. Patrick Lussi (UDC)
R 684-A
Rapport de la commission des transports chargée d'étudier la proposition de résolution du Conseil d'Etat approuvant le plan directeur du réseau routier 2011-2014
Rapport de majorité de Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC)
Rapport de minorité de M. Patrick Lussi (UDC)

Débat

Le président. Nous sommes au point 35 de l'ordre du jour. Mesdames et Messieurs les députés... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...il est 21h16, et nous avons encore à partager une heure trois quarts... J'aimerais vous prier - véritablement ! - de faire un effort ou, concernant celles et ceux qui souhaitent échanger, de sortir de la salle. L'ambiance n'est pas mauvaise, mais le bruit de fond est très désagréable ! Je donne la parole à Mme von Arx-Vernon, rapporteure de majorité.

Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC), rapporteuse de majorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, vous me croirez si je vous dis que nous avons travaillé très sérieusement à la commission des transports... (Commentaires.) Nous avons approfondi - en plusieurs séances - les axes importants, les constats et les problèmes qui ont été identifiés concernant le rapport du Conseil d'Etat sur le plan directeur du réseau routier. Ces problèmes sont les suivants, Mesdames et Messieurs les députés: la hiérarchisation du réseau routier, l'augmentation du trafic routier, la vitesse commerciale des transports publics, le réseau de mobilité douce - peut-être insuffisamment sécurisé pour les utilisateurs - l'accidentologie - notamment au centre-ville - les analyses des bruits et de la qualité de l'air, la nécessité de prendre en compte une traversée du lac et le besoin impératif, pour cela, de soutenir l'élargissement de l'autoroute A1. Nous avons travaillé en plusieurs épisodes, et il y a eu plusieurs versions. (Brouhaha.) A un moment donné, nous avons trouvé extrêmement utile - et cela a été une première - d'avoir l'audition... (Brouhaha.) ...de l'OFROU, l'Office fédéral des routes, et également l'audition des conseillers nationaux genevois aux Chambres fédérales. (Brouhaha.) C'était très intéressant, Monsieur le président, parce que nous avons pu vérifier que nos conseillers nationaux étaient derrière le Conseil d'Etat - étaient tous partis confondus aux côtés du parlement genevois - pour défendre les intérêts de Genève, et nous nous en réjouissons. Alors, là encore, nous avons été confrontés à la tentation de rallumer la guerre des transports - vous savez, c'est quelque chose qui est toujours embusqué. Eh bien non, nous n'allons pas rallumer la guerre des transports ! Et, pour cela, il a fallu trouver des points de ralliement... (Brouhaha.) ...des dénominateurs communs. Je rappelle que nous avons eu la chance d'avoir l'audition de nos conseillers nationaux aux Chambres fédérales, et ils nous ont assuré qu'ils défendraient à Berne ce qui tenait tant à coeur aux citoyens genevois ou aux habitants de Genève, de même qu'à ceux qui peuvent bénéficier de nos infrastructures. Aujourd'hui, nous vous demandons de voter, comme cela a été le cas pour la grande majorité de la commission des transports, le rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil et la proposition de résolution du Conseil d'Etat approuvant le plan directeur du réseau routier 2011-2014. Je vous remercie.

M. Patrick Lussi (UDC), rapporteur de minorité. Mesdames et Messieurs les députés, Mme la rapporteure de majorité - excusez-moi, l'épicène «rapporteuse» ne me convient pas - nous a présenté un panégyrique circonstancié de nos travaux en commission. (Brouhaha.) Notre rapport de minorité n'a pas été annoncé et rédigé pour contester ou remettre en question les détails subalternes décidés dans ce plan directeur du réseau routier; notre opposition appuie ses arguments sur le fondement logique que doit avoir un réseau routier - je nomme la mobilité et l'économie des kilomètres parcourus par les véhicules professionnels et privés. Or, le concept routier présenté impose des parcours de contournement de notre canton pour des déplacements rive gauche vers la rive droite. Illustration: un résident de la commune d'Hermance, pour se rendre à l'aéroport de Genève, empruntera, pour une circulation annoncée sans bouchons, un itinéraire qui lui permettra de rejoindre l'autoroute de contournement - un trajet direct passant par le centre-ville devenant une aventure impossible, vu l'annonce des travaux sur notre pont du Mont-blanc, travaux envisagés pour le passage du tram ! Certains vont affirmer que ce rapport est trompeur, partiel - et partial - en omettant de reconnaître que le concept est étudié et prévu en fonction d'une traversée du lac autoroutière à l'horizon - deux mille... ? J'ai de la peine à mettre des chiffres à la fin de mes mots ! Nous ne sommes pas dupes, et les délais annoncés sont, eux, trompeurs ! L'OFROU s'est particulièrement bien exprimé à ce sujet. Si la date de construction est très indéfinissable, ce n'est pas le propos de ce rapport. Notre minorité a argumenté et demandé, lors des travaux, que le concept général de la circulation des véhicules professionnels et privés... Je pense notamment à ceux dont on est en train d'étudier les particularités ces temps: les taxis. Car si un étranger prend un taxi au Métropole et qu'il doit se taper la douane de Moillesulaz pour aller à l'aéroport, cela me semble quand même quelque chose de pas très correct quant au paiement qu'il aura à effectuer !

