République et canton de Genève

Grand Conseil

R 708
Proposition de résolution de Mmes et MM. Alain Meylan, François Gillet, Antoine Droin, Anne Marie von Arx-Vernon, Antoine Barde, Loly Bolay, Roberto Broggini, Florian Gander, Jacques Jeannerat, Patricia Läser, Patrick Lussi, Jacqueline Roiz, Guillaume Sauty, Daniel Zaugg, Hugo Zbinden du Grand Conseil genevois à l'Assemblée fédérale exerçant le droit d'initiative cantonal demandant l'inscription de l'élargissement de l'autoroute A1 comme projet prioritaire dans le programme d'élimination des goulets d'étranglement du réseau des routes nationales

Débat

Le président. Nous traitons maintenant l'urgence suivante, qui figure au point 44. Cet objet est traité en catégorie II - trois minutes par groupe. La parole est à M. le député Jacques Jeannerat... (Remarque.) Ah, excusez-moi. La parole est à l'auteur de cette proposition de résolution, soit M. Alain Meylan.

M. Alain Meylan (L). Merci, Monsieur le président. Cette proposition de résolution 708, issue des travaux de la commission des transports, peut être qualifiée d'événement pratiquement historique, puisqu'elle scelle en fait une unité et une unanimité sur un projet, celui qui vise à demander à l'Assemblée fédérale d'inscrire l'élargissement de l'autoroute A1 comme projet prioritaire dans le programme d'élimination des goulets d'étranglement du réseau des routes nationales.

Lors des travaux de la commission est apparu, suite à l'audition de l'ensemble de nos conseillers nationaux siégeant à Berne et représentant tous les partis, le besoin de cette unité, de façon à avoir une seule voix, une voix qui porte à Berne et qui vise à résoudre ce problème, lequel est un problème vraiment important et admis... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...par l'Office fédéral des routes, qui reconnaît qu'effectivement il y a un goulet d'étranglement à Genève. Or, dans le cadre des projets fédéraux, on a des moyens financiers pour justement résoudre ces problèmes de goulets dans l'ensemble de la Suisse.

Donc, par cette action vraiment unanime, par cette union sacrée, comme j'aime le dire, non seulement des parlementaires et, je l'espère, de ce Grand Conseil qui suivra sa commission des transports, mais aussi de nos conseillers nationaux et aux Etats à Berne, faisons enfin à Genève ce que savent faire les autres cantons quand il s'agit d'avoir des infrastructures qui leur soient utiles, ainsi qu'à leur région, de façon à assurer un développement économique absolument nécessaire. On voit ces jours et ces mois qu'il est tout à fait primordial de posséder ce genre d'infrastructures, mais aussi de savoir aller chercher au niveau de la Confédération les moyens pour disposer de celles-ci.

Il est donc évident que de ce côté-là, Mesdames et Messieurs, je vous recommande de suivre l'avis de la commission. Cette union sacrée - que je crois être la première à Genève - fera force à Berne, et je me propose, avec nos conseillers nationaux si nécessaire, de me rendre disponible pour représenter la commission et le parlement afin de défendre ce point de vue au Parlement fédéral. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

M. Jacques Jeannerat (R). Les Genevois sont préoccupés par les questions de sécurité, de logement, de formation, d'emploi, mais ils doivent aussi prendre conscience - et bon nombre d'entre eux le font - que la mobilité pourrait bien, à l'avenir, devenir le problème numéro 1. Alors, certes, nous construisons - nous reconstruisons, pardon - un réseau de trams que nous avons malheureusement détruit dans les années 60, mais il faut répondre aux problèmes de mobilité par des mesures à la fois de transport collectif, mais aussi de transport privé. Incontestablement, l'autoroute dite de contournement est actuellement saturée et nous devons impérativement, en même temps que l'on reconstruit le réseau des trams, Monsieur le président, élargir cette autoroute.

Nous devons parler d'une seule voix à Berne. Mesdames et Messieurs, cela fait trente ans que les Zurichois s'appliquent, en prenant les parlementaires de la gauche jusqu'à la droite; ils se tiennent par la main et vont réclamer la manne fédérale. Il faut que l'on fasse la même chose, Mesdames et Messieurs ! Il faut que nous nous mettions d'accord. Je demande ce soir à tous ceux qui sont des réticents de la voiture, et auxquels nous avons apporté notre soutien quand ils l'ont demandé pour construire le réseau de trams, de voter unanimement cette résolution. Nous devons absolument répondre aux besoins de mobilité de façon complémentaire. Il faut que Berne entende que nous avons un avis commun sur le développement de nos infrastructures. Le groupe radical vous recommande donc, Mesdames et Messieurs, de voter tous cette résolution.

