République et canton de Genève

Grand Conseil

La séance est ouverte à 17h, sous la présidence de M. Gabriel Barrillier, président.

Assistent à la séance: Mmes et MM. Charles Beer, président du Conseil d'Etat, Pierre-François Unger, François Longchamp, Isabel Rochat et Michèle Künzler, conseillers d'Etat.

Exhortation

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, prenons la résolution de remplir consciencieusement notre mandat et de faire servir nos travaux au bien de la patrie qui nous a confié ses destinées.

Personnes excusées

Le président. Ont fait excuser leur absence à cette séance: MM. David Hiler et Pierre Maudet, conseillers d'Etat, ainsi que Mme et MM. David Amsler, Guillaume Barazzone, Jacques Béné, Fabiano Forte, Philippe Morel et Sylvia Nissim, députés.

Communications de la présidence

Le président. Chers collègues, nous avons décidé en tous les cas de terminer à 18h30... (Exclamations, applaudissements.) ...ce qui vous permettra de vous rendre dans mon bureau, à Petitot, pour chercher le cadeau de Mme Künzler ! (Exclamations, applaudissements.)

Annonces et dépôts

Néant.

E 2038-A
Prestation de serment de Mme BECK Erika, Mme BIRO Elisabeth, M. BOSS Jean-Luc, M. CHAUVIN Jean-Marc, M. DUBUIS Jacques, M. GRESSOT Gilles, M. LIENGME Christian, M. LUKE Eric, Mme MAGNENAT-BARBERAT Dominique Ellen et M. SINDELAR Pierre, élus Juges assesseurs psychiatres au futur Tribunal de protection de l'adulte et de l'enfant
E 2029-A
Prestation de serment de Mme ALBERTI Bérénice, Mme BARRAS-SKUPIENSKI Suzanne, Mme CAMPART Annick, Mme CHRISTINAZ-BERNARDI Alexandra, Mme ESTOPPEY Christine, Mme GRODECKI Caroline, Mme LECHENNE Fanny, Mme LOUVRIER TURDJMANN Anne, M. PETITPIERRE Julian, Mme PIN Marie, M. TOURNIER Vincent, Mme CHANSON Anouk, M. MARTIN Denis, M. PERRET-GENTIL Alain, élus Juges assesseurs au futur Tribunal de protection de l'adulte et de l'enfant, travailleurs sociaux ou autres spécialistes du domaine social

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, l'ordre du jour appelle la prestation de serment de juges assesseurs. Je prie Mme le sautier de les faire entrer et l'assistance de bien vouloir se lever. (Les magistrats entrent dans la salle du Grand Conseil et se tiennent debout, face à l'estrade.)

Mesdames et Messieurs, vous êtes appelés à prêter serment. Je vais vous donner lecture de la formule du serment. Pendant ce temps, vous tiendrez la main droite levée et, lorsque cette lecture sera terminée, à l'appel de votre nom, vous répondrez soit «je le jure», soit «je le promets». Veuillez lever la main droite.

«Je jure ou je promets solennellement:

- d'être fidèle à la République et canton de Genève, comme citoyen et comme juge;

- de rendre la justice à tous également, au pauvre comme au riche, au faible comme au puissant, au Suisse comme à l'étranger;

- de me conformer strictement aux lois;

- de remplir ma charge avec dignité, rigueur, assiduité, diligence et humanité;

- de ne point fléchir dans l'exercice de mes fonctions, ni par intérêt, ni par faiblesse, ni par espérance, ni par crainte, ni par faveur, ni par haine pour l'une ou l'autre des parties;

- de n'écouter, enfin, aucune sollicitation et de ne recevoir, ni directement ni indirectement, aucun présent, aucune faveur, aucune promesse à l'occasion de mes fonctions.»

Ont prêté serment:

M. Jean-Marc Chauvin, élu Juge assesseur psychiatre au futur Tribunal de protection de l'adulte et de l'enfant (entrée en fonction: 1er janvier 2013); les autres élus ont prêté serment précédemment.

Mme Anouk Chanson, M. Denis Martin, M. Alain Perret-Gentil, élus Juges assesseurs au futur Tribunal de protection de l'adulte et de l'enfant, spécialistes du domaine social (entrée en fonction: 1er janvier 2013). Les autres élus ont prêté serment précédemment.

Veuillez baisser la main. Le Grand Conseil prend acte de votre serment et vous souhaite une heureuse carrière. La cérémonie est terminée. Vous pouvez vous retirer. (Applaudissements.) Veuillez vous asseoir.

P 1745-A
Rapport de la commission des transports chargée d'étudier la pétition : Modification de la circulation à la rue Dentand - Problème d'accès à l'ensemble du parc Château-Banquet 2 à 26

Débat

Le président. Nous passons au point 50 de notre ordre du jour, la P 1745-A. Rapporteur de majorité, M. le député Alain Meylan, qui n'est pas là, et rapporteur de minorité, M. le député Roberto Broggini. M. le député Alain Meylan est remplacé par son collègue Antoine Barde... (Commentaires.) ...à qui, s'il le souhaite, je passe la parole.

M. Antoine Barde (L), rapporteur de majorité ad interim. Merci, Monsieur le président. Je vais prendre le rapport de majorité de M. Meylan un peu au pied levé. Nous avons reçu cette pétition d'habitants du parc Château-Banquet, qui sont venus se plaindre de la mise en oeuvre de la circulation autour de leur habitation, où des rues ont été fermées. De ce fait, ils ne peuvent plus accéder à leur logement de la manière la plus rapide qui soit et doivent donc continuellement faire un détour de plus de 15 minutes pour y accéder. Ce détour est inutile à leurs yeux et la commission, après un certain nombre d'auditions... (Brouhaha.) ...a jugé qu'effectivement leur demande était tout à fait légitime et que la ville de Genève et l'Etat n'avaient pas su répondre à leur demande de trouver une solution efficace au problème. Dès lors, nous avons jugé qu'il fallait renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. Je vous remercie.

M. Roberto Broggini (Ve), rapporteur de minorité. Je pense que vous avez tous lu mon rapport avec beaucoup d'attention et constaté que Château-Banquet est l'un des quartiers parmi les mieux desservis par les transports publics, que ce soit par les Mouettes, par le bus numéro 1, par le tram ou par le train de Sécheron, et qu'on ne va pas, pour quelques voitures... D'ailleurs nous ne savons toujours pas les chiffrages, même si dans le rapport il y a un plan sur les parkings, nous ne savons pas quelle est l'utilisation qui en est faite et quel est le taux de rotation, ce qui est fort fâcheux. Ce ne sont pas 250 voitures par jour - je dis ça parce qu'il y a 250 places - mais certainement 100 voitures qui bougent pas jour, et puis ce ne sont pas quinze minutes supplémentaires qu'il faut, comme l'a dit le rapporteur suppléant de majorité, mais ce sont deux ou trois minutes. Comme je le dis le détour est de 250 mètres, donc je ne sais pas comment vous faites pour faire 250 mètres en quinze minutes... (Commentaires.)

Le président. Poursuivez, Monsieur le rapporteur.

M. Roberto Broggini. En plus, il y a des pistes cyclables qui ont été créées tout le long de la rue de Lausanne... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...et qui sont utilisées. Mais nous avons, à Château-Banquet, cette mentalité de la voiture triomphante des années 50 que je connais fort bien. Mon grand-père étant garagiste, j'ai connu M. de Toledo qui avait cette même mentalité. Et Braillard, en construisant cet ensemble en 54, ne pensait pas qu'on allait remettre un tram. Maintenant nous avons un tram, et si nous devons autoriser le tourner à gauche depuis la rue de Lausanne ça veut dire qu'une voiture avec une personne - parce qu'en général c'est ça, c'est une voiture une personne - bloque 388 personnes qui sont dans un tram, donc c'est de l'égoïsme parfait et total. Je vous remercie, Monsieur le président, et je me réserve de reprendre la parole.

M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, que dire quand le rapporteur de minorité vient affirmer que le détour ne prend pas quinze minutes mais deux ou trois minutes de plus. C'est bien la preuve qu'il n'a jamais été à Château-Banquet et n'a jamais essayé de sortir de ce parking en prenant la rue de Lausanne dans un sens quand on veut partir dans l'autre, tout ça parce que des ingénieurs de la direction générale de la mobilité, que nous devrions rebaptiser direction générale de l'immobilité... (Protestations.) Oui, oui bien sûr c'est drôle, mais, vous savez, les citoyens ne sont quand même pas dupes. Vous savez, Mesdames et Messieurs les Verts, avec votre doctrine vous n'embêtez pas seulement les pro-voitures, mais les citoyens normaux qui aimeraient avoir une ville assez fluide alors que vous avez tout fait pour créer des bouchons. Donc il ne faut pas vous plaindre si, aux prochaines élections, tel un iceberg écologique, vous fondez de 17 à 12 députés. Il ne faudra pas venir pleurer chez maman parce que finalement vous n'aurez que le résultat... (Protestations.) ...de votre action pendant vos quatre années de législature. (Commentaires.) Cela étant dit, il n'y a pas des problèmes qu'à Château-Banquet. Il y en a aussi, et nous nous en sommes ouverts, à Onex, bien sûr, enfin à la frontière avec Lancy - pour une fois c'est plutôt sur cette commune, vous transmettrez aux collègues d'Onex. Sur la route de Chancy il y a eu la construction d'un super centre commercial appelé Lancy-centre. Eh bien maintenant, pour accéder au parking souterrain de Lancy-centre depuis Lancy, c'est impossible ! On est obligés d'aller jusqu'à Onex, au feu suivant qui est à peu près à 800 mètres, faire demi-tour pour revenir dans le parking. Alors si on appelle ça de l'écologie... (Brouhaha.) ...moi je pense que je suis pape à Rome, et finalement, mes très chers enfants... (Commentaires.) ... je vais prêcher la bonne parole. Non mais un peu de sérieux, je crois encore une fois... (Le président agite la cloche.) ...qu'il faut vraiment que ce parlement, enfin que la partie doctrinaire de ce parlement - car je sais qu'une majorité a pris conscience des problèmes d'immobilité qu'il y a sur le canton de Genève - fasse son mea culpa, et puisque vous êtes, vous, pour la mobilité qui n'existe pas, eh bien moi je suis le pape et je vous demande, mes enfants, de rentrer dans le rang !