Ainsi, nous demandons que ce concept général et privé prévoie également des axes permettant une nouvelle traversée, et je le dis explicitement: urbaine ! Pour ceux qui ne le comprennent pas, cela veut dire pour le réseau secondaire, et non pas quelque chose qui relie les autoroutes pour nous faire un grand contournement du canton de Genève ! Dans ce plan directeur du réseau routier, la mobilité des véhicules sera dangereusement entravée; la saturation actuelle et les bouchons innombrables qui se constatent, même en dehors des heures de pointe, en sont déjà la preuve. Une mobilité décente ne reviendra qu'avec la construction d'une nouvelle traversée urbaine de la rade, comprenant des moyens d'accès fluides, cela à court terme. Ce plan directeur du réseau routier ne le prévoit pas ! Raison pour laquelle notre minorité vous demande de le refuser !

Par contre - Mme le rapporteur de majorité regardera peut-être - je pense qu'il y a une erreur en ce qui concerne la résolution 684-A. Car elle a été amendée, comme vous le savez, et, dans cet amendement, il a été prévu d'accepter la proposition de l'OFROU - du moins l'élargissement. Et pour cela, l'UDC avait voté oui - puisque les conseillers nationaux étaient là. Donc, en ce qui me concerne, je vous demanderai de refuser ce plan directeur, mais d'accepter la résolution 684-A ! Je vous remercie, Monsieur le président.

M. Antoine Bertschy (UDC). Lorsque je siégeais à la commission des transports, il y a quelques années, nous avons traité des précédents plans directeurs. Je me rappelle que la droite demandait à ce qu'on ait enfin un plan directeur de la mobilité unique, et non pas quatre plans directeurs différents. Alors je me demande pourquoi cela ne se réalise pas encore et quel est le but d'avoir quatre plans directeurs différents ! En réalité, quand j'entends ces débats, je le comprends très bien ! Du moment qu'on traite de la mobilité douce, les Verts disent qu'on n'en fait pas assez ! Et, du moment qu'on traite de la mobilité individuelle du réseau routier, ils disent qu'on en fait trop !... Alors qu'on ne fait rien. Mais ça leur permet de critiquer tout le temps ! Nous savons bien quelle est l'étiquette de la présidente du département. Elle défend les mêmes positions que les Verts, donc elle ne va certainement pas faire un plan directeur unique, où l'on peut avoir une vision globale de la mobilité - non, au contraire. Comme ça, on peut continuer à matraquer les automobilistes et faire passer des centaines de millions pour réaliser des pistes cyclables !

Cela étant dit, je vois une comparaison entre ce plan directeur et diverses théories scientifiques fumeuses qu'on a pu avoir un certain temps, c'est-à-dire qu'on part d'un postulat qui est faux, et après on essaie absolument de le justifier. C'est comme quand on veut faire entrer une prise ronde dans une fiche carrée ! Là, on est exactement au même point: on dit qu'il y aura une traversée lacustre en 2030, alors qu'on sait pertinemment qu'elle ne sera pas là en 2030 - c'est dans le rapport de majorité. Les conseillers nationaux les plus optimistes - voire utopistes ! - disent 2050 - les plus réalistes disent 2080. Donc baser un plan directeur en disant qu'il y aura une traversée lacustre en 2030, c'est leurrer les gens ! C'est faux ! Là encore, pourquoi ? Pourquoi ? Avez-vous peur de l'initiative UDC ? Avez-vous peur que le peuple, lorsqu'il aura à se prononcer sur notre initiative, dise, si vous lui promettez une traversée en 2080, qu'il va, avant, voter une petite traversée comme lui propose l'UDC ? Est-ce cela qui vous pose problème ? Pourquoi ne pas dire la vérité aux gens ? La traversée du lac ne sera pas construite avant 2080, au mieux ! Ce sera peut-être pour le XXIIe siècle.