Des voix. Bravo !

Mme Loly Bolay (S). Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais rendre hommage ce soir à M. Alain Meylan. (Exclamations. Brouhaha.) Lui rendre hommage, parce que M. Meylan s'est énormément battu... (Le président agite la cloche.) ...dans ce dossier. C'est lui qui a eu l'idée d'auditionner l'OFROU, ce qui fut une audition extrêmement intéressante; même les conseillers nationaux qui étaient présents nous ont dit que eux, à Berne, n'avaient jamais eu une telle audition, aussi intéressante, aussi franche, aussi véritablement pertinente.

Je souhaite lui rendre hommage parce qu'il a également soulevé l'idée, et je l'en remercie, que nos conseillers nationaux à Berne puissent être là pour justement réaliser, comme il l'a dit, une union sacrée, même si moi j'utiliserais plutôt l'adage suivant: «L'union fait la force.» J'aimerais relever que, lorsque je suis arrivée dans cette commission des transports, on m'avait dit: «C'est toujours la guerre dans cette commission, entre la gauche et la droite, c'est toujours la guerre des transports !» Or voilà une résolution qui nous a tous mis d'accord. Bien sûr, il a fallu négocier, Monsieur le président ! Bien sûr, les Verts ont un petit peu traîné, n'est-ce pas ? Et on a tout fait pour qu'ils soient tous convaincus: «On attend encore une semaine, encore quinze jours...» Mais l'important est là. Et, voyez-vous, faire signer aux Verts une résolution dans laquelle on demande d'élargir... (Brouhaha.)

Le président. Madame la députée, j'aimerais juste demander à plusieurs députés au fond à droite qui entourent le conseiller d'Etat de bien vouloir aller discuter dans la salle Nicolas-Bogueret, merci. Vous pouvez continuer, Madame.

Mme Loly Bolay. Alors de quoi s'agit-il ? Mes préopinants l'ont dit tout à l'heure, il s'agit de se servir de la BAU - la bande d'arrêt d'urgence - qu'on appelle, vous le savez, la «voie du pauvre». Eh oui, la voie du pauvre, parce qu'on n'élargit pas plus, mais on l'utilise justement dans les moments où il y a une énorme circulation, aux heures de pointe. Cela inclura, sur l'autoroute A1, le tronçon entre le Vengeron et l'Aéroport international de Genève. C'est une très bonne chose, parce que l'expérience qui a été faite entre Morges et Ecublens démontre la pertinence de l'utiliser, dans la mesure où, avant, il y avait cette circulation qui arrivait aux heures de pointe, avec inévitablement les accidents, Monsieur le président, les ralentissements, les bouchons...

Le président. Il vous reste trente secondes pour la mobilité.

Mme Loly Bolay. Or on a vu qu'avec cette voie du pauvre, on est arrivé à diminuer le nombre d'accidents de 25 à 30%. J'aimerais donc véritablement saluer cette volonté de montrer à Berne que, pour une fois, à Genève, nous sommes tous unis derrière nos représentants à Berne, et j'encourage mon groupe à nous suivre en votant cette résolution. (Applaudissements.)

M. Guillaume Sauty (MCG). Il est vrai, et mes préopinants l'ont tous rappelé, que c'est historique; moi-même, c'est la première fois que je vois autant d'unanimité au sein de cette commission qui est parfois houleuse, dira-t-on.

Effectivement, il est important d'avoir cette unanimité pour soulever et récupérer tous ces crédits à Berne qui sont disponibles et que les autres cantons ont trop souvent peut-être pris, au détriment de Genève. Voilà enfin un projet concret qui changera le quotidien des Genevois et de tous les utilisateurs de la route, et je remercie les Verts d'avoir fait ce pas dans cette direction parce que, malgré tout, ce n'est pas une autoroute qui est utilisée uniquement par les Genevois, c'est une autoroute de contournement, de transition, un axe majeur qu'il faut absolument élargir grâce à ces crédits pour les goulets d'étranglement. Je ne m'éterniserai pas, Monsieur le président, et je vous remercie, Mesdames et Messieurs les députés, de voter cette résolution.

M. Hugo Zbinden (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, ce n'est pas tous les jours que les Verts signent une résolution qui demande l'élargissement d'une route. (Rires.) Mais je peux vous rassurer tout de suite, ce n'est pas parce que l'on croit qu'élargir les routes et construire des routes supplémentaires est une solution aux problèmes de circulation que l'on a à Genève. Nous avons signé cette résolution pour trois raisons; je garderai une raison pour moi, mais je vous dirai les deux autres. (Rires.)

Une voix. Il y en a quatre !