Le président. Merci, Monsieur le député. Revenons à Château-Banquet. M. le député Guillaume Sauty, à qui il reste une minute trente.

M. Guillaume Sauty (MCG). C'est amplement suffisant, Monsieur le président, je vous remercie. Vous transmettrez, Monsieur le président, au rapporteur de minorité, qu'hier le MCG a soutenu un projet, certes pour améliorer la sécurité de nos enfants, mais aussi pour faire économiser trois minutes trente aux cyclistes. Comme quoi, Monsieur Broggini, il faudrait peut-être faire des efforts de votre côté aussi. Cependant, je vous ferai remarquer, très chers collègues, que sur la route de Chêne il y a des trams qui passent, et que pourtant il existe des infrastructures pour pouvoir faire demi-tour et tourner à gauche. Alors il ne faut pas venir dire que c'est impossible sur la rue de Lausanne et qu'on va immobiliser 380 personnes. Monsieur Broggini, prenez un permis voiture, vous verrez, vous n'embêtez pas toujours les trams.

M. Patrick Lussi (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, dans sa dernière phrase, dans une de ses conclusions, le rapporteur de majorité fait le pari que lorsque cette pétition sera traitée devant le Grand Conseil, aucune solution n'aura été trouvée pour les pétitionnaires. Il a eu une intuition prémonitoire, et c'est malheureusement le cas. Cependant, l'Union démocratique du centre soutient le rapport de majorité et demande le renvoi au Conseil d'Etat. Trouver une solution, je suis sûr que ce sera possible, mais, Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le président, ceci est peut-être la première pétition qu'on traite, et il y en a de plus en plus qui arrivent. On a cité d'autres endroits, on peut citer, à la commission des transports, et relayé par M. Cerutti, le problème de Vernier, où tout un quartier est isolé parce que les aménagements à voie unique qu'on avait prévus pour favoriser vos transport publics nuisent tellement aux habitants qu'ils en deviennent excédés. Alors, Monsieur le président, c'est bien là ce que nous, l'Union démocratique du centre, nous retenons de cette pétition: les gens commencent à être exaspérés de ne plus pouvoir sortir de chez eux. On leur propose un premier itinéraire sur lequel il y a ensuite une école; les gens disent alors qu'il y a trop de voitures, on les fait encore passer ailleurs, cela rallonge d'autant leur parcours... C'est cela qui est intolérable. Alors bien sûr les transports publics sont nécessaires, mais doit-on pour autant pénaliser tous les habitants d'un quartier comme Château-Banquet ? Le rapporteur de minorité faisait tout à l'heure l'éloge de ceux qui l'ont fait, eh bien je rappelle aussi que, dans nombre de ces quartiers, ce sont des personnes qui n'ont peut-être plus l'âge ni l'envie d'utiliser des vélos et qui préfèrent avoir leur voiture pour se déplacer. Ayons aussi le respect de cette catégorie de la population, parce que même un vélo électrique, à partir de 70 ans, ce n'est peut-être pas ce que vous avez envie d'utiliser... (Commentaires.) Le groupe l'Union démocratique du centre vous recommande le renvoi au Conseil d'Etat de cette pétition.

M. Christian Bavarel (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, les Verts reconnaissent volontiers que la rue de Lausanne est une catastrophe. C'est l'exemple type du non-choix à la genevoise. Ça ne va ni pour le tram, ni pour les vélos, ni pour les voitures. Nous avons fait un contre-projet typiquement genevois, nous avons voulu mettre d'un côté un tram, surtout pas en site propre, de l'autre des voitures qui se retrouvent coincées par le tram - c'est une évidence, si vous arrivez là vous ne pouvez pas à circuler en voiture, c'est tout à fait vrai - et des cyclistes qui doivent une fois sur deux à faire un voyage derrière les piétons, devant les piétons, au milieu des voitures et sur les rails du tram. On nous dit que c'est une mauvaise solution et c'est vrai, la solution de la rue de Lausanne est une mauvaise solution. Ça marchait encore moins bien avant, quand il n'y avait que des voitures puisque que c'était parfaitement bouché. Je rappelle que dans un tram on met 240 personnes, pour prendre à peu près une moyenne, c'est plus aujourd'hui. 240 personnes, si vous les mettez chacune dans une voiture, ça vous fait un bouchon de 1,2 kilomètre; c'est 1,2 kilomètre de bouchon qui passe chaque fois que vous voyez un tram.

Nos transports publics sont adaptés aux personnes âgées - d'ailleurs j'aurais tendance à vous dire qu'à partir d'un certain âge il vaut mieux être dans un tram qu'au volant d'une voiture pour des questions de sécurité et de transport... (Remarque.) Mais oui, cet endroit ne va pas bien, et il ne va pas bien parce que nous n'avons pas su faire de choix. Si vous allez voir le reste de la Suisse, du côté de Bâle ou de Zurich, des choix clairs ont été faits; on a séparé les flux, ce que nous n'avons pas su faire à Genève. Alors je comprends que les habitants ne soient pas satisfaits à cet endroit-là, je comprends que les chauffeurs de tram, les wattmen, ne le soient pas car c'est un endroit qui est dangereux, et pour les cyclistes ça ne va pas non plus. Donc il faudrait simplement que l'on choisisse ce qu'on met comme mode de transport à cet endroit, car les voitures et les trams qui se retrouvent à cohabiter au même endroit ça ne fonctionne pas, ça en est la preuve, et personne n'est satisfait. Par conséquent nous vous invitons simplement à suivre le rapporteur de minorité. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Antoine Barde, rapporteur remplaçant. Il passe son tour... Non, à la fin. La parole est à Mme la députée Béatrice Hirsch.

Mme Béatrice Hirsch (PDC). Certes, la rue de Lausanne est un problème. Personne n'est content, M. Bavarel l'a rappelé, mais ce n'est pas une raison pour que les habitants soient servis en dernier. A la lecture du rapport de cette pétition, on constate qu'il y a déjà un problème dans les discussions entre la DGM et les autorités de la Ville. La conseillère d'Etat signale qu'elle était favorable aux revendications des pétitionnaires mais que les discussions n'ont pas pu aboutir. Le groupe démocrate-chrétien pense qu'il faut renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat pour qu'on puisse trouver des solutions qui soient convenables pour les habitants.

M. Roger Deneys (S). Mesdames et Messieurs les députés, le souci des habitants qui sont confrontés à un changement de situation est évidemment légitime, c'est toujours difficile de s'habituer à fonctionner autrement. Là, ma foi, je pense qu'il faut avoir un sens des priorités - c'est le cas de le dire d'ailleurs - le tram, et le fait de faire circuler le tram d'abord dans de bonnes conditions, prime sur les conditions peut-être précédemment optimales aux yeux des habitants. D'ailleurs ce ne sont pas qu'aux yeux des habitants ! Peut-être que M. Stauffer, comme d'autres en France, allait chez Mme Bétancourt ou son représentant qui étaient par là, sauf erreur, pour remplir le coffre de sa voiture de valises de billets !

Cela étant, je pense que les habitants font face à un inconvénient dans un cadre qui est quand même préservé. Et quelque part, le fait de devoir accéder à leur logement de façon un peu plus compliquée n'est pas complètement rédhibitoire, leur qualité de vie n'est pas complètement altérée par ce changement. Donc je pense qu'on peut classer cette pétition sans problème, ce n'est pas nécessaire de la renvoyer au Conseil d'Etat parce qu'on ne va quand même pas déplacer le tram pour faire passer ces habitants comme avant, comme ils le souhaitent, ce n'est pas possible.

Mme Christina Meissner (UDC). D'un côté mon préopinant a raison, il se demande si ça vaut la peine de renvoyer le rapport au Conseil d'Etat. C'est vrai qu'on peut avoir certains doutes quand on lit, dans le rapport, qu'aucune solution satisfaisante ne pourra être trouvée. Alors, sur ce plan-là, vous avez raison, on peut douter de la pertinence de renvoyer cet objet au Conseil d'Etat. Mais, d'un autre côté, vous avez aussi dit qu'il fallait faire une pesée des intérêts entre la collectivité, les transports qui profitent au plus grand nombre, et la satisfaction de quelques habitants qui malheureusement se trouvent encore habiter à Genève. Et c'est bien là l'ennui, c'est que j'ai l'impression que tous les quartiers aujourd'hui subissent le problème de la mobilité - ou de l'immobilité - généralisée, qu'il faut faire des choix et que ce ne sont jamais des choix qui vont dans le sens des habitants. Alors on pourrait peut-être penser un peu plus à leurs intérêts, à eux qui ont la nécessité de se déplacer en voiture, pour des questions de santé quelquefois, ou simplement quand ils ont des choses lourdes à porter. Et là, j'ai l'impression que les habitants font vraiment les frais d'une politique qui ne pense qu'aux transports en commun et qui croit que tout le monde est fit et pour toujours !

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. le rapporteur de minorité, Roberto Broggini, pour une minute trente.

M. Roberto Broggini (Ve), rapporteur de minorité. Quand je vois que le défenseur de ces pétitionnaires est M. Halpérin, ancien président de ce Grand Conseil, libéral, qui vient d'être nommé directeur ou président de l'hôpital...

Une voix. Président !