Une voix. Vingt-quatre ! (Commentaires.)

M. Antoine Bertschy. Je vais terminer par un message à mes collègues de la droite: quand les Verts... (Brouhaha.)

Le président. S'il vous plaît, Mesdames et Messieurs !

M. Antoine Bertschy. Quand les Verts approuvent un plan directeur sur le réseau routier, vous devriez vous demander si votre oui est vraiment justifié ! J'ai terminé, Monsieur le président.

M. Alain Meylan (L). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, je crois que le côté intéressant de l'étude de ce plan de la hiérarchie routière sur le canton a été, en définitive, l'audition de l'OFROU, que j'ai demandée en commission. Les gens étaient sceptiques quand je l'ai sollicitée, mais il n'en demeure pas moins que, lors cette audition, on avait cinq conseillers nationaux qui en ont profité pour prendre connaissance des discussions qui avaient lieu à l'OFROU, pour voir ce qui se passait et quels étaient les enjeux politiques autour des projets routiers à Genève. Et je crois que personne dans cette salle - en tout cas pas ceux qui étaient à la commission des transports - ne peut nier que cette audition a été un peu la clé de voûte des discussions ayant eu lieu ensuite, c'est à-dire de savoir si l'on approuvait un équilibre entre une résolution acceptée lors de notre précédente séance sur l'élargissement de l'autoroute de contournement et l'avis de l'OFROU, qui disait très clairement qu'une traversée du lac était probablement nécessaire à terme, mais qu'il fallait d'abord et tout de suite - et quand je dis «tout de suite», c'est l'objectif 2017-2018 ! - un élargissement de l'autoroute de contournement. Donc l'élargissement de cette autoroute donne justement ce qu'on réclame depuis des années, à savoir un moyen de substitution pour les usagers de la route, qui se disent que, s'ils ne peuvent plus passer à tel ou tel endroit, il faut leur donner une possibilité de le faire ailleurs. Et c'est justement sur cette base-là que l'on a dit que si l'OFROU était d'accord sur la théorie de l'élargissement de l'autoroute de contournement, la traversée du lac - même s'il est vrai que l'objectif temporel de cette traversée peut être discuté - n'est pas remise en question. Elle est remise en question parce qu'il faudra la développer, la construire, lui donner une certaine importance afin que Berne puisse l'admettre et l'inclure dans son réseau de routes nationales, notamment aussi par rapport à notre volonté de construire le grand Genève que d'aucuns dans ce parlement désirent et souhaitent. Donc ça fait partie aussi de ces projets d'agglomération qui seront à venir - le deuxième, le troisième, peu importe ! - mais je pense que la traversée du lac, tout comme l'élargissement de l'autoroute de contournement, est primordiale, dans un espace temporel qu'il s'agira effectivement de redéfinir. Et dans ce cadre-là, la hiérarchisation du plan routier, avec le plan de mobilité douce, prend une dimension toute particulière puisqu'elle répond à l'article 160 de notre constitution et à la complémentarité des moyens de transport. Donc avec cela, et avec cet équilibre-là, le PLR se déclare d'accord ! C'est vrai que cette hiérarchisation du réseau routier va probablement poser des problèmes d'arbitrage, elle va probablement aussi poser des problèmes de mécontentement sur certains plans, mais je crois que si on le fait avec bon sens, et - comme je l'ai dit tout à l'heure - de façon à ne pas pénaliser plus que nécessaire certains moyens de transport, on arrivera à trouver des solutions équilibrées et équitables en matière de développement des transports de tous modes dans les années à venir.

Cette hiérarchisation des routes a été modifiée sous forme de résolution, parce qu'au parlement c'est le seul moyen que l'on a, et on a inclus dans les plans directeurs - que ce soit le réseau routier ou la mobilité douce - eh bien, on a inclus ce plan de hiérarchisation qui va définir dans quel cadre certains modes de transport doivent être plus privilégiés que d'autres. Je crois que c'était important qu'on le marque, qu'on le dise, qu'on le définisse, et la commission - sous l'impulsion, d'ailleurs, de mon collègue Zaugg - a accepté...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.

M. Alain Meylan. ...a accepté cette proposition. Donc je vous invite, Mesdames et Messieurs, dans le respect des accords équilibrés que l'on a eus, avec la résolution qui visait à donner un message unanime à Berne - et là je me reporte à M. Broggini qui, effectivement, a fait un effort tout particulier à cet égard - pour dire qu'on veut une autoroute de contournement...

