République et canton de Genève

Grand Conseil

R 701
Proposition de résolution de Mmes et MM. Anne Emery-Torracinta, Emilie Flamand, Roger Deneys, Sophie Forster Carbonnier, Olivier Norer, Brigitte Schneider-Bidaux, Mathilde Captyn, François Lefort, Jean-Louis Fazio, Esther Hartmann, Lydia Schneider Hausser, Christian Dandrès, Irène Buche, Miguel Limpo, Marie Salima Moyard, Melik Özden : Merck Serono : soutenons les solutions des employé-e-s
M 2089
Proposition de motion de Mmes et MM. Christina Meissner, Patrick Lussi, Stéphane Florey, Eric Bertinat, Marc Falquet, Bernhard Riedweg, Christo Ivanov, François Lefort, Philippe Morel, Esther Hartmann, Brigitte Schneider-Bidaux : Procter et Gamble réduit la voilure, le Conseil d'Etat ne doit pas se laisser piéger !

Débat

Le président. Nous passons maintenant au point 96 bis, auquel est lié le point 94. Ce débat est classé en catégorie II: quarante minutes. La parole est à Mme la députée Anne Emery-Torracinta.

Mme Anne Emery-Torracinta (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, tout le monde dans cette salle se rappelle encore le coup de tonnerre provoqué par l'annonce, il y a huit semaines environ, de la disparition du siège genevois de Merck Serono, avec comme conséquence la suppression de 1250 emplois au bas mot, puisqu'il faut compter encore les intérimaires, auxquels s'ajoutent tous les sous-traitants. A cette occasion, chacun aura pu constater quotidiennement la très forte mobilisation du personnel qui, jour après jour, oeuvre pour trouver des solutions alternatives. La résolution que nous vous proposons aujourd'hui vise donc à appuyer le Conseil d'Etat dans ses démarches, de façon à pouvoir justement soutenir les démarches du personnel face à la direction générale de Merck Serono, parce qu'on sait que la pression politique permet en tout cas d'essayer d'obtenir un certain nombre de choses.

Le personnel a fait des propositions très intéressantes, que je vous laisserai lire en détail dans la résolution. Certaines suggestions consistent plus ou moins à garder les choses en l'état, en faisant des économies sur le plan de la rationalisation des coûts, mais il y a surtout des propositions alternatives qui permettent de maintenir des activités dans le canton. La première consiste à faire de Merck Serono une sorte de HUB - pour reprendre le nom qui est proposé - c'est-à-dire qu'il y aurait une continuité des activités dans une partie des secteurs de recherche, avec des gains d'efficacité de 25% sur deux ans. La deuxième possibilité serait de créer un centre d'expertises en biotechnologie lié à Merck Serono, qui permettrait de maintenir des activités de recherche dans des domaines de pointe comme la fertilité, l'endocrinologie ou les maladies dégénératives. Enfin, la troisième possibilité consisterait à se séparer de l'entreprise Merck Serono en tant que telle et à créer, à Genève et dans la région lémanique, un pôle de biotechnologie avec une série de petites start-up.

Quel que soit le scénario qui pourrait finalement être retenu, et cela tant par les employés que par l'entreprise, notre pression est nécessaire. Pourquoi ? Parce que, s'il s'agit de conserver une partie de l'entreprise à Genève, eh bien il est clair que nous devons maintenir la pression. Et s'il est question de créer un centre de biotechnologie à Genève, cela va nécessiter de l'argent, beaucoup plus que les 20 ou 30 millions - 30 millions, je crois - qu'avait promis l'entreprise dans ce cadre-là, et il est donc nécessaire que nous manifestions notre soutien.

En conclusion, Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite à soutenir unanimement cette proposition de résolution. L'une de ses invites est d'ailleurs périmée, puisque nous avons déposé notre texte hier avant d'avoir eu connaissance du point de presse du Conseil d'Etat annonçant la création d'une task force, mais, cet élément mis à part, je pense que la résolution reste tout à fait d'actualité, et nous vous invitons donc à la soutenir unanimement.

S'agissant de la motion de l'UDC, nous allons également la soutenir, puisqu'elle soulève une problématique semblable, une problématique peut-être d'avenir, à une exception près: nous invitons le parlement ou le groupe UDC à retirer la deuxième invite de cette motion concernant Procter & Gamble, puisqu'il y est question de négocier un plan social avec l'entreprise et que nous pensons que c'est un très mauvais signe aujourd'hui de parler de «plan social». Parlons de «maintien d'emplois» à Genève, et l'on verra, le cas échéant, s'il est nécessaire de parler de «plan social». Je vous remercie de votre attention. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à Mme Christina Meissner, première signataire de la M 2089.

Mme Christina Meissner (UDC). Mme Anne Emery-Torracinta a bien résumé la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Je vous rappelle que nous avions déjà consacré une séance de notre Grand Conseil au problème Merck Serono, et celui-ci est loin d'être terminé. Des propositions ont été faites par les employés à la direction, laquelle n'a pas encore répondu. Cependant, les propositions des employés rejoignent celles qui avaient déjà été formulées, notamment dans notre motion UDC, à savoir de créer un pôle de biotechnologie. Mme Emery-Torracinta a parlé de ce pôle de biotechnologie en évoquant les start-up, mais un pôle implique aussi de travailler avec des instituts de recherche, l'université, l'EPFL, etc., le tout coordonné dans une task force. C'est ce que nous demandions tous au Conseil d'Etat de faire, à savoir de mettre en place une task force et de travailler avec ces partenaires, au-delà des frontières, qu'il s'agisse de la Confédération ou des cantons, mais aussi, de la même manière, avec les entreprises et les instituts de recherche universitaires, etc.