M. Roberto Broggini. Il devrait plutôt s'intéresser à la santé publique, mais ça c'est juste une parenthèse. Et quand on me dit que je suis doctrinaire... (Brouhaha.) ...mais alors les pro-voitures, ils ne sont pas doctrinaires peut-être ?! Parce qu'ils veulent des voitures partout, eux ! (Commentaires.) Et puis quand M. Stauffer dit qu'il est le pape, moi j'espère qu'il est plutôt «soupape» parce que... (Rires.) ...ça fonctionne mieux. Mesdames et Messieurs, pour être très sérieux, nous avons développé une super mobilité dans le quartier, comme je l'ai dit tout à l'heure, avec le tram, avec les Mouettes, avec les bus, avec les CFF, donc il est possible d'envisager d'autres modes de locomotion. Et si c'est 250 mètres à faire en plus en voiture...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le rapporteur.

M. Roberto Broggini. ...on peut très bien le faire et c'est tout à fait raisonnable. Je vous remercie, Monsieur le président, j'ai conclu.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Roger Deneys, à qui il reste deux minutes quarante.

M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je voulais juste signaler à cette noble assemblée que depuis ce matin, 8h, il y a une Bentley avec des plaques monégasques qui est stationnée devant le Grand Conseil... (Commentaires.) ...alors que c'est strictement interdit... (Fort brouhaha.)... de stationner devant le Grand Conseil, et... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...et je trouve que le règlement des problèmes de stationnement est réellement problématique dans cette ville. On voit en tout cas qu'il n'y a pas d'«effet Maudet», à part peut-être le bonnet d'âne, c'est l'effet «baudet», parce que de ne pas régler les problèmes de stationnement, même devant le parlement, ce n'est réellement pas sérieux, et je trouve ça scandaleux. (Brouhaha, applaudissements.)

M. Antoine Barde (L), rapporteur de majorité ad interim. A entendre la minorité s'exprimer, c'est toujours les mêmes litanies: en fait il faudrait contraindre les gens à une mobilité, celle dont vous avez envie, c'est-à-dire à prendre les transports publics, le vélo, et les Mouettes... (Commentaires.) En l'occurrence, vous savez que le vélo et les Mouettes ce n'est pas toujours possible, surtout en hiver. On pourrait aussi tout simplement se poser la question de savoir pourquoi ces gens sortent de chez eux, finalement ! Ils feraient bien de rester à la maison, de ne pas sortir... (Brouhaha.) Et puis ça n'embêterait personne ! (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Ça serait tellement plus simple ! Quand vous parlez de santé publique et que vous attaquez M. Michel Halpérin... (Commentaires.)

Le président. Monsieur le député Stauffer...

M. Antoine Barde. ...au contraire, il y pense ! Plutôt que de polluer pendant quinze minutes pour faire un détour, il veut écourter...

Une voix. Deux minutes, deux minutes !

M. Antoine Barde. Quinze minutes...

Le président. S'il vous plaît, Messieurs les rapporteurs, vous n'allez pas vous prendre de bec !

M. Antoine Barde. Vous savez très bien que la rue du Valais est à chaque fois engorgée et que ça rallonge... (Remarque.) ...ça rallonge... (Commentaires.) S'il vous plaît ! ...ça rallonge le temps de parcours. Du coup, les voitures vont polluer plus, et du coup M. Halpérin, en voulant raccourcir ce temps de parcours, fait vraiment quelque chose pour la santé publique, puisque ça polluera beaucoup moins !

Quant à votre discussion des 250 mètres, je vous rappelle que vous voulez vous-mêmes avoir une piste cyclable sur le pont du Mont-Blanc alors qu'il y en a une autre juste à côté. Donc vous n'avez même pas le courage de faire 350 mètres de plus, justement pour la santé publique, pourtant ça vous ferait du bien ! (Commentaires.)

Qu'apprenons-nous encore de notre rapporteur de minorité ? Qu'on ne sait pas combien il y a de places... Il y a 250 places de parking, et elles sont toutes occupées. C'est vrai, c'est comme ça ! Malheureusement, Monsieur Broggini, on ne peut pas aller contre les faits.

Cela étant, pour conclure - et j'espère que Mme la conseillère d'Etat pourra nous donner cette information - le rapporteur de majorité pose une question: il demande si la réunion avec les pétitionnaires a eu lieu dans le cadre de ce dossier...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le rapporteur !

M. Antoine Barde. Je souhaiterais que l'on puisse avoir cette réponse. Dans tous les cas, je vous demande de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.

Le président. Merci, Monsieur le rapporteur de majorité. Je pensais qu'il n'y aurait plus d'intervenants après les rapporteurs, mais je donne la parole à M. le député Cerutti.

M. Thierry Cerutti (MCG). C'est juste pour rebondir sur un élément qu'il m'a fait plaisir d'entendre de la part du rapporteur de majorité lorsqu'on parle de prendre en considération les intérêts et les revendications de la population. Je rappelle simplement que la commission des transports n'a absolument pas pris en considération ni écouté les revendications de la population de Vernier, notamment Vernier village, qui hurlaient et qui hurlent au scandale, parce qu'ils sont aujourd'hui emprisonnés dans leur village... (Protestations.) ...parce que vous refusez de les entendre... (Brouhaha.) ...et de réouvrir la route de Vernier...

Le président. Voilà, il vous faut conclure.

M. Thierry Cerutti. ...donc c'est intéressant de voir qu'en fonction de qui défend qui, vous avez une écoute et un regard totalement différents et beaucoup plus attentifs.

Le président. Voilà, merci Monsieur le député, la parole est maintenant à Mme la députée...

Une voix. Non non non...

Le président. Non elle a renoncé. Monsieur Eric Stauffer, il reste 15 secondes.

M. Eric Stauffer (MCG). Très très rapidement, Mesdames et Messieurs, c'est la démonstration que selon le député, vous transmettrez à M. Broggini, la vision des Verts c'est «nous avons fait beaucoup de transports publics dans la région, donc la voiture est interdite !» Voilà !

Le président. Voilà, ça y est. Madame la conseillère d'Etat Michèle Künzler... (Brouhaha.) ...vous avez la parole. S'il vous plaît !

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs, dans ces débats j'aurais bien voulu intervenir un peu plus vite ! Parce qu'en fait les gens se sont rencontrés... (Brouhaha.) ...ont trouvé une solution et vont pouvoir modifier la sortie de ce parking et un bout de la rue du Valais. C'est vrai que c'est complexe... (Brouhaha.) ...parce qu'il faut à la fois... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...défendre les intérêts des habitants, mais aussi défendre les intérêts des enfants, pour ne pas qu'on passe devant les écoles, défendre les intérêts des gens qui aimeraient circuler à la rue de Lausanne, défendre les intérêts de ceux qui sont dans le tram... (Brouhaha.) Les choses ne sont pas simples.

Et là, on a réussi à trouver une solution. Peut-être qu'elle créera d'autres ennuis, mais il faut simplement se rendre compte actuellement - et je crois que Michel Ducret a eu avant une très bonne réflexion - de la fragilité immense de notre système. Nous sommes à la merci du moindre incident, un tuyau qui casse, un accident quelque part, un petit accrochage, et toute la circulation est bloquée... On voit bien qu'on arrive aux limites du système actuel. Mais il faudra faire des choix, c'est pour ça que je vous ai proposé Mobilité 2030. Oui c'est ambitieux, oui on en arrive à des propositions qui sont importantes. Mais il faudra faire des choix. Et je rappelle quand même que, pour toutes ces discussions un peu idéologiques qui nous occupent, les choix actuels ont été faits par une majorité, et que Les Verts, malheureusement, ne sont pas du tout majoritaires, qu'ils ne l'ont jamais été pendant toutes ces années ! Toutes ces infrastructures ont été votées largement dans ce parlement, le tram a été voulu, toutes ces infrastructures ont été décidées ici. Et c'est bien ensemble qu'il faut en discuter. Pour cette petite pétition, vous le voyez, des solutions peuvent être trouvées ! Il faut simplement prendre le temps de le faire et se donner le temps de le faire. Et voilà, on aura une solution effective au mois de janvier. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Je vais vous faire voter les conclusions de la majorité de la commission des transports, c'est-à-dire le renvoi de la pétition au Conseil d'Etat.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des transports (renvoi de la pétition 1745 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 50 oui contre 30 non.

P 1803-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Jonction : mort d'un quartier
Rapport de majorité de M. Ivan Slatkine (L)
Rapport de minorité de M. Roberto Broggini (Ve)

Débat

Le président. Point 51. Nous passons de Château-Banquet à la Jonction. Les rapporteurs sont MM. Yvan Slatkine, pour la majorité, et Roberto Broggini pour la minorité. (Applaudissements.) Catégorie II, 30 minutes. Monsieur le rapporteur de majorité vous avez la parole.

M. Ivan Slatkine (L), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, voilà une pétition de plus sur des problèmes de circulation dans les quartiers de la ville de Genève. La commission des pétitions, qui s'est penchée sur cet objet, a pu constater durant ses travaux qu'à chaque audition chacun de ses interlocuteurs faisait correctement son travail, la Ville de Genève expliquant que c'était la DGM, la DGM expliquant que c'était le DCTI - le DCTI de l'époque puisque aujourd'hui le génie civile a été incorporé au DIME - mais enfin, si tous les services donnent l'impression de bien travailler, on se rend compte qu'il n'y a pas de vision globale... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...sur la modification de la circulation dans les quartiers, qu'il n'y a pas de leadership. Et alors qu'on serait en droit d'attendre de la part de la DGM d'avoir ce leadership quant aux mesures de circulation, d'avoir ce leadership au niveau de la coordination des travaux, eh bien on s'aperçoit que ce n'est pas le cas, que chaque service se renvoie le bébé et qu'au final se sont les habitants et les commerçants qui trinquent et qui doivent subir des situations pour le moins compliquées.