Le président. Monsieur le député, il faut conclure !

M. Alain Meylan. ..adaptée à notre trafic. On va voter la mobilité douce, et on votera ce plan de hiérarchisation - naturellement tout en surveillant son application.

Mme Christina Meissner (UDC). Monsieur le président, vous remercierez mon préopinant. Parce que, grâce à lui, j'ai enfin compris de quoi il s'agissait, tant dans le rapport du Conseil d'Etat que dans la proposition de résolution. Je suis désolée, Mesdames et Messieurs, moi je ne fais pas partie de votre commission et n'ai absolument rien compris à votre rapport ! Mais rien du tout ! (Commentaires.) Vous parlez un langage, pour ceux qui nous écoutent - je ne sais pas s'ils sont encore nombreux à cette heure-ci - complètement incompréhensible ! On parle de quoi, de quand, de combien ? Comment va-t-on faire les choses ? J'ai l'impression que tout le long on essaie de noyer le «bouchon», c'est le cas de le dire ! Alors, avec M. Meylan, enfin j'ai compris qu'effectivement cette hiérarchisation proposait d'abord de réaliser l'élargissement de l'autoroute de contournement et, dans un deuxième temps, la traversée du lac. Merci ! (Rires.) Mais, franchement, essayez d'utiliser un langage un peu moins abscons pour les gens qui nous lisent ou nous écoutent, parce que c'est juste insupportable.

Cela étant, il y a Mobilité 2030 qui essaie de faire cet espèce de «package» où l'on va parler autant de la mobilité douce que de la mobilité du transport individuel. C'est absolument nécessaire d'arriver, à un moment donné, à accepter et à admettre qu'il faut faire une hiérarchisation. Par ailleurs, quand je vois que certaines réponses du Conseil d'Etat disent qu'un banc au bord du lac va déjà coûter trop cher... Je ne sais pas comment on va arriver à faire l'élargissement des tunnels, voire la traversée du lac ! Madame la conseillère d'Etat, cela m'inquiète véritablement beaucoup, et je m'inquiète encore plus quand j'entends vos propres services nous expliquer comment, pour aller plus vite, on va faire une demi-jonction autoroutière...

Le président. Il vous faut conclure, Madame la députée.

Mme Christina Meissner. ...sur Vernier, alors que dans le même temps on va y réaliser l'élargissement des tunnels. Mais combinez les travaux, faites des économies, et peut-être qu'à ce moment-là on pourra commencer à y croire.

M. Florian Gander (MCG). Alors moi je vais essayer d'être translucide... (Rires.) ...puisque, apparemment, les députés n'ont pas compris l'essence même de ce plan directeur cantonal... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Ce n'était peut-être pas le mot à utiliser, mais bon !... S'il vous plaît ! Mesdames et Messieurs les députés, ce texte indique clairement, simplement, comment va être schématisée l'infrastructure routière dans les années à venir. Et là je soutiens totalement mon préopinant, M. le député Lussi, parce que le MCG, en commission, dans un esprit de consensus - étant donné qu'on avait accepté et voté la résolution pour obtenir de l'argent de Berne, pour agrandir l'autoroute et également les tunnels - eh bien, le MCG s'était abstenu, pour essayer d'aller dans le bon sens avec le reste de la commission. Mais ce schéma de réseau routier nous pose un sérieux problème, car à nouveau, malheureusement, chaque fois qu'on parle de réseau routier, de véhicules à mobilité individuelle, eh bien nous sommes prétérités ! Parce qu'il y a un «ayato'» anti-voitures qui règne dans ce parlement et qui fera que, chaque fois qu'on parlera automobiles, on mettra les vélos en priorité, les voitures dans les places de parking, et, chaque fois, nous passerons pour les dindons de la farce ! Alors maintenant le MCG en a marre ! Le MCG vous dit non, ce soir ! Contrairement à la position que nous avons prise en commission, nous refuserons ce rapport, et je vous demande d'en faire autant. Je vous remercie. (Commentaires.)

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme Jacqueline Roiz. (Remarque.) Est-ce qu'on peut ouvrir une fenêtre, peut-être de ce côté ? Il fait très chaud. (Brouhaha.) Madame la députée, vous pouvez vous exprimer.

Mme Jacqueline Roiz (Ve). Merci, Monsieur le président. On ne respire pas très bien, parce qu'il y a des fumeurs de cigare dans les alentours, Monsieur le président.

Des voix. Oh ! (Quelqu'un tousse. Rires. Commentaires. Le président agite la cloche.) C'est une pollution interne ! (Brouhaha.)