Le Conseil d'Etat a répondu hier partiellement, je dois quand même le souligner, en disant qu'il avait créé cette task force avec les interlocuteurs dont je viens de mentionner les fonctions. Mais nous aurions souhaité personnellement avoir en plus des objectifs, des dates, un calendrier et un planning. (Remarque.) Eh oui ! Que l'on travaille avec ou sans la direction de Serono, il s'agit en tout cas de travailler avec nos partenaires. Ceux que nous savons être là le sont et le resteront - la Confédération, les universités... - et il existe la possibilité de créer des start-up.

La proposition de résolution 701 du groupe socialiste revient là-dessus, appuie à nouveau, tape sur le clou en disant que nous voulons absolument que quelque chose se fasse, et dans ce sens je pense qu'il est nécessaire que, en tant que parlement, nous continuions à montrer que nous restons engagés, à l'écoute et attentifs à ce qui va se passer. J'espère d'ailleurs que nous n'aurons pas à faire cela à chacune de nos sessions, mais que nous trouverons finalement une issue heureuse. Pour toutes ces raisons, il est donc évident que le groupe UDC soutiendra la résolution socialiste.

La proposition de motion UDC est quant à elle intitulée: «Procter & Gamble réduit la voilure, le Conseil d'Etat ne doit pas se laisser piéger !» Hélas, nous aurions pu remplacer Procter & Gamble par bien d'autres entreprises, car ce qu'il faut faire aujourd'hui, c'est bel et bien anticiper. Nous avons vu que, dans le cas de Merck Serono, il y avait eu en tout cas de la part de l'entreprise une certaine légèreté par rapport aux discussions qu'elle avait avec le Conseil d'Etat, et donc nous demandons maintenant à ce dernier de véritablement intensifier ses relations avec les entreprises et de réaliser déjà bien en amont une planification et une réflexion sur la question de savoir comment entamer un dialogue qui n'aboutisse pas au fait que nous devions subir le départ d'entreprises, mais qui nous permette de trouver des solutions ensemble pour maintenir les emplois, surtout dans des domaines qui nous intéressent. En effet, qu'il s'agisse de cleantech, de biotech, de technologies de toutes sortes, nous avons besoin de savoir-faire...

Le président. Il vous faut conclure, Madame la députée !

Mme Christina Meissner. Pour finir, je dirai que vous avez raison, Madame Emery-Torracinta: n'anticipons pas et partons du principe que ces entreprises restent ! Nous acceptons donc que la deuxième invite soit biffée.

M. Alain Meylan (L). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, je vais peut-être commencer par exprimer la position des groupes libéral et radical concernant la motion 2089 relative à Procter & Gamble, que nous refuserons. Cette motion a été déposée suite à une rumeur, à un article de journal, or je crois que la moindre des choses, avant de rédiger ce genre de proposition de motion, aurait été de prendre quelques renseignements auprès de cette entreprise qui, rappelons-le, emploie plus de 3000 personnes. Elle s'est développée à Genève, elle a toujours apporté à notre canton son soutien et sa collaboration, avec un certain nombre de développements, alors je crois que, avant de jeter l'opprobre sur ce genre de société, il aurait été utile de se renseigner davantage plutôt que de donner suite à certains courants d'idées ou expressions qui n'étaient pas forcément fondés. En ce sens, je crois qu'il n'y a plus rien à dire sur cette motion, et nous la refuserons.

Quant à la proposition de résolution, le PLR estime qu'on ne peut effectivement pas ne pas exprimer ses inquiétudes, son souci de voir les employés être touchés par cette restructuration. Dans ce cadre-là, on ne peut qu'être attentifs aux considérants et y apporter une complète attention. Nous serons donc sensibles, cas échéant, à y réfléchir.

D'autre part, s'agissant des conséquences - puisque la résolution en parle - on ne doit pas oublier non plus que, de temps en temps, quand on aborde la question des conséquences, il faut aussi parler de ce qu'il y a avant, des conditions-cadres, et là le parti socialiste ne brille pas par sa façon de fonctionner, de mettre en avant ou d'instaurer les conditions les plus adéquates possibles pour le fonctionnement des entreprises. Je pense à la taxe professionnelle, à la réforme de la fiscalité des entreprises: ce groupe et ce parti s'opposent perpétuellement à mettre des conditions-cadres efficaces aux entreprises ! Sans parler de leur conseillère administrative Sandrine Salerno qui, par dédain, dit que les cols blancs pourront bien de toute façon s'en sortir, que ce n'est pas très important et qu'en définitive la décroissance ne serait que la seule voie de la performance de Genève... Voilà ce que le parti socialiste véhicule par le biais de ses conseillers administratifs ou de ses candidats au Conseil d'Etat.

Pour le PLR, il s'agit d'exprimer quand même son soutien et de voir de quelle manière on peut faire en sorte d'améliorer les choses et de trouver des conditions-cadres générales pour les entreprises qui soient adéquates. De ce côté-là, je crois qu'il manque en tout cas dans la dernière invite de la résolution socialiste de Mme Emery-Torracinta un élément essentiel. En effet, nous fêtons cette année le 75e anniversaire de la paix du travail, Madame, si vous ne l'avez pas noté, une paix du travail qui a trois pôles: l'Etat, les partenaires sociaux - parmi lesquels se trouvent les syndicats, que vous mentionnez dans votre invite - et il manque le troisième point, un point aussi important, qui est le patronat. Et si l'on veut continuer et maintenir la paix du travail, qui a été signée pour la première fois le 15 mai 1937 dans l'horlogerie pas très loin de chez nous, eh bien je pense qu'il faut aussi penser à insérer ou en tout cas à donner la possibilité à cet équilibre de se poursuivre et de s'exprimer, de même qu'il faut penser qu'il y a un monde patronal qui est là pour faire développer les entreprises afin qu'elles innovent et qu'elles créent de l'emploi. Alors c'est vrai que le cas de Merck Serono pose problème et que c'est très difficile à vivre...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député !