En plus, cette pétition nous a permis de creuser un petit peu le problème du bruit dans le canton, puisque l'argument premier de la ville de Genève...

Le président. Monsieur le rapporteur, je m'excuse, il n'y a pas seulement du bruit dans le canton mais il y en a dans cette salle... (Rires.) ...donc je prie ceux qui discutent entre eux de sortir et de discuter ailleurs. Veuillez continuer, Monsieur le rapporteur.

M. Ivan Slatkine. Je reprends, Monsieur le président. Donc comme je vous le disais, la Ville de Genève, et principalement M. Pagani, vient chaque fois à la commission des pétitions quand on traite ce type d'objet pour nous expliquer que les mesures qu'il prend pour réduire le trafic sont liées à celles qu'il doit prendre par rapport aux problèmes de bruit, et que la loi fédérale impose que d'ici 2018 il n'y ait plus de poche de bruit dans la ville. Alors cela nous a permis de demander l'audition de M. Philippe Royer, président de la commission interdépartementale pour le suivi des projets d'assainissement du bruit routier, et qu'est-ce qu'on a pu constater ? Que nous avions voté, voilà dix ans, la loi 8644 qui ouvrait un crédit de 85 millions pour l'assainissement du réseau routier cantonal par rapport à ces mesures antibruit. Et cette loi nous disait que le Conseil d'Etat devait, tous les deux ans, nous rendre rapport des travaux effectués et de l'utilisation du crédit voté. Force est de constater que, dix ans après, le Conseil d'Etat n'a jamais déposé le moindre rapport de suivi de l'utilisation de ce crédit. Alors cela a été ressorti par la CEPP dans son rapport d'évaluation sur la politique de protection contre le bruit dans le canton de Genève, mais il n'empêche que nous sommes toujours dans l'attente du rapport du Conseil d'Etat sur l'utilisation de ces 85 millions...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le rapporteur.

M. Ivan Slatkine. Je conclus, je conclus, et sur un état de situation du bruit dans notre canton. Rien que pour cette raison, nous vous proposons de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, non seulement pour qu'il nous dise qui a le leadership dans les mesures qui sont prises pour les réductions de trafic dans les quartiers en ville de Genève, mais aussi pour qu'il nous présente rapidement le rapport qu'il doit nous soumettre selon la loi que nous avons votée il y a dix ans. Je vous remercie, Monsieur le président.

M. Roberto Broggini (Ve), rapporteur de minorité. Le quartier de la Jonction est soumis à une très forte pollution... (Brouhaha.) ...sonore et aux nuisances de CO2. Nous devons absolument assainir tout cela selon les normes fédérales qui entreront en vigueur d'ici quelques années, autrement on sera punis ! On sera punis par Berne, car ces obligations fédérales doivent être appliquées impérativement. Les habitants de la Jonction se battent depuis des années pour l'assainissement de leur quartier, il convient de respecter cette volonté. Nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer leur sentiment et nous savons très bien que les quartiers qui sont bien desservis par les transports publics ou les autres transports favorisent le commerce. Et que les voitures ne font pas marcher les commerces, comme le disait tout à l'heure notre collègue Mme Gautier qui se prétend être la représentante de tous les commerçants. Cela est totalement faux... (Protestations.) ...parce qu'étant moi-même commerçant, je peux le dire. Donc nous devons instamment - et ça plusieurs me l'ont dit une fois qu'on avait voté la troisième voie de l'autoroute de contournement à l'unanimité de ce conseil - favoriser un centre-ville plus piéton. Plusieurs députés de droite sont venus me voir pour m'assurer de leur soutien dans ce sens-là, alors maintenant, si vous ne faites pas ce geste, je comprendrai que vous ne respectez pas vos engagements.

M. Roger Deneys (S). Très rapidement, une remarque: c'est que le fameux rapport du Conseil d'Etat... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...je me demande s'il n'aurait pas dû être rendu par un ancien conseiller d'Etat libéral qui s'appelle Mark Muller. Mais il l'a peut-être perdu dans les toilettes d'une boîte de nuit l'an dernier... (Vives protestations.)

Le président. Monsieur le député !

M. Roger Deneys. On aura l'occasion d'en reparler. Sinon j'ai bien entendu le rapporteur de majorité pour lequel les commerçants trinquent, mais j'ai envie de vous dire que c'est normal, c'est le point 51 de l'ordre du jour ! (Brouhaha.)

Le président. Bien, la parole est à Mme la députée Mathilde Chaix. J'aimerais bien qu'on l'écoute.

Mme Mathilde Chaix (L). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, de quoi sont venus nous parler les pétitionnaires ? Ils sont venus nous parler de la dégradation ordinaire de la qualité de vie et de la vie économique dans un quartier ordinaire de Genève. Nous assistons en direct à sa mise à mort. Comment est-il mis à mort ? Eh bien à petit feu, sans aucune concertation avec ses habitants. Vous me direz, avec un tel but c'est bien normal. On ferme l'extrémité d'une rue, on installe une zone 30, on réorganise complètement le trafic voiture et bus, on supprime des places de parc en surface et, évidemment, on fait des travaux, beaucoup de travaux, pendant très longtemps. En somme, les ingrédients d'une tragédie que beaucoup de quartiers connaissent à Genève. Et qui y a-t-il derrière tous ces «on» ? Eh bien la Ville, la DGM, le DU et aussi un peu les TPG, bien sûr. Conséquences concrètes: les habitants n'arrivent plus à accéder à leur logement, ils n'arrivent plus à se garer - ils n'ont pas tous les moyens de s'offrir des places de parc dans les parkings actuels et les futurs parkings qu'on leur promet - et les camions de livraison ne peuvent plus livrer, car des places de livraison sont supprimées. Vous me direz, ce n'est pas si grave que ça puisque de toute manière les clients, eux non plus, n'accèdent plus à ces nombreux commerces de proximité. Le chiffre d'affaire des commerçants baisse drastiquement, la circulation, tant piétonne que motorisée, est dangereuse... (Brouhaha.)

Le président. S'il vous plaît, chers collègues, on arrive bientôt au bout, un peu de discipline, serrez les dents ! Je vous remercie. Continuez, Madame.

Mme Mathilde Chaix. Et enfin, autre conséquence, du bruit, encore du bruit, toujours du bruit. En un mot, les commerçants et les habitants n'en peuvent plus. Et quand la commission a commencé à poser des questions, les réponses ont toutes été calquées sur le mode «ce n'est pas moi, c'est l'autre.» La Ville nous a renvoyés à la DGM pour les plans de circulation, la DGM nous a renvoyés au DCTI - ex DCTI - pour les travaux et l'information. Nous n'avons eu droit qu'à des réponses de technocrates bien éloignés de la réalité de la vie, la vie de tous les jours dans nos quartiers, la vie des gens et des commerçants ordinaires. Mesdames et Messieurs les députés, nous voulons des réponses; nous voulons savoir pourquoi il semble n'y avoir aucun capitaine à bord du paquebot de la mobilité. La DGM doit nous expliquer comment elle fonctionne, et pourquoi on en arrive à des situations où, sous prétexte d'améliorer la mobilité globale, des quartiers entiers se meurent. Mesdames et Messieurs les députés, je vous demande donc de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)

M. Jean Romain (R). En commission, nous avons évidemment eu droit, pour parler de cette pétition, à une sorte de technocratie processionnaire... (Rires.) ... qui est venue nous dire: «Ce n'est pas moi, c'est l'autre». Cette pétition, si elle avait été seule, n'aurait peut-être pas eu l'importance qu'elle a. Mais elle fait écho à la motion 2111, que nous avons renvoyée à la commission de l'économie, aux motions 2114, 2122, etc. Au fond, c'est vrai, l'organisation des travaux est problématique à Genève. Et les gens qui sont venus nous parler ne sont pas des revendicateurs ni des quérulents; c'est par exemple un petit commerçant qui vend des spécialités portugaises, et qui dit qu'il ne peut plus vivre dans ce quartier, parce qu'on ne peut plus le livrer comme il faut. Les commerçants ont pâti des travaux du TCOB, eh bien c'est bien normal, mais aujourd'hui, par toute une série de difficultés, ces petits commerçants ne peuvent tout simplement plus vivre, parce qu'ils font les frais d'une volonté sottement anti-voitures. On ne peut plus se garer, on ne peut plus livrer, il faut se garer au diable vauvert et puis ensuite pousser, je ne sais pas, des palettes sur une sorte de charriot qui ne fonctionne pas. Non, je crois qu'aujourd'hui nous devrions permettre à ces petits commerçants d'être livrés dans des conditions normales, et l'invite numéro quatre de cette pétition semble tout à fait pertinente. Je crois que, finalement, pour que nous n'ayons pas de livreurs processionnaires, eh bien il faut leur permettre de se garer à proximité des endroits et des échoppes où ils livrent. C'est pourquoi la fraction radicale du PLR demande de transmettre cela, Monsieur le président, au Conseil d'Etat.