Le président. S'il vous plaît ! Mesdames et Messieurs, s'il vous plaît... Madame la députée, poursuivez.

Mme Jacqueline Roiz. Concernant ce plan directeur du réseau routier, oui, en commission c'était une très bonne idée, je le relève, de faire venir les conseillers nationaux et, aussi, d'auditionner l'OFROU. J'ai constaté que, d'un seul coup, le despotisme de la droite est devenu un peu éclairé ! (Commentaires.) Nous sommes arrivés à un accord, à une paix qui était bien agréable, alors que, d'habitude, nous sommes très, très, très polarisés - il y a toujours les anti-voitures, les pro-voitures... dans une ambiance de suspicion incroyable. Et là, soudain, cela s'est un peu calmé, comme si la définition de la mobilité était mieux comprise par les esprits.

Le plan de réseau routier est parti de certains constats très réalistes, dont celui, d'abord, que le réseau primaire devenait plus important que le réseau secondaire. C'est comme si, dans le corps, on avait beaucoup de grandes artères au lieu d'avoir de petites veines pour nourrir les organes... C'est un peu ce qu'il se passe dans le canton. L'idée était donc de hiérarchiser ce réseau et de vraiment mettre de l'ordre entre les réseaux primaires importants, qui vont en fait désengorger le canton, et les réseaux secondaires, qui permettent un trafic un peu plus léger en ville et dans les autres communes.

Par ailleurs, le report modal est également de plus en plus important au fur et à mesure que l'on s'approche du centre, donc c'était aussi l'une des raisons de cette hiérarchisation. Enfin, autre constat, c'est que la vitesse commerciale des transports publics diminue au fur et à mesure qu'on s'approche du centre et n'atteint pas les 18km/h, comme il est inscrit dans la loi.

Ce plan directeur répond très intelligemment à ces constats. Il y a beaucoup de cohérence: il y a une vision stratégique à long terme, par étapes; 44 mesures à court terme, localisées, formalisées sur 8 fiches; 7 mesures à court terme, thématiques, dont l'accompagnement des communes; il y a le domaine de l'accidentologie, domaine aussi très important vers le centre-ville; la régulation et l'interface multimodales; la problématique des transports professionnels; 14 mesures à moyen et long terme, dont la majorité qui est portée par l'Office fédéral des routes.

Pour terminer, il faut également relever la concertation des communes, travail énorme qui demande beaucoup de patience et de nombreux compromis. Et ce sont des compromis qui, je dirai, ne ressemblent pas au consensus qui vient d'être proposé par le groupe MCG, puisque son consensus à lui, «translucide», c'est très souvent l'abstention et, là, carrément le fait de ne pas tenir sa parole et de voter contre ce plan.

M. Eric Stauffer. La voix de la raison !

Mme Jacqueline Roiz. C'est la voix de la déraison ! Ce plan, c'est l'équilibre entre la vitalité économique et la qualité de vie des habitants; c'est l'équilibre entre la mobilité, le stationnement, le bruit, l'air, la sécurité, le transport professionnel; c'est l'équilibre entre la sécurité des déplacements, l'environnement de l'habitat et les besoins de la mobilité ! Voilà, Monsieur le président, c'est pour toutes ces raisons que ce plan directeur des réseaux routiers est une pierre d'achoppement très importante, et je me réjouis qu'elle soit enfin votée aujourd'hui, pour que le canton puisse aller mieux quant à la mobilité.

Le président. Merci, Madame la députée. (Remarque.) Je suis désolé, Monsieur Broggini, il ne vous reste plus rien: votre collègue a tout mangé ! (Exclamations.) La parole est à M. Jacques Jeannerat.

M. Jacques Jeannerat (R). Merci, Monsieur le président. Le 2 octobre dernier, j'ai vécu une journée magnifique. Après dix ans de combat à la commission des transports, nous sommes tombés d'accord et beaucoup d'objets ont été votés à l'unanimité. Même le cycliste Broggini a voté les projets proposés par le département... (Commentaires.) ...mais aussi par la résolution de mon collègue M. Meylan. Et ce jour-là, la gauche, les Verts, ont laissé leur despotisme au vestiaire, c'est à saluer. (Commentaires.) Nous avons voté ce jour-là le plan du réseau routier, le plan de la mobilité douce, la résolution de commission pour l'élargissement de l'autoroute A1 entre l'aéroport et la douane de Bardonnex - c'était magnifique. Malheureusement, huit jours après, un fait nouveau: le Conseil d'Etat met en consultation son projet Mobilité 2030. Nous avions, Madame la conseillère d'Etat, de grands espoirs sur ce projet de stratégie multimodale. Hélas, nous avons été déçus ! Nous avons été déçus parce que sous couvert de mettre fin à la guerre des transports, que je croyais arriver le 2 octobre, eh bien, le 10, j'avais l'impression que le Conseil d'Etat voulait à nouveau sortir la hache de guerre, pour déjà repartir au combat.