M. Hugo Zbinden. Je commence par la première raison. Les Verts sont sensibles à la solidarité, vous le savez, n'est-ce pas ? Et effectivement, je pense que si l'on veut faire entendre la voix de Genève, il faut être unis pour obtenir de l'argent à Berne. C'est vrai pour le train, cela va être vrai pour l'extension de la gare Cornavin et c'est aussi vrai si l'on veut élargir une route. C'est donc pour cette raison que l'on s'est dit que, même si nous sommes minoritaires en quelque sorte là-dedans, nous signerions ce texte par solidarité.

Il y a une deuxième raison, c'est que l'on peut espérer que cet élargissement de l'autoroute ne se fera pas sans mesures de compensation. Pour ce motif, nous avons demandé que l'on ajoute des considérants dans l'exposé. On a notamment inscrit ceci:

«[...] considérant:

- la nécessité de diminuer le trafic individuel motorisé en zone urbaine;

- la volonté de tous les partis d'améliorer la qualité de vie des habitants en diminuant la pollution atmosphérique et sonore due au trafic motorisé [...];

- la nécessité d'optimiser la hiérarchie du réseau routier [...]» Nous allons donc vous rappeler, à un moment donné, ces considérants.

Une voix. Pas de problème !

M. Hugo Zbinden. On a également dit en commission - et c'est aussi dans l'exposé des motifs - qu'en même temps que l'on vote cette résolution, on vote aussi le plan directeur des routes et le plan directeur de la mobilité douce. Et justement, dans ce plan directeur des routes, on accentue la hiérarchie des routes. Cela devrait donc nous permettre justement, si l'on a ce contournement...

Le président. Il vous reste trente secondes, Monsieur le député.

M. Hugo Zbinden. ...de forcer le trafic à passer davantage sur ce contournement et d'avoir ainsi moins de circulation en ville. Quant à la mobilité douce, on devrait également pouvoir la développer davantage.

Juste un petit bémol: vous avez parlé de cette «union sacrée». Cette union sacrée comprendrait aussi que l'on vote les plans directeurs dont je viens de parler. Mais malheureusement, sur vos bancs, il y a déjà deux groupes qui ont déposé des rapports de minorité contre ces plans directeurs.

Le président. Voilà, Monsieur le député. Vous arrivez au bout.

M. Hugo Zbinden. Donc ce n'est pas ce qu'on appelle une union ! Quant à nous les Verts, nous allons tenir notre parole, mais on verra bien comment cela se passe par la suite. (Applaudissements.)

Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le président, je crois que vous serez très attentifs à ce que je vais dire. (Exclamations.) Pour le parti démocrate-chrétien, cette résolution devrait s'appeler «calumet de la paix», parce que, indépendamment de tous les aspects techniques qui ont été admirablement décrits par mes préopinants, il y a deux éléments qu'il faut mettre en exergue, Monsieur le président. C'est d'abord un signal très fort que nous sommes derrière notre Conseil d'Etat ! Nous sommes derrière notre Conseil d'Etat, nous les députés, nous le parlement genevois, pour que nous soyons extrêmement clairs et forts à Berne. En cela, nous avons réussi quelque chose de quand même assez rare et que nous devons relever, car cela constitue une notion à laquelle nous tenons beaucoup au parti démocrate-chrétien: c'est lorsqu'il y a l'unanimité et que tous les partis sont d'accord de faire des concessions et des adaptations - cela a aussi été relevé par les Verts - que, vraiment, l'on se met au service de l'intérêt général.

Cela, Monsieur le président, c'est quelque chose à marquer d'une pierre blanche ! Alors on ne peut que souhaiter que cela se reproduise souvent, et aujourd'hui c'est vraiment avec enthousiasme et plaisir que le parti démocrate-chrétien soutiendra le renvoi de cette résolution à Berne.

Le président. Merci, Madame la députée. Je ne fume pas la pipe, mais je suis prêt à fumer un calumet de la paix ! (Exclamations.) La parole est à M. le député Philippe Morel.

M. Philippe Morel (PDC). Merci, Monsieur le président. Ce soir, le PDC, comme les autres partis de ce parlement, pourrait s'appeler le «Parti De la Circulation». (Rires. Exclamations. Quelques applaudissements.) Et la «Genferei» deviendra à Berne la «genevoiserie», parce qu'elle est positive. Oui, nous sommes pour développer la mobilité douce, oui, nous sommes pour le transport en commun et les vélos, mais pour qu'ils puissent circuler tranquillement, il faut que les voitures aient de la place à l'extérieur de la ville, sur cette autoroute A1.