M. Guy Mettan (PDC). Vous aurez constaté qu'en commission le parti démocrate-chrétien s'est abstenu. Finalement au caucus, nous avons décidé, vraiment sans enthousiasme, d'accepter le renvoi au Conseil d'Etat. Pourquoi ? Parce que c'est vrai que dans le quartier de la Jonction il y a des problèmes, que les problèmes qui ont été exprimés à travers cette pétition existent et qu'il vaut la peine qu'on se penche un peu sur la circulation dans ce quartier. Ça, c'est la raison pour laquelle nous avons finalement accepté de renvoyer ce projet au Conseil d'Etat. Mais j'aimerais dire, à l'attention du rapporteur de majorité, M. Ivan Slatkine, qui ne m'écoute pas, et puis aussi à l'attention de M. Jean Romain, qui ne m'écoute pas non plus et qui a souligné l'importance de l'invite numéro quatre, la chose suivante: que dit cette invite ? Elle invite les autorités à compenser toutes les places de parking supprimées et déplacées. Or, ce matin même, Monsieur Slatkine, vous avez demandé le renvoi de l'éco-parking de la Jonction et d'Artamis qui aurait précisément permis de compenser ces places. Vous avez demandé le renvoi en commission. (Remarque.) Donc il faut aussi être logique, là je le dis pour le rapporteur de majorité, on ne peut pas renvoyer un projet le matin et le soir voter une invite qui demande sa réalisation en appuyant fortement sur ce point. Donc finalement, constatant l'ensemble des problèmes, nous voterons le renvoi au Conseil d'Etat, mais en lui demandant d'intégrer ce parking et en demandant au PLR de prendre conscience que cet éco-parking de ce matin fait partie intégrante de la solution au problème à la Jonction, et qu'il faut donc avoir une vision d'ensemble et pas seulement parcellaire si on veut aider les citoyens de ce quartier à vivre mieux.

Mme Catherine Baud (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, le titre de cette pétition c'est «mort d'un quartier». Alors je vous le demande, réaménager un quartier qui était asphyxié par la circulation, augmenter la desserte TPG, permettre aux habitants de se réapproprier leur quartier, est-ce sa mort ? Non, pour moi c'est plutôt sa renaissance. C'est vrai que cela engendre des nuisances, de faire des travaux... C'est vrai que toutes ces mises en place gênent les gens, gênent les habitudes, j'en conviens totalement. Mais fait-on des omelettes sans casser des oeufs ? Alors les Verts comprennent tout à fait que les riverains aient pu éprouver de la lassitude pendant ces travaux, aient eu des difficultés à accéder à leur commerce, c'est une évidence. Pourtant il est vrai que lors des travaux, les gens ont été prévenus des différents problèmes qui allaient intervenir, donc ils avaient aussi la possibilité de s'organiser. Mais ils voulaient avoir les travaux, avoir des avantages et puis en même temps conserver leurs habitudes ce qui n'est pas vraiment tout à fait compatible. (Brouhaha.)

Donc si nous comprenons tout à fait la lassitude des habitants, nous ne pouvons pas accepter que cette pétition soit renvoyée au Conseil d'Etat parce qu'elle est tout simplement caduque. Les travaux sont terminés, les choses sont maintenant rentrées dans l'ordre, donc cette pétition n'a plus raison d'être. Et puis si vous lisez vraiment les invites de cette pétition, ça n'a plus aucun sens, parce que ça voudrait dire refaire des travaux pour tout remettre comme c'était avant, ce qui serait vraiment complètement ridicule. En conséquence, nous demandons de suivre le rapport de minorité et de classer cette pétition, je vous remercie. (Applaudissements.)

M. Mauro Poggia (MCG). J'hésitais à prendre la parole, puisque de toute façon tous ces discours sont vains, le 21 décembre c'est la fin du monde. (Rires.) Mais quand même, essayons d'être optimistes et essayons de faire avancer le problème des Genevois. Mme Künzler doit avoir les oreilles qui sifflent du matin au soir, tant les habitants de cette ville, les usagers de la route, doivent penser à elle constamment. C'est en particulier mon cas; quand je suis au guidon ou au volant, je pense à Mme Künzler.(Commentaires.) Puis ensuite je me dis... (Brouhaha.) ...que je suis injuste parce que finalement elle n'est pas seule responsable de ce qu'on endure. Il y en a d'autres avant elle qui ont commencé l'ouvrage, elle n'a fait que le reprendre - il y en a d'autres qui le feront après sans doute, espérons qu'ils le feront un peu mieux, enfin on y contribuera modestement. Mais, quoi qu'il en soit, Mme Künzler n'est pas seule responsable, il faut le dire. Il faut que les habitants comprennent que ce sont eux qui doivent s'adapter à la ville et pas le contraire. Comme la chaussure doit s'adapter au pied, vous savez avec les chaussures militaires c'était le pied qui devait prendre la forme de la chaussure et pas le contraire. Ici c'est tout à fait ce que l'on vit. Mais j'aimerais bien que Mme Künzler nous rassure: c'est au moins volontaire, ce que vous nous faites vivre ? Ce n'est pas de la négligence ? C'est vraiment une politique que vous avez décidé de mettre en place ? Comme ça on peut l'attaquer, parce que si c'est par hasard, ou si c'est par délégation à des personnes que vous ne contrôlez pas, alors là ça devient inquiétant ! La RATP a déjà fait de Paris un enfer, donc maintenant qu'elle essaie d'en faire un de Genève il faut peut-être dire stop. Je plaisante à peine, je crois qu'aujourd'hui on a atteint un stade de ras le bol général. Pas plus tard qu'il y a une heure j'étais encore sur mon scooter à la rue de l'Athénée, je m'arrête au feu rouge et je vois que le feu d'après devient vert. Je me dis zut ! Ensuite, celui d'après devient rouge... (Rires.) ...et ça devient vert pour moi. Et quand j'arrive au feu suivant je dois évidemment attendre parce qu'il y a les autres qui viennent dans l'autre sens. (Commentaires.) Alors c'est vrai que c'est compliqué parce qu'il y a beaucoup de routes aux carrefours, vous comprenez, il y en a en tout cas deux qui se croisent donc c'est quand même difficile. Il faut des programmes que même les Français, qui nous enseignent tout, n'ont pas encore réussi à maîtriser, car il faut trouver des cycles de feux qui permettent des coïncidences dans les deux sens. Donc il faut quelques décennies pour maîtriser l'instrument. Mais j'aimerais bien qu'on finisse un jour par le maîtriser, parce que nous nous en avons véritablement assez.

Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)

M. Melik Özden (S). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, l'essentiel des invites de la pétition 1803 a été déjà réalisé ou est en train de l'être, sauf une: la compensation en surface des places de parking supprimées ou déplacées, comme cela a été revendiqué par des pétitionnaires lors de leur audition en commission. Cette demande est à la fois absurde, irréalisable et non souhaitable.

Elle est absurde, car cela revient à remettre en cause tous les aménagements qui ont été faits jusqu'ici dans le quartier, en particulier pour la nouvelle ligne de tram Cornavin-Onex-Bernex.

Elle est irréalisable, car, comme chacun le sait, il ne reste presque plus de terrain en Ville de Genève pour construire des logements, encore moins pour des parkings.

Elle n'est pas souhaitable non plus, car la circulation motorisée en Ville de Genève devrait être limitée pour favoriser les transports publics. La nouvelle ligne de tram répond justement à ce besoin. Quand nous disons limitée, nous ne prônons pas l'interdiction. D'ailleurs, la construction des parkings en sous-sol...

Le président. Il vous reste trente secondes, Monsieur le député.

M. Melik Özden. ...prévus sur le site d'Artamis devrait compenser largement les places de parkings supprimées en surface.

Cela dit, il faut reconnaître que la pétition 1803 a des mérites. Elle a permis par exemple, une fois de plus, de constater le manque de coordination entre les services de l'Etat d'une part, et entre ces derniers et la Ville de Genève d'autre part.

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député, je suis désolé.

M. Melik Özden. J'arrive, j'arrive, Monsieur le président. Cette pétition a permis également de constater... (Brouhaha.) ...le manquement du Conseil d'Etat à son devoir d'information envers notre parlement concernant l'application de la loi 8644, à savoir l'évolution des projets d'assainissements du bruit routier, comme souligné par le rapporteur de la majorité.

Pour ces raisons, le groupe socialiste votera en faveur du renvoi de la pétition 1803 au Conseil d'Etat.

M. Pascal Spuhler (MCG). Déjà beaucoup de choses ont été dites sur cette pétition, mais je voudrais quand même relever quelques points.

On a parlé de l'éco-parking; l'éco-parking n'est pas une solution, Mesdames et Messieurs, puisque les pétitionnaires ne parlent pas seulement des places de stationnement pour les habitants mais bien des places de livraison pour les commerçants ! Ce n'est pas dans l'éco-parking que les livraisons vont se faire ! Soyez juste un tout petit peu raisonnables, comparez ce qui est comparable ! Quand on nous dit que les habitants doivent aller à l'éco-parking, soit ! Mais il faut leur donner les moyens ! Parce que les places de stationnement dans les parkings souterrains, ça coûte bonbon ! Et les habitants de la Jonction n'auront pas forcément les moyens de les payer. Donc qu'est-ce qu'ils demandent ? Ils demandent simplement de pouvoir vivre. Le concept qui a été proposé à la Jonction, et qui est maintenant mis en place, a tout bouché. Les habitants ont dû subir la longueur et la nuisance des travaux, avec de la poussière et du bruit, et maintenant les commerçants n'ont plus de clients, les habitants doivent tourner en rond, faire des tours et des détours pour accéder chez eux quand ils sont en voiture. Evidemment ceux qui sont en vélo en profitent bien, on est d'accord, Monsieur Broggini, je vois votre sourire...

Le président. Il faut déjà conclure, je suis désolé.

M. Pascal Spuhler. ...Je vais conclure, Monsieur le président, je vous remercie, je vais conclure. Donc en fin de compte, qu'est-ce que vous voulez avec ce genre de concept ? Une ville morte, il n'y a que les centres commerciaux périphériques qui en profiteront, finalement les brigands et les dealers resteront dans les rues et puis tout le monde sera à sa place !

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député René Desbaillets, pour vingt secondes.