Dans votre plan Mobilité 2030 il y a un certain nombre de carences: absence de vision stratégique; absence de programme de financement; absence de phase de projet; absence de prise en compte du possible report de la réalisation de la traversée du lac - vous avez dit tout à l'heure, Monsieur le rapporteur de minorité, qu'on ne sait pas dans combien de temps on va la faire.

Une voix. Il n'y a pas de sous !

M. Jacques Jeannerat. Tout votre projet repose là-dessus mais il n'y a pas de plan B ! Ensuite, non-respect de la nouvelle législation sur la compensation des places de stationnement en ville - c'est un projet sur lequel on s'était mis d'accord - ça a tout d'un coup disparu. Et puis, surtout, la réduction de la capacité du réseau routier de 30% comme seule réponse, ou presque, à l'optimisation des transports publics et de la mobilité douce. Non, vous avez quasiment cassé cette belle journée du 2 octobre, Madame la conseillère d'Etat, et nous sommes très déçus.

Il faut reconnaître qu'il y a quelques points positifs dans votre plan Mobilité 2030, notamment la prise en compte des transports professionnels, je dois le souligner. La volonté de réaliser le contournement autoroutier du canton par la traversée du lac apparaît, mais enfin, encore une fois, il n'y a pas de plan B, si les Chambres fédérales devaient ne pas nous l'accorder. Donc, au fond, peu de choses concrètes.

Et il y a encore plus grave ! Dans l'introduction de ce rapport, en page 1, il est expliqué que la question de la mobilité est traitée comme une manifestation de la crise de la croissance... Mais c'est grave ! Cette vision est pernicieuse, Genève ne connaît pas une crise de la croissance mais doit, au contraire, tout mettre en oeuvre pour gérer cette croissance ! Pour permettre aux Genevois de circuler dans ce canton et faire en sorte que les besoins de mobilité soient résolus, sans répondre à ceux-ci par des grandes intentions qui n'ont souvent pas de plan stratégique et de plan de financement. Alors, animé par cette volonté d'aller de l'avant, Madame la conseillère d'Etat, notre groupe va quand même, ce soir, voter oui - et j'ai répondu à votre consultation pour le plan Mobilité 2030 - mais, s'il vous plaît, il faudra retravailler cette copie. Sinon j'ai bien peur que le 2 octobre, que j'avais salué comme étant une journée magnifique où tout le monde était d'accord à la commission des transports, soit un jour isolé dans ce XXIe siècle.

Mme Loly Bolay (S). Je salue l'attitude, disons, raisonnable, de mon préopinant radical. Mesdames et Messieurs les députés, beaucoup de choses ont été dites, mais j'aimerais rappeler quand même que nous sommes face à un tournant... (Brouhaha.) ...puisqu'aujourd'hui beaucoup de choses changent en terme de mobilité. Et, pour mémoire, les chiffres - qui figurent d'ailleurs dans le rapport de majorité - indiquent qu'il y a 13% de trafic en plus dans le centre urbain, et moins de la moitié - mais quand même 6% de plus - dans la ceinture autoroutière. C'est dire qu'il faut définir des paramètres et intégrer pas mal de choses. On sait qu'à l'horizon 2030 le rôle du réseau primaire sera moins important que celui du réseau secondaire. Alors, Monsieur le président, bien entendu nous allons voter cette résolution et le rapport de majorité, mais j'aimerais quand même dire deux mots sur le rapport de minorité.