M. Alain Meylan. ...mais je crois qu'il faut être ensemble pour trouver des solutions. Et, comme le disait quelqu'un, le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien. Pour cette raison, nous demandons que cette résolution soit renvoyée à la commission de l'économie, de façon qu'elle soit traitée le mieux et le plus efficacement possible et que nous puissions trouver des solutions pour les employés et pour l'emploi à Genève. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

M. François Lefort (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, lors de la dernière session nous avons renvoyé au Conseil d'Etat, dans l'urgence mais à une très grande majorité, deux résolutions et une motion pour le soutenir et l'encourager dans la recherche de solutions face à la crise historique que représente la suppression de 2000 emplois à Genève. Toujours dans ce même esprit de soutien et d'encouragement au gouvernement, nous revenons aujourd'hui avec des pistes que nous pensons, en accord avec les personnes concernées, être des éléments praticables, une solution permettant de sauver le maximum d'emplois. Une solution praticable permettant de retenir la richesse de formations et d'expériences que représentent ces employés abandonnés par Merck Serono. Une solution permettant de sauver le potentiel d'emplois durables que représente cette richesse.

Les employés ont proposé des solutions qui peuvent s'intégrer au tissu de recherche biotechnologique de l'arc lémanique, et les activités dans lesquelles ils excellent peuvent générer de nouvelles entreprises retenant ces activités d'expertises dans les domaines biotechnologique et pharmaceutique, au bénéfice justement du tissu biotech et pharmaceutique suisse et en relation avec les hautes écoles. Pour que ceci ait une chance d'aboutir, il faut du temps, et il faut donc que les négociations et les discussions continuent entre les employés et la direction de Merck Serono. Pour que ceci ait une chance d'aboutir, il faut un soutien politique, il faut un soutien opérationnel, et c'est dans ce sens que nous proposons la constitution d'une task force comprenant le Conseil fédéral, les gouvernements vaudois et genevois, les hautes écoles, les hôpitaux vaudois et genevois, les entreprises biotechnologiques de la région, les employés de Merck Serono, leurs représentants syndicaux et la direction de Merck Serono si elle le veut. Voilà des pistes pour sauver l'essentiel de ces 2000 emplois et conserver ici à Genève le savoir-faire des employés abandonnés par Merck Serono. Le gouvernement, visiblement sur la même longueur d'onde, a proposé hier lui aussi la création d'une task force, peut-être un peu moins étoffée que la nôtre. Dans les détails nous ne savons pas s'il s'agit du même projet, aussi maintiendrons-nous notre proposition quant à la composition de la task force. Pour toutes les raisons que je viens de vous exposer, Mesdames et Messieurs les députés, nous vous remercions de soutenir cette résolution et de la renvoyer directement au Conseil d'Etat.

M. Philippe Morel (PDC). Je vois avec plaisir que, dans cette séance, nous sommes loin du débat à consonance fortement politique que nous avions vécu il y a quelques semaines. Nous sommes revenus à une échelle pragmatique, à la recherche de solutions réelles. Alors c'est vrai que la situation de Merck Serono est peut-être prémonitoire et que d'autres entreprises seraient amenées à quitter Genève... Des bruits existent, mais ils ne nous semblent pas justifier la motion de l'UDC et, comme d'autres l'ont dit, nous n'allons donc pas la soutenir. En revanche, la résolution socialiste nous paraît extrêmement intéressante, puisque dans le fond elle soutient l'action qui a été entreprise par le Conseil d'Etat, largement soutenu par le Grand Conseil. C'est donc à l'unisson que le Grand Conseil et le Conseil d'Etat ont engagé des actions et des démarches pour tenter de sauver une partie de ces emplois.

J'aimerais pour ma part vous apporter une autre dimension. Comme scientifique qui voyage quand même passablement dans le monde, je peux vous dire que notre petit arc lémanique recèle une quantité - une foison, devrais-je dire - de capacités, de connaissances, d'entreprises plus ou moins grandes, publiques ou privées, de hautes écoles, d'hôpitaux et d'universités qu'il est rare de rencontrer dans le monde. J'ai été invité dans la Silicon Valley pour un sujet qui me concerne et sur lequel je ne m'étendrai pas ici, et lorsque je leur ai mentionné et montré sur la carte l'ensemble des hôpitaux, des universités, des hautes écoles et des différentes entreprises existant sur l'arc lémanique, on a comparé cela à la Silicon Valley. Alors peut-être pourrait-on faire une parodie en disant que ce n'est pas la Silicon Valley, mais la «Leman Valley» !