M. René Desbaillets (L). Merci, Monsieur le président, en vingt secondes... Moi je suis complètement déboussolé. Là on a une pétition pour la mort d'un quartier, et à la commission des pétitions on a « trop de vie dans le quartier!» Le problème, c'est que le quartier il est mort la journée mais il vit la nuit entre minuit... (Protestations.) ...et 3h du matin, quand les agents municipaux ont congé. Donc le vrai problème il est là. D'ailleurs, des pétitionnaires nous ont dit que la rue de l'Ecole-de-Médecine était bien plus tranquille et silencieuse quand il y avait les voitures que maintenant, où il y a une quinzaine de bars et qu'on n'arrive pas à maîtriser les gens. Et il y a une petite proposition qui peut être intéressante, ouvrez vos oreilles: on a enterré beaucoup trop vite la passerelle de la rue de la Gravière, parce que si vous prenez le plan, que vous regardez, avec cette passerelle on pourrait entrer dans le quartier de la Jonction du côté d'Aligros...

Le président. Voilà...

M. René Desbaillets. ...ce qui permettrait d'éviter de couper, ce qui est reproché, la ligne du tram qui vient sur le...

Le président. Nous sommes arrivés, Monsieur le député.

M. René Desbaillets. Alors réfléchissez-y et vous verrez que ça ira bien mieux.

Mme Christina Meissner (UDC). Je crois que tout a été dit, simplement j'aimerais revenir... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...sur les paroles des Verts qui ont dit que les travaux étaient terminés et donc que cette pétition pouvait être classée. Au-delà du fait qu'il a été relevé qu'effectivement ce quartier était mort, mort pour les commerçants la journée mais trop vivant la nuit, au-delà de ça, le simple respect de ces habitants qui subissent des nuisances serait de leur donner une réponse, de ne pas juste classer la pétition. Classer la pétition, je suis désolée, c'est un irrespect total des habitants qui attendent qu'on se soucie un tout petit peu de leur sort. Nous sommes le parlement qui est censé s'occuper des Genevois, alors faisons un effort, renvoyons le rapport au Conseil d'Etat.

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. le rapporteur de minorité Roberto Broggini, pour cinquante secondes (Le président prononce «Broghini».)

M. Roberto Broggini (Ve), rapporteur de minorité. Broghini ou Broggini ?

Le président. Broggini, excusez-moi.

M. Roberto Broggini. Ah voilà, c'est ça ! Cinquante secondes. Cette pétition fleure bon le populisme de bas quartier et... (Protestations.) Eh bien oui, il suffit de voir qui l'a initiée, car le quartier ne se meurt absolument pas ! (Protestations.) Le quartier de la Jonction... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...est extrêmement prospère, il y a plein de commerces et il y en a assez, ça je le dis à M. Poggia, il y en a assez de cette volonté populiste de dire que tout un chacun doit pouvoir rentrer avec sa voiture dans son salon. Le Salon de l'auto c'est une fois par année, mais le salon de l'auto ce n'est pas chaque jour chez soi ! Toutes les villes d'Europe ont réussi à changer leur paradigme, justement, tous les centres-villes d'Europe sont extrêmement prospères économiquement... (Remarque.) Oui je voyage beaucoup...

Le président. Poursuivez, Monsieur le rapporteur.

M. Roberto Broggini. Et vous en restez à un paradigme qui est complètement dépassé. Quant à la personne qui a dit que...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le rapporteur.

M. Roberto Broggini. Oui oui je conclus. Quand on dit qu'il faudrait que ce soient les chaussures militaires qui s'adaptent au pied des gens, je suis désolé, Mme la conseillère d'Etat ne peut pas vu qu'elle est femme et que le service militaire ne s'intéresse pas aux femmes ! (Protestations.)

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le rapporteur de majorité Ivan Slatkine, à qui il reste trente secondes.

M. Ivan Slatkine (L), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Alors très rapidement, puisqu'il me reste trente secondes, j'aimerais réagir à certains propos qui ont été tenus et rappeler à M. Deneys - vous transmettrez - que le conseiller d'Etat en charge du DCTI quand on a voté la loi 8644 c'était M. Moutinot, non pas M. Muller, et deux ans après c'était toujours M. Moutinot. Donc voilà, ils sont tous dans le même bateau si vous me permettez l'expression.

Ensuite, pour répondre à M. Mettan - et vous transmettrez également - ce matin le projet Carré Vert a été renvoyé en commission non pas parce qu'on s'oppose à la compensation des places de parking, mais parce qu'on ne va pas accepter n'importe quoi à n'importe quel prix et faire supporter à la Fondation des parkings des coûts qui sont totalement démesurés, tout ça pour subventionner des immeubles qui seraient construits au-dessus. Donc il ne faut pas mélanger les choses, et la vision globale nous l'avons.

Et puis pour conclure, quand j'entends Les Verts nous lancer que c'était une volonté des habitants, que le quartier leur a été rendu - ça a été dit lors de quelques interventions - j'aimerais répondre qu'à la commission des pétitions nous avons actuellement la pétition 1840 et la pétition 1841, dans lesquelles les habitants disent qu'ils sont exaspérés par les nuisances dues aux bars...

Le président. Monsieur le rapporteur on arrive au bout.

M. Ivan Slatkine. Et ils nous ont clairement expliqué que c'était plus agréable avant, quand il n'y avait pas de bars mais plus de voitures. (Remarque.) Donc ça, c'est pour remettre l'église au milieu du village. Mesdames et Messieurs, renvoyons cette pétition au Conseil d'Etat et qu'il vienne nous dire qui a la vision globale des choses et qui a le leadership...

Le président. Merci...

M. Ivan Slatkine. ...quand il s'agit de modifier la circulation dans un quartier.

Le président. Bien, Monsieur le rapporteur, vous avez largement utilisé vos trente secondes. (Commentaires.) Madame la conseillère d'Etat, je vous passe la parole.

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Merci, Monsieur le président. Alors c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai appris que Mauro Poggia pensait toutes les secondes à moi, vu qu'il est tout le temps au volant... (Rires.) ...ça me fait plaisir. Plaisanterie mise à part, effectivement la Jonction a connu énormément de travaux. Des travaux liés au musée d'ethnographie, à la rénovation de la tour RTS - ils ne sont d'ailleurs pas totalement terminés - mais aussi ceux du pont Wilsdorf, du tram, et c'est vrai que cette conjonction de travaux était extrêmement pénible à vivre.

Mais en fait il y a aussi des améliorations. Beaucoup d'habitants de ce quartier pensent que c'est le plus beau quartier du monde, évidemment c'est le leur, ils apprécient d'y habiter et sont d'avis qu'il faut réduire la circulation. D'autres prétendent qu'il y a des problèmes pour se déplacer en voiture. Les gens ne sont pas d'accord. Et c'est pour ça qu'on va organiser un forum; parce qu'il faut trouver un moyen de vivre avec toutes les injonctions contradictoires des parents d'élèves, des habitants qui ont envie d'avoir moins de bruit, de ceux qui veulent avoir plus d'animation et des autres qui aimeraient pouvoir circuler. (Commentaires.) Toutes ces injonctions contradictoires existent à la Jonction. Et si je peux me permettre, Monsieur Slatkine, oui j'ai une vision de la mobilité et je l'ai maintenant exprimée dans Mobilité 2030.

De plus, le Conseil d'Etat a regroupé toute la problématique de la mobilité. Car une partie des problèmes dénoncés là-dedans c'est effectivement qu'il y avait, d'un côté, la conception de la mobilité, de l'autre la construction, et encore, en ce qui concerne les transports publics - et ça ce n'est pas encore résolu - l'action des communes. Chaque jour, on voit des lettres de lecteurs. Je prends l'exemple cette semaine de Confignon, comme ça il y a un magistrat qui pourra entendre: il n'y a pas de banc ni d'abribus à Confignon. (Protestations.) Ce ne sont pas les TPG, ce n'est pas la DGM, c'est la commune. Mais c'est vrai qu'il y eu... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...des problèmes de coordination. Nous essayons de pallier ce problème et d'y remédier maintenant, en ayant cette vision globale, comme vous l'aviez demandé ! Nous avons élaboré tous les plans directeurs sectoriels, nous avons présenté des plans directeurs qui offrent une vision globale. Maintenant il faut que cela se concrétise au sein des quartiers, en adéquation avec les habitants, mais en prenant en compte leur diversité.

Quant à la question du parking... (Brouhaha.) ...non, le parking de Carré Vert ne subventionne pas les habitations. C'est simplement faux. Bien sûr il est déficitaire, comme beaucoup de parkings ! Tous les parkings habitants sont déficitaires. Oui, les parkings habitants ça coûte ! Mais il faut quand même rappeler que la proposition qui a été faite par l'Etat de Genève aux habitants de la Jonction qui se plaignaient de n'avoir pas de parking, c'était de pouvoir garer à David-Dufour. Pour 180 F par mois et deux mois gratuits. C'était vraiment une aubaine ! Eh bien il y a eu 17 personnes. 17. Bon. Ce n'est pas énorme au vu de toutes les demandes, soi-disant, de parking. Il faut simplement, maintenant, se rendre à l'évidence: d'un côté il y a des parkings existants, donc il faut que les gens qui habitent ces quartiers les utilisent. Vous pouvez éventuellement proposer des subventions, moi je ne le ferai pas. Et pour le reste, on doit organiser la circulation de manière totalement intelligente, et c'est ce qu'on fait. Effectivement... (Brouhaha.) ...ça rend les choses difficiles pour certains qui avaient des habitudes, mais il y a vraiment une vision et une stratégie qui se sont améliorées.

Et pour le dernier point qui concerne l'assainissement du bruit routier, Monsieur Slatkine, vous le savez... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...ce rapport qui n'a pas été rendu pendant dix ans je vous l'amènerai au mois de février. Parce que quand je prends les choses en main je le fais sérieusement, contrairement à certains. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Je vais vous faire voter... (Brouhaha.) ...les conclusions du rapport de majorité. S'il vous plaît.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 1803 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 50 oui contre 24 non et 4 abstentions.