L'UDC a lancé l'initiative 152, dont nous allons voter la recevabilité, ou pas, à la commission législative - c'est autre chose. Mais, sur le fond, j'aimerais quand même que vous disiez, Monsieur le rapporteur de minorité, que la traversée de la rade c'est une hérésie ! Et toutes les études l'ont démontré. (Commentaires.) Je veux dire, la traversée de la rade, c'est quelque chose qu'on avait étudié il y a quarante ans... (Commentaires.) ...mais aujourd'hui, dans la situation actuelle, la traversée de la rade c'est totalement une hérésie ! Parce qu'en plus de ça, c'est la traversée du lac qui est une idée pertinente - elle se trouve dans le projet d'agglomération, mais pas la traversée de la rade ! La traversée de la rade, c'est une petite traversée qui va de toute manière faire revenir les voitures en ville, ce qui va encore péjorer la problématique de la mobilité ! Ça a été dit, ça a été démontré par les études. La traversée du lac, dont parlait M. Meylan, est beaucoup plus en amont. Et effectivement l'OFROU a dit qu'il fallait d'abord faire l'élargissement de l'A1, l'autoroute de contournement, pour ensuite prévoir cette traversée après un certain laps de temps, en 2040, 2050. Nous serons tous soit à St-Georges, soit, au mieux, en EMS... (Rires.) ...mais elle sera faite. Oui, Monsieur le président, c'est comme ça ! Mais il faut voir à long terme, pour les jeunes ! La traversée de la rade... Mais s'il vous plaît, l'UDC, mettez-vous au goût du jour ! On est aujourd'hui en 2012...

Des voix. 2013 !

Mme Loly Bolay. ...Pardon: 2013 ! Donc 2013. (Chahut. Applaudissements.) Mais écoutez... revenez sur terre !

Une voix. On y est ! On est en 2013, nous !

Mme Loly Bolay. Oui, d'accord ! Bon, moi j'avais un tout petit peu de retard, c'est tout. Mais très franchement, je dirais que l'UDC a une vision très archaïque de la situation, et donc, naturellement, il ne faut pas voter le rapport de minorité. On parlera de l'initiative 152 et de sa recevabilité le moment venu.

Le président. Merci, Madame la députée. (Remarque.) Revenons sur l'eau ! La parole est à M. Patrick Lussi, rapporteur de minorité, pour vingt-deux secondes, me dit-on.

M. Patrick Lussi (UDC), rapporteur de minorité. Merci, Monsieur le président. Ce n'est pas très sérieux, il y a deux projets et il me semble que je n'ai pas été très long.

Je dirai simplement qu'il est dommage que vous jetiez de la poudre aux yeux des gens, Mesdames et Messieurs ! Ma préopinante n'a rien compris au système de la traversée urbaine et de la traversée autoroutière... Le sujet n'était pas là. Si j'avais su qu'elle m'attaquerait avec une telle virulence, j'aurais choisi d'autres arguments pour la contrer, parce que, malgré ce qu'elle pense, le système est loin d'être archaïque ! C'est une autre pensée, c'est une autre distribution, et ce serait en tout cas la solution pour empêcher les bouchons au quotidien. En effet, que cela plaise ou non à ces gens, ce n'est pas dans trente ans que tout le monde ira à vélo: la population vieillissant, il y aura toujours des véhicules ! Ce que je dirai simplement... (Commentaires.) ... et pour aller vers M. Jeannerat et M. Meylan, c'est quand même que, lors de cette fameuse journée, la résolution 684 a été amendée. Et le texte ne parle que de l'élargissement de la troisième voie autoroutière - on l'a sous les yeux...

Le président. Il faut conclure, Monsieur le rapporteur.

M. Patrick Lussi. ... donc simplement pour dire qu'à ce moment-là le groupe UDC a rejoint la majorité et a accepté cela. Donc je vous le confirme, Monsieur le président. Et je vous demande, Mesdames et Messieurs les députés, d'essayer de ne pas jeter de la poudre aux yeux de nos habitants...

Le président. Il faut conclure vraiment, Monsieur le rapporteur !

M. Patrick Lussi. Oui, je conclus vraiment ! Pas de poudre aux yeux: que les gens réfléchissent également à ce qui se passe ! Il faut refuser ce RD 910-A et accepter la résolution 684-A. Je vous remercie du temps supplémentaire que vous m'avez accordé, Monsieur le président.

Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC), rapporteuse de majorité. Je vous remercie, Monsieur le président, j'ai la chance de bénéficier du temps du groupe démocrate-chrétien. Tout d'abord, permettez-moi de réparer une injustice et de confirmer ce qu'a dit M. Lussi: dans le cadre de l'amendement à la résolution 684, effectivement l'UDC avait voté pour. C'est une erreur de plume, une erreur technique, et je vous prie de bien vouloir m'en excuser. (Remarque.) Voilà ! Donc l'erreur et l'injustice sont réparées.

Maintenant, concernant les divergences autour de la traversée du lac, de la traversée de la rade, dans l'idéal, Monsieur le président, il faudrait les deux ! Une traversée urbaine, une traversée autoroutière...

Des voix. Ah ! Bravo ! (Applaudissements.)