Je crois que le problème de Merck Serono n'est pas uniquement genevois: c'est un problème qui concerne l'arc lémanique. Et cette task force vient particulièrement à point, puisqu'elle unit les personnes non seulement de Genève mais également de l'arc lémanique et des hautes écoles qui forment aux différents secteurs des entreprises privées actives dans le domaine des biosciences, de la biologie, de la science et des nouvelles technologies. Si nous unissons ces forces, nous avons peut-être une opportunité, au travers du drame de Merck Serono, non pas seulement de conserver quelques centaines d'emplois - ce que nous espérons vivement - mais de créer à moyen terme un nombre d'emplois plus important que celui que nous avons perdu aujourd'hui. L'union fait la force, dit-on, eh bien dans cette situation-là c'est particulièrement vrai ! Cette union entre les différentes écoles et institutions existantes pourrait offrir dans bien des domaines - notamment dans celui qui me concerne, la chirurgie - non seulement du travail à de nombreux employés, mais aussi un rayonnement à cette région. Et bien sûr que cela pourrait attirer d'autres entreprises. Reste à savoir comment on va les accueillir, les héberger et loger les différentes personnes, mais je pense que, au travers de cette crise importante que nous subissons, nous avons peut-être l'occasion de saisir une chance, celle de réaliser notre force, de réaliser la puissance que nous aurions en étant ensemble. Et la task force a certainement pour but, dans l'idée de ce qui a été fait par le Conseil d'Etat, de générer cette force, en sachant que d'autres efforts ont déjà été accomplis, que d'autres entreprises ont déjà été conçues et qu'un effort majeur a été réalisé depuis plusieurs années dans le domaine des biosciences, de la biotechnologie - on peut donner différentes appellations à ces domaines - entre autres par notre actuel président du Conseil d'Etat.

Je pense donc que, si la Silicon Valley est une technopole magnifique qui crée des emplois et du rayonnement, eh bien «Leman Valley» serait peut-être la naissance qui pourrait suivre la catastrophe de Merck Serono ! Nous soutiendrons donc la résolution socialiste et refuserons en revanche la motion UDC. (Quelques applaudissements.)

M. Jacques Jeannerat (R). Oui bien sûr que le dialogue entre les employés de Merck Serono et leur direction doit continuer, loin de nous l'idée de penser qu'il faut qu'il s'interrompe. Oui bien sûr qu'il y a un avenir dans notre région pour les biotechnologies - un avenir et un savoir-faire - et nous devons pouvoir sauver des places de travail.

Lors de la dernière session nous avons voté trois objets - des résolutions et des motions, me semble-t-il, je ne me souviens plus de leur libellé exact. Nous l'avons fait avec une certaine émotion et il y avait un élan unanime. S'agissant du texte qui nous est soumis aujourd'hui, j'aimerais dire d'abord que certains éléments qui y figurent sont déjà mis en action par le Conseil d'Etat, alors que d'autres demandent quelques approfondissements et quelques éléments techniques - notamment un point de situation exact - pour pouvoir aller de l'avant. La position du PLR est donc la suivante: nous sommes en faveur de ce texte mais, pour atteindre vraiment précisément son objectif, il doit être amélioré grâce à quelques auditions en commission de l'économie. Je regarde sa présidente... Pour en être membre, je sais que nous n'avons pas de sujet urgent dans le pipeline, et je suis donc persuadé que la présidente de la commission de l'économie, Mme Hartmann, pourrait rapidement mettre cet objet à l'ordre du jour. Je crois en effet que l'on doit passer par quelques auditions - le gouvernement, la direction de Serono, les syndicats - pour affiner et taper juste. Nous ne sommes plus en phase émotionnelle, nous avons déjà voté des objets de manière émotionnelle lors de la dernière session, donc s'il vous plaît, Mesdames et Messieurs les députés, renvoyez avec nous ce projet en commission pour un retour relativement rapide.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme Esther Hartmann, pour une minute vingt.

Mme Esther Hartmann (Ve). Merci, Monsieur le président. Les Verts, qui sont également cosignataires de la motion 2089 de l'UDC, vont évidemment soutenir son renvoi au Conseil d'Etat. Oui, c'est vrai que l'on nomme une entreprise et que cela pourrait vexer quelques susceptibilités, mais ce qui nous a poussés à soutenir et à signer cette motion, c'est l'importance de la situation et la volonté d'éviter qu'à l'avenir une situation telle que celle qui a touché Merck Serono ne se reproduise au sein d'une entreprise de dimension importante, entraînant donc des conséquences assez importantes pour l'économie genevoise.

La troisième invite en particulier nous a semblé tout à fait intéressante, et je ne vois pas en quoi elle choquerait les membres de cette assemblée. Je vous la cite: «à intensifier ses rapports avec les entreprises, quelle que soit leur taille, afin de préparer avec ces dernières les mesures envisageables pour restaurer la compétitivité et l'attractivité de Genève». Je suis certaine que le conseiller d'Etat va nous assurer qu'il est déjà en mesure de faire cela, et je ne pense pas que cette auguste assemblée va se vexer de renvoyer ce texte au conseiller d'Etat. Effectivement, les deux premières invites pourraient éventuellement être révisées, et nous ne nous y opposerons pas, car la raison prédomine dans cette assemblée, comme vous le savez tous. Je vous remercie, Mesdames et Messieurs les députés.

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. Patrick Saudan, à qui il reste deux minutes.

M. Patrick Saudan (R). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le temps politique est très long, mais le temps en recherche et biotechnologie est encore plus long. La Silicon Valley ne s'est pas faite en deux ans, mais en vingt ou trente ans. Alors nous sommes d'accord avec l'esprit de cette résolution et sommes tout à fait prêts à la soutenir, parce qu'elle part de bonnes intentions, mais pourquoi serait-il bénéfique de la renvoyer pour un court passage à la commission de l'économie ? Pour une raison très simple: on parle de créer un «Geneva Biotech Cluster» avec l'université, l'EPFL, les hôpitaux, les entreprises, mais leur a-t-on demandé leur avis ? Parce que l'on est dans un domaine ultra-compétitif ! Et je vous rappelle - mais vous avez probablement tous lu la «Tribune de Genève» - qu'en tout cas la direction de Merck a pris aujourd'hui une décision préjudiciable à l'avenir de la technologie de Merck Serono: ils veulent transformer les usines du canton de Vaud en usines de production de biosimilaires, c'est-à-dire qu'ils vont créer des anticorps monoclonaux qui existent déjà sur le marché depuis longtemps. Ils ont donc tiré une croix sur l'avenir technologique de Merck Serono ! Alors c'est à nous de nous battre - et c'est pour ça que nous sommes d'accord avec l'esprit de cette résolution - pour sauver le potentiel humain des employés de Merck Serono. Soit, mais pour le sauver... Je trouve magnifique et très incantatoire cette troisième invite, mais on aimerait quand même avoir l'avis de l'université, du Polytechnicum de Lausanne, des hôpitaux, etc. Je vous rappelle qu'à l'université de Genève il existe un service spécifiquement dédié à la création de start-up, et peut-être qu'ils n'en veulent pas ! Il faudrait quand même leur demander leur avis ! Rien que pour cela, il vaut donc la peine de renvoyer cette résolution à la commission de l'économie. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme Christina Meissner, qui prend du temps de parole sur celui de son groupe pour confirmer ses amendements.