P 1817-A
Rapport de la commission des travaux chargée d'étudier la pétition pour préserver l'environnement actuel des chemins de la Praleta et du contour d'Arare
Rapport de majorité de Mme Christiane Favre (L)
Rapport de minorité de M. Miguel Limpo (Ve)

Débat

Le président. Nous arrivons au dernier point... (Exclamations.) ...le point 52. Pétition 1817-A. Rapport de majorité de Mme Christiane Favre, rapport de minorité de M. Miguel Limpo, catégorie II, quarante minutes, ou beaucoup moins si vous le désirez ! La parole est à Mme Christiane Favre.

Mme Christiane Favre (L), rapporteuse de majorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, résumer le contexte de cette pétition revient un peu à raconter une histoire à tiroirs. Elle débute avec l'étude d'un projet de loi concernant la troisième étape de renaturation de l'Aire, lequel prévoit la fermeture du Chemin de Mourlaz. Les magistrats de Bernex et de Confignon, auditionnés à l'époque, disent alors leur crainte de voir la circulation se reporter sur d'autres routes déjà très sollicitées. Le projet de loi est approuvé, mais en contrepartie une motion est déposée afin qu'on étudie une solution de rechange, soit le passage de la circulation sur le pont de la Praleta. La motion est renvoyée au Conseil d'Etat, qui répond. La réponse, jugée insatisfaisante, retourne en commission. Entre-temps, cette pétition d'opposants à la motion parvient au Grand Conseil. Elle est déposée par une association de Confignon, dont les membres craignent une réhabilitation du pont de la Praleta et la circulation qui s'ensuivra sur le chemin dont ils sont riverains. Pétition et motion se retrouvent donc à la commission des travaux, qui les met en perspective. Le rapport du Conseil d'Etat sur la motion est alors gelé dans l'attente du résultat d'études de circulation, et la pétition est traitée. C'est l'objet de ce débat, et la majorité vous recommande de la déposer sur le bureau du Grand Conseil pour trois raisons.

On peut d'abord considérer que lors du traitement parallèle des deux objets, les soucis exprimés dans la pétition ont été entendus tant par l'Etat que par les motionnaires eux-mêmes, lesquels ont d'ailleurs tenu à rectifier leur demande en fonction de certaines remarques des pétitionnaires.

Ensuite, si les communes concernées avaient été unanimes pour demander un itinéraire de remplacement, celle de Confignon a changé d'avis après le dépôt de la pétition. Dans la mesure où cette commune devra préaviser les projets de voirie sur son territoire, on peut donc considérer que les pétitionnaires ont été entendus au niveau communal.

Enfin, il faut revenir sur le fond soit sur la nécessité d'un nouvel itinéraire. Il y a douze ans, lors du concours lancé pour la renaturation de l'Aire, les communes concernées avaient déjà exprimé les mêmes craintes quant à la fermeture du pont de Mourlaz, craintes balayées par le conseiller d'Etat en charge du dossier, Robert Cramer, qui avait lui-même relevé la possibilité d'utiliser, en cas de nécessité, le pont de la Praleta. Aujourd'hui nous y sommes, et la situation est bien plus inquiétante qu'alors. Bernex s'est développé, on attend les Cherpines, et le projet d'agglo va faire exploser la population dans la région. Les pétitionnaires ont été entendus, mais maintenant il faudra trouver des solutions vivables pour tout le monde, à Lully, à Confignon, à Lancy, à Plan-les-Ouates et à Perly... (Commentaires.) ...sans préférence ni discrimination. Voilà pourquoi nous recommandons le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

M. Miguel Limpo (Ve), rapporteur de minorité. Je veux remercier tout d'abord ma collègue Christiane Favre d'avoir fait le topo de cette pétition, ça m'évitera de prendre sur mon temps de parole, c'est déjà ça. (Commentaires.)

Pour commencer, je voudrais dire que même si les pétitionnaires ont été entendus sur certains aspects en commission, il n'en demeure pas moins que la motion 2022, qui avait été votée par la majorité de ce parlement... (Remarque.) ...et non pas par la minorité, mentionnait dans son exposé que ce futur pont de Praleta devait idéalement avoir un gabarit de treize ou quatorze mètres, avec une voie de trois mètres cinquante dans chaque sens afin de permettre d'absorber le trafic privé, poids lourds, et les transports publics. C'est bien évidemment sur ce point que les pétitionnaires s'étaient opposés à cette motion par le biais de leur pétition, car en effet ils ne pouvaient considérer que des poids lourds ou un trafic privé supplémentaire transite par cette région, qui connaît des chemins relativement étroits.

Evidemment, la crainte de la minorité de la commission était également que ce futur pont attire des automobilistes qui quitteraient l'autoroute de contournement. Et cette crainte se justifie en partie si l'on observe les pointages qui ont été donnés - et qui figurent dans le rapport de la commission - qui montrent qu'actuellement le trafic est d'environ 13 000 véhicules par jour. Si on reportait le trafic sur les autres routes, il descendrait à environ 5 800 véhicules par jour. Par contre avec un nouveau pont de la Praleta cela atteindrait à peu près les 11 000, ce qui signifie que plus de véhicules emprunteraient ce pont. Ce serait donc un véritable aspirateur à voitures, puisque les gens quitteraient l'autoroute pour prendre des chemins de campagne et se retrouveraient à Confignon, presque au milieu du village. Ce ne serait donc pas une bonne solution.

Par ailleurs, je signale que l'unanimité de ce parlement a voté l'élargissement de l'autoroute. Dès lors, il serait un peu contradictoire de vouloir à la fois élargir l'autoroute et construire des routes supplémentaires; il nous semble qu'il n'y a pas pire moyen de défendre la circulation motorisée, comme le fait la majorité de ce parlement, que de vouloir utiliser toutes les routes qui peuvent exister sur ce canton au lieu d'insister plutôt sur celles qu'il faut construire ou qu'il faut élargir, telles que l'autoroute de contournement. A force de trop en vouloir sans passer par une vraie réflexion globale vous n'aurez probablement rien, et ce sera vraiment dommage pour le canton.

Je voudrais aussi dire que des mesures complémentaires existent; la non-construction de ce pont de la Praleta pourrait être compensée par une amélioration sur le pont de Lully, ce qui représenterait une déviation de trois à cinq minutes à peu près pour les gens qui passent. On est toujours... (Protestations.) ...on est toujours à peu près sur ce... Apparemment des fois ça dérange quand c'est pour les vélos, mais là ça ne vous pose pas vraiment de problème ! (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Je voudrais aussi dire qu'il y avait des propositions qui étaient moins coûteuses, comme une amélioration des aménagements par le chemin du pont du Centenaire.

Enfin, en dernier argument, il nous semble que de vouloir à la fois renaturer l'Aire et construire un pont à quelques mètres de cette renaturation est contradictoire et n'irait pas du tout dans l'esprit de césure verte qui anime cette plaine de l'Aire magnifique, que tout le monde apprécie...

Le président. Il vous reste trente secondes, Monsieur le rapporteur.

M. Miguel Limpo. ...donc de créer ce pont nous semblerait un peu excessif. Je vais finir en disant qu'évidemment nous sommes pour le renvoi au Conseil d'Etat, son rapport sur la motion qui avait été votée par cette majorité va exactement dans le sens des pétitionnaires. Nous vous proposons donc de renvoyer la pétition au Conseil d'Etat, de la prendre en compte, et aussi de prendre en compte l'opinion des communes concernées, notamment celle de Confignon.

Mme Anne Mahrer (Ve). Prenons un peu de hauteur et essayons de considérer le périmètre plus largement. Souvenons-nous que ce périmètre s'appelle, en gros, les Cherpines-Charottons, que pendant la campagne, si vous vous en souvenez, on nous a vendu ce projet comme un éco-quartier. D'ailleurs, quand on va sur le site du département de l'urbanisme et qu'on lit le plan directeur de quartier tel qu'il a été présenté en août dernier, il y a des promesses très claires; les promesses d'un éco-quartier de 3 000 logements. C'est donc bien dans cette perspective qu'il faut considérer la mobilité d'une manière très large dans cette région, et qu'il s'agit effectivement d'attendre une étude multimodale qui doit nous être présentée au printemps 2013.

Le résultat des votes en commission reflète la mauvaise humeur des auteurs de la motion, qui traitait du même sujet, puisque la réponse du Conseil d'Etat va dans le sens des pétitionnaires et non pas dans celui des motionnaires. La mauvaise humeur peut donc se comprendre. Les Verts attendent en tout cas que l'éco-mobilité mentionnée dans le plan directeur de quartier, au chapitre de la mobilité, ne soit pas seulement une bonne intention mais une réelle volonté. Et comme vous le savez, un plan directeur de quartier lie les communes, en l'occurrence Bernex et Confignon, et le canton, en l'occurrence l'Etat et le Conseil d'Etat, donc Les Verts font confiance à ce dernier pour envisager une mobilité plus largement imaginée dans l'ensemble du périmètre et vous invitent à renvoyer la pétition au Conseil d'Etat.

M. Ivan Slatkine (L). Je crois qu'il faut être très clair; les signataires de la motion n'ont jamais voulu faire passer des poids lourds sur un nouveau pont au chemin de la Praleta; on s'en est expliqué avec les pétitionnaires, ça a été une erreur de plume comme il arrive parfois au Conseil d'Etat d'en faire. Il est entendu que la fonction première de ce pont est de faire passer des transports publics pour relier le futur quartier des Cherpines au village de Confignon, puisque c'est dans la même commune. Mais bon, moi je n'ai pas encore très bien compris la définition pour Les Verts d'un éco-quartier: est-ce que c'est vivre en autarcie complète, sans plus sortir de son quartier parce que comme ça c'est parfait ? C'est un petit peu étrange mais c'est peut-être ça. Ça, c'est le premier point.