Nous sommes donc enchantés que cette excellente résolution fasse l'unanimité de ce parlement et nous la soutenons avec vigueur, que ce soit à vélo, à pied, en tram ou en voiture. (Applaudissements.)

M. Patrick Lussi (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, je crois que l'auteur de cette proposition de résolution, M. Meylan, a très bien condensé l'essentiel, soit la nécessité que nous avons de tous soutenir cette résolution. Rappelons quand même que lorsque l'OFROU est venu - cela n'a peut-être pas été dit - il y avait près de quarante projets qu'ils ont étudiés et qu'ils nous ont présentés, donc quarante possibilités qui étaient offertes. Chacune a été éliminée l'une après l'autre. Il faut tout de même rappeler que nous sommes dans le cadre des routes nationales, que Berne a son mot à dire et que si Berne trouve, pour nous donner cette fameuse manne des subventions, que pour réduire les goulets d'étranglement il faut construire cette troisième voie autoroutière sur l'actuelle autoroute de contournement - parce que n'oublions pas qu'une variante de deuxième autoroute avait aussi été étudiée et présentée - eh bien, Mesdames et Messieurs les députés, c'est peut-être l'union sacrée, et souhaitons qu'en matière de transports cette union sacrée perdure et ne devienne pas, comme le disent certains pour se gausser, une «sacrée union» ! En conclusion, je vous encourage à voter unanimement cette résolution.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est pour dix secondes à M. le député Roger Deneys.

M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. Pour vérifier cette union sacrée, je demande le vote nominal. (Exclamations.)

Le président. Est-ce que vous êtes suivi ? (Plusieurs mains se lèvent.) Oui, magnifique. La parole est à Mme la conseillère d'Etat Michèle Künzler.

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, c'est vrai qu'il est assez rare, notamment sur les questions de mobilité, de trouver une telle unanimité. Nous l'avons souligné, le Conseil d'Etat a déposé le projet «Mobilités 2030» qui brosse le tableau de tous les types de mobilité et qui est aussi évoqué dans cette proposition de résolution. Il faut maintenant voir ce que nous pouvons améliorer à Genève, notamment les grandes infrastructures financées par la Confédération. Nous avons déjà fait une première union sur l'extension de la gare Cornavin et c'est une bonne chose.

Pour la mobilité des voitures, il s'agit d'augmenter maintenant les capacités de l'autoroute de contournement. Et c'est là que cela se joue. Pour les questions qui ont été évoquées de traversée du lac ou de la rade, c'est un préalable ! Et je crois que tous les commissaires l'ont bien compris.

Avec mon collègue François Longchamp, nous sommes allés la semaine dernière déjà voir Doris Leuthard et lui dire: «Oui, le Grand Conseil genevois est d'accord.» Et vous allez le confirmer aujourd'hui sur deux points, nous nous sommes enfin mis d'accord ! Nous avons présenté «Mobilités 2030» ainsi que l'agrandissement de la gare Cornavin, nous avons demandé l'extension de l'autoroute de contournement et dit que nous ne varierions plus sur ces deux projets. C'est cela que l'on demande, et rien d'autre, à la Confédération. Il faut maintenant que nous ayons à Genève le courage, et surtout la lucidité - je crois que c'est cela qui est important et qui nous a manqué si longtemps - de ne pas proposer des projets qui ne conviennent pas à la Confédération, mais de regarder ce que la Confédération pose comme questions et de répondre à la bonne question.

C'est cela qui est important, et ce que je me suis engagée à faire, c'est de répondre à la question de l'extension ferroviaire, qui est une question nationale. Et je peux vous annoncer que la commission a voté, et même le Conseil des Etats est entré en matière ce matin sur le projet FAIF pour le ferroviaire, donc c'est une très bonne nouvelle. On espère que cela continuera au National.

Pour l'autoroute de contournement, nous aurons la réponse l'année prochaine, mais je crois que c'est sur une bonne voie. Je vous remercie de voter à l'unanimité ce projet, mais - comme on l'a souligné - d'entrer aussi en matière sur les autres projets de plans directeurs qui forment un tout. Nous devons maintenant avoir cette vision à long terme avec tous ces éléments... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...que ce soit la mobilité douce, les transports publics, le ferroviaire ou les transports individuels motorisés. Ce n'est que dans cet ensemble que nous pourrons nous en sortir. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Nous allons maintenant nous prononcer sur la proposition de résolution 708.

Mise aux voix à l'appel nominal, la résolution 708 est adoptée et renvoyée à l'Assemblée fédérale par 86 oui (unanimité des votants). (Applaudissements à l'annonce du résultat.)

Le président. Nous pouvons sortir notre calumet !

Résolution 708 Appel nominal