Mme Christina Meissner (UDC). Merci, Monsieur le président. J'ai bien entendu qu'effectivement il ne fallait pas réduire cette question à une seule entreprise et surtout ne pas la réduire au problème d'une seule entreprise: il s'agit d'un problème de l'arc lémanique, de l'ensemble de nos entreprises, et il s'agit d'anticipation. Ainsi, vous aurez constaté que vos chefs de groupe ont reçu un amendement visant à supprimer les deux premières invites et à ne garder que la dernière, qui concerne l'ensemble des entreprises, quelle que soit leur taille, pour que le Conseil d'Etat prépare des mesures à même de restaurer la compétitivité et l'attractivité de Genève. Mesdames et Messieurs les députés, vous ne pouvez pas être contre une telle déclaration ! Vous pouvez tout à fait la renvoyer au Conseil d'Etat, et c'est ce que je vous demande de faire. Il s'agit d'un signal, au même titre d'ailleurs que la résolution 701 signée par les socialistes et les Verts. L'idée n'est pas de la renvoyer à la commission de l'économie. Je me pose du reste la question: si la direction de Serono ne vient pas rencontrer ses propres employés ou notre conseiller d'Etat, va-t-elle véritablement se déplacer dans une commission ? J'ai des doutes.

Enfin, je vous rappelle qu'il s'agit d'une résolution, c'est-à-dire d'une déclaration de notre Grand Conseil. Donnons comme les 9 et 10 mai un signal fort, montrons que nous sommes unis, que nous nous soucions de nos emplois et de nos entreprises et que nous voulons anticiper avec des plans d'actions. Demandons-le au Conseil d'Etat, en l'enjoignant de travailler au-delà du canton, au niveau fédéral, au niveau des universités et des entreprises d'une manière générale. Je vous remercie pour votre soutien.

M. Roger Deneys (S). Mesdames et Messieurs les députés, je crois qu'il faut rappeler que la situation des collaboratrices et collaborateurs de Merck Serono est extrêmement dramatique au niveau personnel, au niveau humain, et dans ce sens-là il est très important de marquer une fois de plus notre attachement au sort qui leur sera réservé. Cependant, je crois qu'il ne faut pas se tromper au niveau des compétences: un parlement peut éventuellement faire des déclarations d'intention et adopter un projet de loi mais, dans des délais aussi courts, l'essentiel des responsabilités d'action revient légitimement au Conseil d'Etat. Par conséquent, un renvoi à la commission de l'économie, alors que des procédures sont à bout touchant et que les employés risquent de perdre définitivement leur emploi dans les prochaines semaines, est tout simplement malhonnête pour ces personnes. Du reste, j'ai dans ma messagerie un courrier électronique d'un collaborateur de Merck Serono... (Exclamations.) ...qui me dit: «Les politiciens, bougez-vous !» (Commentaires.) En effet, il a l'impression que nous ne le faisons pas. Qu'il ait tort ou raison, moi je pense que c'est un très mauvais signal que de renvoyer ce texte à la commission de l'économie. En plus, comme cela a été relevé, il s'agit d'une résolution, donc nous pouvons sans autre la renvoyer au Conseil d'Etat. Nous pouvons d'ailleurs aussi participer à la manifestation de soutien de Merck Serono qui aura lieu ce samedi 9 juin à 14h devant le siège de cette entreprise, afin de montrer que la population genevoise, que les députés sont solidaires de ces personnes qui se trouvent dans une situation dramatique.

Au demeurant, notre canton a besoin de moyens, et sur ce point j'aimerais quand même revenir sur la déclaration de M. Meylan, bien que cela ne m'étonne pas du PLR... Pour pouvoir faire une politique publique proactive, il faut des moyens ! On ne peut pas se contenter de baisser les impôts, parce qu'au final nous n'avons pas les moyens de nos ambitions. Et ça c'est l'un des problèmes réels ! Nous ne pouvons pas baser notre avenir sur des entreprises qui viennent parce qu'elles ne paient pas d'impôts ici et qui repartent à la moindre occasion parce que le franc suisse est un peu plus cher ou qu'elles bénéficient de cadeaux fiscaux ailleurs. Pour cette simple raison, il faut être cohérent, il faut être équilibré, et les recettes fiscales sont l'un des éléments essentiels de l'avenir économique des pays développés. Sans elles, nous allons tout droit à la faillite.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme Anne Emery-Torracinta. Il vous reste trente secondes en tant que première signataire, auxquelles s'ajoute une minute trente pour le groupe socialiste.

Mme Anne Emery-Torracinta (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, renvoyer cette résolution en commission, c'est l'enterrer ! C'est même pire que ça, parce qu'à la limite enterrer une résolution n'est pas dramatique en soi. C'est donc pire que ça, car c'est donner un très mauvais signe tant aux employés qu'à la direction générale de Merck Serono. Ça signifie que l'on ne se préoccupe pas véritablement de leur sort et qu'on ne se préoccupe pas véritablement de l'avenir de l'emploi dans notre canton.