Mme Anne-Marie von Arx-Vernon. Bien sûr, dans l'idéal ! Et vous savez bien que le parti démocrate-chrétien...

Une voix. Anne-Marie, présidente !

Mme Anne-Marie von Arx-Vernon. ...le parti démocrate-chrétien a été pionnier dans le domaine ! Vous ne pourrez pas nous l'enlever ! (Exclamations.) Voilà !

Revenons à ce qui nous occupe ce soir. Pour les personnes qui n'avaient pas suffisamment compris, je tiens à dire que ce plan directeur du réseau routier que nous devons approuver est très clair. Il mentionne la hiérarchisation du réseau routier, l'augmentation des trafics routiers, la vitesse commerciale des transports publics, le réseau de mobilité douce qui doit être plus implémenté, les problèmes liés à l'accidentologie, notamment au centre-ville, les analyses de bruit et la qualité de l'air, la nécessité de prendre en compte une traversée du lac - vous voulez que j'y revienne encore ? non... bon, merci ! - et le besoin impératif, pour cela, de soutenir l'élargissement de l'autoroute A1. Mesdames et Messieurs les députés, dans sa quasi-totalité, la commission des transports a accepté non seulement le rapport du Conseil d'Etat, mais aussi la proposition de résolution - à l'unanimité, moins quelques voix égarées. Donc, Mesdames et Messieurs, nous sommes confrontés à l'avenir de Genève, et à travers ce qui vous est proposé nous pouvons jouer quelque chose d'extrêmement positif...

Le président. Merci...

Mme Anne-Marie von Arx-Vernon. ...et je vous remercie d'adopter ce rapport du Conseil d'Etat et la proposition de résolution.

Le président. Merci, Madame la rapporteure de majorité. La parole est à Mme la conseillère d'Etat Michèle Künzler.

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, il s'agit d'un nouveau point important de la mobilité. Nous avons parlé - certains l'ont évoqué - de Mobilité 2030, qui est, je le rappelle, une proposition du Conseil d'Etat soumise à consultation. Ce n'est donc pas encore un plan adopté par le Conseil d'Etat. Et si nous consultons, c'est aussi pour avoir des suggestions, des idées, parfois différentes, qui peuvent améliorer les choses; les forums qui ont suivi ont d'ailleurs été très intéressants et très fréquentés.

Ce dont nous parlons maintenant, c'est du plan directeur du réseau routier. C'est donc la hiérarchisation du réseau, elle est absolument nécessaire. Actuellement, le réseau dysfonctionne totalement parce que, contrairement à ce qui serait logique, il y a plus de routes prioritaires que de routes secondaires ! C'est un réseau qui ne peut simplement pas fonctionner, puisqu'à chaque carrefour il faut trancher sur les priorités. Il est donc nécessaire d'avoir une clarification de ce réseau. Cette clarification a été faite en concertation avec les communes, de concert avec la commission du déplacement et avec toutes les commissions consultatives, et aussi, bien sûr, en phase avec le plan directeur cantonal. C'est vraiment un projet important qui permettra de mieux gérer la circulation à Genève.

Mais c'est vrai que nous sommes aussi à un tournant, car on arrive au point de rupture. Effectivement... (Commentaires.) ...si tous les quatre ans on a une augmentation de 10% de la mobilité, c'est assez difficile de suivre avec les infrastructures et les autres dispositifs. Toutes les améliorations qui ont été faites ces quatre dernières années sont déjà compensées par l'augmentation de la mobilité. C'est donc pour cela qu'il faut avoir une vision globale, construire les P+R, hiérarchiser, établir des plans de mobilité douce et aussi avoir un réseau de transports publics performant. C'est un tout ! (Commentaires.) Et c'est un tout qui doit être cohérent, c'est ce que nous avons voulu dans Mobilité 2030. Ici c'est uniquement sur le réseau routier que nous avons à nous prononcer, et je vous invite vraiment à suivre cette proposition, puisque ça donne une hiérarchie et, enfin, une possibilité de gérer notre réseau de manière cohérente. Je vous remercie.

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Je vais, Mesdames et Messieurs les députés, vous soumettre ces deux textes. Je rappelle que nous allons tout d'abord nous prononcer sur la résolution, qui vaut approbation du rapport.

Mise aux voix, la résolution 684 est adoptée par 66 oui contre 19 non et 2 abstentions.

Le Grand Conseil approuve donc le plan directeur du réseau routier 2011-2014.

Le Grand Conseil prend acte du rapport de commission RD 910-A.

Résolution 684