Le deuxième point concerne le mépris incroyable qu'ont certains groupes par rapport aux habitants du village de Lully. Parce que, allez, les automobilistes n'ont qu'à passer par Lully, allez bam ! Et puis alors le jour où il y aura des problèmes à Lully et qu'on on prendra une pétition parce qu'il y a trop de trafic, on dira «c'est comme ça, il faut faire avec».

Dernier point, on parle de la renaturation de l'Aire. Mais justement, ça avait été discuté avec M. Wizard quand on examinait le crédit: il nous a expliqué qu'il serait plus rationnel d'effectuer la renaturation et de poursuivre avec ce pont ou de le faire en parallèle, plutôt que de terminer la renaturation puis dans cinq ou dix ans se dire «ha mince il faut construire un pont», et bam, casser la moitié des choses qu'on aura construites, comme on sait si bien le faire dans ce canton. Non, il faut être rationnel, il faut être rigoureux, et nous ce qu'on cherche c'est d'avoir une vision globale des choses, c'est de favoriser les déplacements publics pour les futurs habitants du quartier des Cherpines, et dans ce sens-là, la construction de ce pont a tout son sens. Maintenant il est bien clair qu'il n'y a aucune volonté d'y faire passer des poids lourds; pour les poids lourds il y a une autoroute, elle va être élargie, on est tous d'accord là-dessus... (Remarque.) ...et les poids lourds n'ont rien d'autre à faire que de rester sur l'autoroute de contournement.

M. Guy Mettan (PDC). C'est vrai que c'est un sujet important et que notre parti était divisé en commission, puisque l'un de nos membres a voté pour le renvoi au Conseil d'Etat et l'autre contre. Pourquoi ? Parce que c'est un sujet qui... (Commentaires.) C'est très PDC, mais j'explique pourquoi ! Parce que c'est un sujet difficile. Personnellement, j'ai signé la motion pour construire la route de la Praleta, mais quand on écoute les pétitionnaires il y a aussi lieu de comprendre pourquoi ils ont fait cette pétition. Mon excellent collègue, M. Dal Busco, conseiller administratif de Bernex, est très favorable à cette route, mon autre excellent collègue qui est conseiller administratif de Confignon, M. Dinh Manh Uong, lui est opposé. Mais on peut concilier, parce que le parti démocrate-chrétien, lui, cherche toujours des solutions... (Exclamations.) Donc on peut concilier ces deux points de vue, et la conciliation de ces deux points de vue c'est évidemment d'avoir une vision beaucoup plus générale. Un, prendre en considération le fait que l'autoroute de contournement va être élargie. C'est donc déjà quelque chose qu'il faut avoir en tête au moment où on veut construire une deuxième route; deux, cette route est vraiment indispensable, c'est pourquoi on accepte le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Le nouveau quartier des Cherpines doit bien pouvoir être relié au centre de la commune qu'il habite; mais trois, on n'est pas obligés de faire une semi-autoroute, on n'est pas obligés, comme l'a dit M. Slatkine, d'y faire passer des camions, on peut avoir des aménagements qui font que cette route est une route de liaison et non pas une route de transit. Si on est d'accord sur cet objectif, à ce moment-là on peut réaliser cette infrastructure sans doublonner l'autoroute et sans créer une langue de béton hyperbolique à cet endroit. Voilà pourquoi nous acceptons le dépôt.

Mme Lydia Schneider Hausser (S). Mesdames et Messieurs les députés, la droite est assez étonnante, voire contradictoire, car dans la pétition précédente sur Château-Banquet elle soutenait les habitants, bon, admettons pro-voitures, alors qu'ici les habitants n'ont plus leur légitimité car ils mettent en cause le trafic de transit voitures et camions, mais pas le trafic transports publics. La commission des travaux a auditionné l'office de l'urbanisme et le département de la mobilité, qui nous ont exposé l'étude de flux de mobilité en cours dans ce périmètre relatif à l'arrivée du nouveau quartier des Cherpines et à la renaturation de l'Aire. Du coup, la fameuse motion 2022 n'a plus tellement raison d'être, vu que le processus est en route. Mais elle a été maintenue en commission en attendant le résultat de l'étude. En résumé, tant que les motionnaires PLR, PDC, UDC, MCG, maintiendront leur motion 2022 en commission, la pétition des habitants des Marais a toutes les raisons d'être renvoyée au Conseil d'Etat pour que celui-ci ait toutes les informations sur les forces et tendances en jeu dans ce périmètre. C'est pourquoi le parti socialiste sera favorable au renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat.

M. Pierre Weiss (L). Mesdames et Messieurs les députés, voici un exemple typique de pétition du genre «not in my backyard», pas dans ma cour. On ne veut pas de trafic qui passe près de chez soi, et on ignore le fait qu'une commune a décidé, ou plus exactement qu'il a été décidé par le canton d'agrandir une commune en construisant le quartier des Cherpines, qui appartient en partie à Confignon. Or, il est nécessaire qu'une communication efficace ait lieu entre les deux parties de cette commune.

Par ailleurs, l'idée de faire passer une partie du trafic par le pont de Lully, qui est peut-être sous utilisé, fait que ce trafic passera quand même dans le village de Lully, qui, lui, est habité. Donc en réalité, ce qu'il faudrait pour les pétitionnaires, c'est construire une route de contournement du contournement de Lully, ce qui serait quand même assez paradoxal. Ici il y a un intérêt public, notamment pour les transports publics, à ce que les deux parties de Confignon soient réunies. Confignon est une commune éclatée où habitent notamment des députés de ce Grand Conseil, mais également des gens qui font partie de ma famille, qui n'ont pas nécessairement mon avis - même dans les meilleures familles, vous voyez... - mais il y a un intérêt général à ce que cette commune, qui sera en trois parties, soit enfin réunie, du moins autant que possible. Et de ce point de vue là je crois qu'on ne peut pas mépriser les réalités géographiques. Donc cette pétition doit suivre le sort qui a été proposé par la majorité, en l'occurrence par notre collègue, et être déposée sur le bureau du Grand Conseil.

Le président. Merci, Monsieur le député. Alors, je donne la parole d'abord très brièvement à M. le rapporteur de minorité, à qui il reste quinze secondes, ensuite à Mme le rapporteur de majorité, à qui il reste une minutes dix, et puis ensuite à Mme la conseillère d'Etat. Monsieur Limpo, c'est à vous !

M. Miguel Limpo (Ve), rapporteur de minorité. Très rapidement pour vous dire que j'ai l'impression ce soir que nous avons deux PLR; il y avait le PLR en commission qui n'a pas arrêté de parler de trafic privé, raison pour laquelle nous n'avons que des chiffres sur la circulation qui inquiétaient les habitants, et nous avons le PLR au Grand Conseil, devant les télévisions, qui nous parle des transports publics. Alors je demande à la minorité et à ce parlement de ne pas suivre ces réactions «à la larme à l'oeil» du PLR, qui nous parle de transports publics alors que son intention, avec ce pont, c'est bel et bien de développer le trafic et le trafic de transit à travers cette plaine de l'Aire qui doit être protégée, à notre avis.

Mme Christiane Favre (L), rapporteuse de majorité. Alors je voudrais rassurer mon collègue, je ne vais pas faire pleurer dans les chaumières en parlant des transports publics... (Commentaires.) Voilà, ce n'est pas le genre de la maison. Mais j'aimerais quand même préciser à Mme Mahrer je crois, qu'il ne s'agit pas de construire une route supplémentaire, il s'agit de remplacer une route qu'on ferme dans une région qui est appelée à se peupler; ce n'est pas tout à fait la même chose.

Ensuite, j'aimerais rappeler à M. Limpo, mon éminent collègue d'en face qui doute de la compatibilité d'un pont avec la renaturation, que le pont de Lully a été complètement reconstruit et agrandi dans le cadre des travaux de renaturation, et que c'est un magistrat Vert, Robert Cramer, qui l'a fait, donc pont et renaturation ne font pas forcément mauvais ménage. Voilà, c'est tout ce que je voulais dire.

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Merci, Monsieur le président. (Brouhaha.) Comme on a pu le voir dans ce dernier débat, et je remercie la rapporteure...

Le président. S'il vous plaît, un peu de patience, s'il vous plaît.

Mme Michèle Künzler. ...la rapporteure de majorité pour son résumé, car je crois que c'est un peu le résumé des débats de notre canton. On aimerait que les voitures passent, mais pas devant chez nous, et puis quand même pouvoir parquer la sienne, mais pas celle du voisin, prendre les transports publics et qu'ils nous amènent exactement là où on veut aller... Toutes ces problématiques-là on les a en résumé ici. On a des communes qui ne sont pas d'accord entre elles, des habitants qui ne sont pas d'accord entre eux, même dans la famille de Pierre Weiss ils ne sont pas d'accord ! (Rires.) Je crois que, finalement... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...la seule conclusion qu'on peut avoir, la seule chose sur laquelle on peut se mettre d'accord c'est sur les produits du terroir, donc je vous prie de passer prendre votre cornet traditionnel, et je vous souhaite un joyeux Noël ! (Applaudissements. Exclamations.)

Le président. Alors, je vous fais voter la conclusion de la majorité de la commission, à savoir le dépôt sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des travaux (dépôt de la pétition 1817 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 47 oui contre 31 non.

Le président. J'aimerais vous remercier de votre engagement. Il ne nous reste que 50 points à l'ordre du jour, on en a traité plus de 60 ! La deuxième chose, c'est que je souhaite que la paix de Noël envahisse vos coeurs et vos âmes ! (Exclamations.) Bonne fin d'année, merci ! (Applaudissements.)

La séance est levée à 18h30.