J'aimerais, chers collègues, vous rappeler l'exemple de Novartis, cet exemple qui montrait combien la classe politique vaudoise avait été unie, tous partis confondus. Le conseiller d'Etat libéral-radical était allé dans la rue aux côtés des syndicats pour manifester son soutien aux employés qui risquaient d'être licenciés. C'est cela, Mesdames et Messieurs, que nous devons faire aujourd'hui ! Notre résolution n'a pas d'autre but que de soutenir le Conseil d'Etat dans ses démarches et de dire qu'il faut maintenir l'emploi à Genève. Toutes celles et ceux qui veulent proposer autre chose ne feront qu'enterrer cette résolution et enterrer l'emploi à Genève.

M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, le groupe MCG a déjà eu l'occasion de vous le dire, il n'appartient pas à ce parlement de s'immiscer dans le secteur privé de la manière dont vous le faites. Vous êtes aujourd'hui en train de créer un danger, et je vous le dis comme je le pense... (Exclamations.) Les socialistes veulent, par le biais d'initiatives, augmenter les impôts pour les grandes sociétés, car nous venons d'entendre M. Deneys dire que, si cela continue, nous courons tout droit à la faillite. Eh bien laissez-moi vous dire, cher parti socialiste, que vous êtes un fabuleux accélérateur pour ça ! La grande différence qui réside entre vous et nous - il y en a - c'est que vous vous ne voulez plus de riches, alors que nous nous ne voulons plus de pauvres. Pourtant, si vous ne créez pas de richesses, vous n'aurez plus rien à dépenser pour le social, mais ça, effectivement, vous avez beaucoup de peine à l'imprimer.

D'autre part - vous transmettrez, Monsieur le président - ma collègue Anne Emery-Torracinta nous a cité l'exemple de Novartis. Mais Novartis est une entreprise suisse, qui touche des subsides de la Confédération pour la recherche ! Les moyens de pression politique étaient donc très grands, et ils ont porté leurs fruits. En revanche, Merck est une société allemande, sur laquelle il n'y a aucune pression à exercer. Alors plutôt que de vouloir s'immiscer dans le secteur privé, protégeons Genève en tant que pôle d'excellence. Donnons à notre canton la capacité d'attirer ces entreprises non pas par la contrainte ou grâce à des allégements fiscaux, mais parce que Genève reste un pôle d'excellence. Là, ça fait du sens !

Nous soutiendrons le renvoi en commission de la résolution pour ne pas heurter les socialistes, et nous pourrons débattre en commission des invites qu'ils proposent. Nous adopterons en outre la motion de l'UDC, dont il reste la dernière invite que je vous cite: «à intensifier ses rapports avec les entreprises, quelle que soit leur taille, afin de préparer avec ces dernières les mesures envisageables pour restaurer la compétitivité et l'attractivité de Genève». Ça, ça fait du sens !

Enfin, vous parliez de grandes multinationales comme GTI ou Procter & Gamble, alors j'aimerais vous dire, Mesdames et Messieurs, que vous pouvez critiquer la politique gouvernementale quant à certains allégements fiscaux, mais Procter & Gamble emploie sur son site genevois 3500 personnes, dont 75% résident sur le canton de Genève ! Alors avant de tirer à boulets rouges sur ceux qui font aujourd'hui la richesse des PME et des petits artisans parce qu'ils consomment à Genève, réfléchissez bien, Mesdames et Messieurs les socialistes, à là où vous allez diriger vos canons, parce qu'il y a un proverbe qui dit que, parfois, à la pelote basque, le boulet peut vous revenir en pleine figure !

Je vous le dis, Mesdames et Messieurs, soutenons notre économie, dotons-nous des bases permettant de produire une économie forte sur notre canton, et vous verrez que nous serons tous contents parce que cela produira des richesses et que Genève pourra continuer à arborer une économie florissante. En ce sens, nous soutenons le conseiller d'Etat chargé de l'économie afin qu'il mette toutes les bases nécessaires pour conserver ce que nous voulons à Genève, c'est-à-dire un pôle d'excellence et une Genève qui rayonne au niveau international.

Une voix. Bravo !

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme Emery-Torracinta, à qui il reste une minute.

Mme Anne Emery-Torracinta (S). Monsieur le président, vous pourrez peut-être dire à M. Stauffer que je crois qu'il n'a tout simplement pas lu notre résolution et que, une fois de plus, il connaît mal les sujets dont il parle. (Rires. Commentaires. Le président agite la cloche.) En effet, vouloir créer à Genève un centre de petites entreprises et de start-up dans le domaine de la biotechnologie en lien avec les universités, avec l'hôpital, etc., ça va coûter ! Le lancement de ces entreprises aura un coût ! Et, justement, l'une des propositions du personnel consiste à essayer, si cette alternative-là est retenue, d'obtenir plus que les 30 millions promis par la direction de Merck Serono. Or si vous renvoyez cette résolution en commission, que va-t-il se passer ? On va enterrer cette solution-là, et si c'est ce qui arrive à terme, eh bien c'est le canton qui devra payer, et je me réjouis alors de voir qui sera d'accord de mettre les 70 millions supplémentaires pour créer ce centre à Genève. (Applaudissements.)

M. Charles Selleger (R). Je reviens sur la M 2089 qui concerne Procter & Gamble pour vous dire que les groupes radical et libéral voteront les amendements présentés par la première signataire Mme Meissner et demanderont, une fois ces amendements acceptés, le renvoi de cette motion à la commission de l'économie. Pourquoi ? Parce que ce sera l'occasion de pouvoir auditionner des structures qui oeuvrent déjà dans le sens demandé par cette motion, à savoir le service de la promotion économique, la Fondation d'aide aux entreprises et Eclosion. Pour cette raison, nous vous invitons à adopter ces amendements et à renvoyer cette motion à la commission de l'économie.

M. Pierre-François Unger, président du Conseil d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais d'abord corriger certains éléments que j'ai lus - exprimés avec délicatesse dans la résolution et avec la méchanceté traditionnelle présente dans les pamphlets de l'UDC dans la motion - notamment le fait qu'il eût fallu anticiper. Eh bien vous nous donnerez la recette, Madame ! Et vous aussi, Madame ! Dans la mesure où, depuis trois ans, nous rencontrons régulièrement des gens de Merck Serono pour leur dire nos inquiétudes de savoir qu'il n'y a qu'une seule molécule susceptible d'arriver sur le marché dans les années qui suivent, nous ne pouvons pas anticiper beaucoup plus, notamment pas en créant des molécules que nous ne saurions pas créer et en nous substituant à ceux qui doivent en être les créateurs. Alors plus d'anticipation, c'est difficile ! Mais on attend vos recettes avec plaisir, vous qui savez tout faire.

Lorsque Serono, par la voix du président du conseil d'administration de Serono Genève, nous a informés de la décision de fermeture de l'usine dès le lendemain, je me suis permis de réunir une task force, virtuelle au départ, en autorisant et en facilitant l'entrée des syndicats dans l'entreprise, qui ne comprenait aucun employé syndiqué. J'estime à cet égard-là avoir joué le rôle de facilitateur de dialogue social à l'intérieur de l'entreprise, et ce n'est pas le représentant du syndicat qui me contredira. Il m'en a d'ailleurs remercié.

Naturellement, j'ai également vu très vite la direction de l'entreprise, la direction de Genève, qui manifestement n'avait pas anticipé non plus. Elle a dû apprendre dans les tout derniers jours ce qu'on lui imposait de faire, et c'est la raison pour laquelle j'ai rencontré à deux reprises des gens du directoire de Darmstadt - d'abord le responsable de la recherche, puis le responsable général et le responsable de la recherche - pour leur demander ce qu'ils entendaient faire par un geste aussi brutal et sans appel. La question est restée sans réponse, si ce n'est une réorientation partielle des activités, qui se confirme dans le sens où des usines de production dans le canton de Vaud seront inaugurées. Il y en a effectivement une grande à Vevey, de 450 millions, qui doit être inaugurée ces tout prochains jours, probablement sans tapage vu le contexte actuel.

Mais vous aurez observé qu'ont aussi disparu de chez Merck Serono 500 emplois à Lyon et 600 emplois en Espagne; c'est donc une stratégie mondiale de cette entreprise qui a changé. Il n'en reste pas moins que les contacts ne sont pas rompus. En effet, la direction est indispensable dans le partenariat de la task force - et j'espère qu'elle en fera partie, même si pour le moment elle n'entend pas y participer - afin de calibrer un peu convenablement l'aide financière qu'elle pourrait accorder à ses anciens employés, en créant des structures soit à l'interne de Serono, soit à l'externe - les deux volets sont possibles - sur la base non pas de projets, mais de desseins réalisés ces derniers jours dans une atmosphère difficile. A nous de les aider à transformer ces desseins en projets. Nous ne pouvons pas en juger la qualité car nous n'en avons pas la compétence, même si nous les avons distribués, notamment au milieu académique auquel vous faites référence et à Eclosion, qui a l'habitude de ce type de situation.

Pourquoi nous battons-nous ? Nous nous battons pour garder des emplois, pour garder des emplois qualifiés dans un domaine qui pourtant nous était largement contesté il y a encore sept ou huit ans, quand nous avons inauguré Eclosion. Tant mieux, tout change, vous vous y êtes habitués et vous trouvez même que c'est bien, ce que nous pensons aussi; on est donc d'accord - ce n'est pas si fréquent que cela - et nous allons par conséquent continuer dans ce domaine.

Comment va-t-on garder des emplois qualifiés ? Il y a trois scénarios, pas cinquante mille ! Le premier consiste à trouver un repreneur à Serono dans son activité, avec les bâtiments, le personnel et les ustensiles. Nous avons cherché mais n'avons pas trouvé de maison pharmaceutique intéressée à ce jour par la reprise de l'entier, ce qui évidemment aurait été le plus simple. Nous n'avons pas trouvé, et ce n'est pas faute d'avoir cherché.

La deuxième solution consiste à créer un certain nombre de start-up, on en a déjà parlé il y a un mois. C'est une voie dans laquelle on a un certain savoir-faire académique et économique dans la métropole lémanique, et c'est donc quelque chose qu'on pourrait faire, qu'on peut faire, mais qui nécessite beaucoup d'argent. Je vous avais d'ailleurs rendus attentifs le mois dernier au fait que, pour développer une molécule en biotechnologie, il faut un milliard ! Il ne faut pas 30 millions, somme qu'entend donner Serono le cas échéant à ses anciens employés, mais bien un milliard pour développer ! Alors quand on veut développer pour un milliard, il faut bien entendu que cela s'insère dans un programme où des projets en sont à différents stades, où des innovations sont en train d'arriver sur le marché et peuvent déjà rapporter un certain montant, qui servira à financer d'autres développements. Il faut trouver des fondations qui sont intéressées à investir dans ce type de projets et nous en avons cherché en Suisse, en Europe et aux Etats-Unis; nous avons des contacts avec de pareilles fondations, que l'on met maintenant en relation avec les chercheurs de la maison, bien sûr, mais aussi des entreprises et des académies d'ici.

Alors vous en dire plus, Mesdames et Messieurs, on ne peut pas, parce qu'à ce stade ce qui ne constitue pas des desseins mais des projets - et il y en a - est couvert par des accords de confidentialité. C'est la raison pour laquelle passer par des auditions en commission n'est pas utile ! Soit les gens n'auront rien à dire parce qu'ils sont soumis à des accords de confidentialité, soit ils auront quelque chose à dire mais ne le pourront pas, et vous trouvez qu'ils parlent peu... Vous pouvez donc d'emblée présumer de ce qui sera ! Cette résolution doit être renvoyée au Conseil d'Etat, car c'est un signe dont nous avons besoin pour continuer à développer l'énergie que nous déployons depuis plus d'un mois afin d'essayer de résoudre tout ou partie de cette affaire.

Je termine bientôt, Monsieur le président. J'ai conscience d'avoir été un peu long, mais nous traitons deux objets ! S'agissant du deuxième objet, je ne vous cache pas qu'il m'aurait fait frémir si j'avais encore un âge pour cela... Il m'a en tout cas fait sourire de naïveté. En effet, quand la société Procter & Gamble est arrivée il y a cinquante ans, elle est venue avec 60 collaborateurs. Elle en est à un peu plus de 3200, ce qui signifie que, s'agissant de la planification - puisque vous faisiez référence, Madame, à des soucis de planification - Procter a dépassé de 200 emplois celle que nous avions prévue ensemble pour début 2013. Cette société a donc grandi plus vite que nous ne nous y attendions ! En conséquence, je ne vois pas en quoi planifier servirait à quoi que ce soit.

Et alors je ne vous cache pas non plus que, quand je lis que votre souci principal serait que... Où est-ce que c'est, c'est tellement idiot, cette affaire ! (Rires.) Quand je lis que «le Conseil d'Etat ne doit pas se laisser piéger», je me pose la question de savoir, Madame, s'il ne faut pas se laisser piéger par le franc fort sur lequel le gouvernement genevois ne peut rien; et lorsque les gens gagnent leur vie en dollars ou en euros - ce qui est le cas des grandes multinationales - mais qu'ils doivent payer leurs frais en francs suisses, devise qui a augmenté de 40% par rapport aux autres monnaies en une année, je ne vois pas ce que nous pouvons faire ni ce que nous pouvons planifier. Ce que nous pourrions peut-être planifier, c'est un meilleur accueil, et plusieurs d'entre vous l'ont dit. Mais ce meilleur accueil, Madame, vous le contestiez l'année dernière ! Les multinationales étaient des horreurs, elles mangeaient la place des Suisses, et des relents xénophobes apparaissaient dans la plupart de vos remarques et de vos réactions. Vous entendiez chasser les multinationales qui mangeaient les logements, les carottes et le reste aux Genevois ! Alors une telle hypocrisie, un tel opportunisme, quel que soit l'intérêt qu'il y a à rencontrer les entreprises - ce que je fais de toute manière et indépendamment de toute motion - ne méritent de mon point de vue que d'être shootés assez sèchement, parce qu'il est honteux de prétendre tout et son contraire en économie à six mois d'intervalle. Il y a six mois vous vouliez la mort des multinationales, et maintenant vous voulez que l'on aille boire le thé avec Procter & Gamble: c'est vraiment se moquer du monde ! (Applaudissements.)

Des voix. Bravo !

Le président. Merci, Monsieur le président du Conseil d'Etat. Nous allons passer au vote... (Remarque.) Oui, Madame ?

Mme Lydia Schneider Hausser (S). Nous demandons l'appel nominal pour le renvoi en commission et le vote final de la R 701.

Le président. Très bien. Etes-vous suivie ? (Plusieurs mains se lèvent.) Oui, vous l'êtes. Madame Meissner, vous demandez également le vote nominal ?

Mme Christina Meissner. Oui, je demande l'appel nominal pour le vote concernant le renvoi de la motion au Conseil d'Etat.

Le président. Bien. Etes-vous soutenue ? (Plusieurs députés lèvent la main.) C'est le cas. En premier lieu, nous allons voter sur le renvoi de la R 701 à la commission de l'économie.

Mis aux voix à l'appel nominal, le renvoi de la proposition de résolution 701 à la commission de l'économie est rejeté par 48 non contre 43 oui.

Appel nominal

Le président. Ce renvoi ayant été refusé, nous nous prononçons maintenant, toujours au vote nominal, sur le renvoi de cette proposition de résolution au Conseil d'Etat.

Mise aux voix à l'appel nominal, la résolution 701 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 61 oui contre 7 non et 24 abstentions.

Résolution 701 Appel nominal

Le président. Nous passons à la M 2089, dont nous votons d'abord le renvoi à la commission de l'économie.

Une voix. Non, il y a des amendements !

Le président. Non, Monsieur, je vous rappelle la procédure habituelle relative aux motions: s'il y a des amendements et une demande de renvoi en commission, nous votons d'abord sur le renvoi et, si ce dernier est refusé, nous nous prononçons sur les amendements. Et voilà ! Je mets donc aux voix le renvoi de cette motion à la commission de l'économie.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2089 à la commission de l'économie est rejeté par 92 non et 1 abstention.

Le président. Nous passons donc au vote sur l'amendement, qui consiste à abroger les deux premières invites.

Mis aux voix, cet amendement est adopté par 91 oui (unanimité des votants).

Mise aux voix à l'appel nominal, la motion 2089 ainsi amendée est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 52 oui contre 39 non et 1 abstention.

Motion 2089 Appel nominal