République et canton de Genève

Grand Conseil

P 1781-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition pour une garantie d'accessibilité au et dans le quartier des Eaux-Vives et la possibilité pour ses habitants, commerçants et autres usagers d'y circuler et d'en sortir sans entraves à leur mobilité
Rapport de majorité de M. Ivan Slatkine (L)
Rapport de minorité de M. Olivier Norer (Ve)

Débat

M. René Desbaillets (L), rapporteur de majorité ad interim. Je voulais tout d'abord remercier notre collègue Ivan Slatkine pour son excellent rapport. Il est malheureusement occupé à défendre le prix unique du livre, que je soutiens - et, puisque j'ai la parole, je vous invite à faire de même.

Concernant cette pétition, je vais reprendre la première phrase du rapport de minorité de M. Norer, qui relève... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...qu'au sein de la commission des pétitions, lorsqu'il est question de transports et de mobilité, on a souvent de la peine à sortir des ornières de l'idéologie. Il est bien clair que je suis d'accord avec lui: parfois même, c'est plus que de l'idéologie, c'est de l'intégrisme.

Au moment où l'on parle du problème des Eaux-Vives et de la circulation, il y a, d'un côté, les intégristes - plutôt des commissaires de droite - qui sont pour les véhicules, pour l'automobile et pour le libre choix du mode de transport. Ces commissaires respectent les voeux du peuple sur la pluralité des transports, la liberté du choix du transport: ils ont voté des milliards pour le CEVA, des milliards pour les trams, et ils voteront peut-être encore des milliards pour les «PPB» - si vous ne savez pas ce que c'est, ce sont les «palais pour bus» que l'on envisage de construire à Genève - et je pense qu'ils ne sont pas si intégristes que ça, puisqu'ils ouvrent la porte à la discussion avec les autres. Par contre, en face, on a l'intégrisme pur: on est contre la bagnole. Et puis, il y a les habitants de la ville - dans le cas particulier, ceux des Eaux-Vives. Que fait-on ? (Brouhaha. Le président agite la cloche.) D'abord, on se plaint de ce que des véhicules circulent, tournent en rond en ville, cherchant évidemment une place de parking. Or, ces mêmes gens qui se plaignent des voitures qui tournent sont contre les parkings souterrains... Par ailleurs, on lit dans les rapports que plus de 30% des véhicules qui passent par le quartier des Eaux-Vives y transitent. Et les personnes qui reprochent à ces véhicules de transit de passer à travers les Eaux-Vives sont les mêmes se trouvant être contre la traversée du lac et la fermeture de la boucle autour de Genève... Il y donc là une incohérence totale. Il faut savoir ce que l'on veut. Et ce qu'il y a, c'est que, comme les gens...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député !

M. René Desbaillets. Oui ! Comme les gens en ont un peu ras le bol, la Ville de Genève a une technique, c'est d'installer des gendarmes couchés. Ainsi, les voitures ralentissent, puis accélèrent - ce qui fait du bruit ! Ensuite, on fait mesurer le bruit, on dépose une pétition, et on ferme la rue ! Que se passe-t-il, deux ans après ? Puisqu'on a fermé la rue, les automobiles en empruntent d'autres. Et puisqu'il y a davantage de véhicules, eh bien, il y a aussi plus de bruit, et on ferme à leur tour ces autres rues... Si l'on continue comme ça, dans dix ans, il n'y aura plus du tout de véhicules en ville de Genève. Ce sont les voeux de certains, ce ne sont pas les nôtres, et on verra ce que le peuple dira !

M. Olivier Norer (Ve), rapporteur de minorité. Merci au rapporteur de majorité - remplacé par M. Desbaillets - parce qu'il a largement cité le rapporteur de minorité, en indiquant que la commission sombre très souvent dans des problèmes idéologiques. Il a oublié de mentionner que, très souvent, on faisait dans cette commission le procès d'intention de la Ville de Genève, en partant du principe qu'elle, forcément, veut supprimer toute circulation à Genève... Ce qui n'est absolument pas le cas, vous en conviendrez. Et pour cause ! Tout simplement, parce que la Ville de Genève cherche à appliquer les principes voulus par le Grand Conseil, notamment sur des problématiques de hiérarchie du réseau routier. En commission des pétitions, nous avons eu l'occasion de traiter de cela dans d'autres communes - notamment celle de Troinex, dirigée à l'époque par un libéral - qui souhaitaient, exactement de la même manière, procéder à l'élimination du trafic de transit dans les rues de quartiers ! La Ville de Genève n'instaure pas autre chose que la politique libérale de la commune de Troinex ! Fait-on un procès d'intention à cette dernière ?! Non... Mais, dans le cas de la Ville de Genève, le bouc émissaire est tout désigné ! Cela n'est pas acceptable.

Maintenant, venons-en aux faits, parce qu'il y en a dans cette problématique, et il vaut la peine de les mentionner. Ces faits sont tout simples. On constate qu'une bonne partie des rues de quartiers des communes est normalement dédiée au trafic de destination - à celui de livraisons, par exemple. On peut avoir un régime de circulation qui favorise les livraisons. Si cette circulation est prétéritée et phagocytée par des véhicules de transit qui vont dans tous les sens et ne se limitent pas aux axes du réseau primaire, ceux auxquels ils sont destinés, eh bien, les livraisons, la destination, le trafic de proximité, sont dès lors prétérités. Cela engendre alors une augmentation du trafic global, une augmentation du bruit et une augmentation de l'insécurité routière dans les quartiers, dans les communes, je précise: concernées. C'est-à-dire la large majorité des communes !

A partir de là, il faut effectivement effectuer un choix clair: soit on ne favorise personne, et on ne veut pas établir de politique et mettre en pratique celle du Grand Conseil, c'est-à-dire la hiérarchie du réseau routier, et alors on accepte toutes les pétitions dans la même direction; soit on applique cette politique, et l'on considère que la Ville de Genève est dans son bon droit d'exécuter la loi, tout simplement, et de demander que les rues de quartiers ne soient pas destinées à du trafic de transit. Cela ne veut pas dire interdire la circulation. Non ! Pas du tout ! On empêche juste que n'importe qui passe par n'importe où ! C'est tout simple.

Présidence de M. Gabriel Barrillier, premier vice-président

Le président. Merci, Monsieur le rapporteur de minorité. La parole est à M. Pascal Spuhler.

M. Pascal Spuhler (MCG). Cette pétition émanant de l'Association des habitants des Eaux-Vives suscitera, à mon avis, un gros débat. En effet, ce sont les prémices de la fermeture de 200 rues, suite à l'initiative «Pour 200 rues piétonnes» qui a été déposée en Ville de Genève et acceptée par l'ancien Conseil municipal à majorité de gauche. Et ils vont nous faire avaler cette couleuvre: 50 rues à l'essai ! Avec une partie de la droite et des associations de commerçants, nous avons déposé un référendum à ce propos.

Par rapport à cette pétition et à la fermeture d'une partie de la rue de Montchoisy, il faut bien comprendre qu'il s'agit d'une vingtaine de mètres, à la hauteur du croisement entre la rue du 31-Décembre et celle de Montchoisy. Cela n'a aucune logique. En effet, si l'on se base sur les affirmations de M. Pagani, conseiller administratif de la Ville de Genève, cela vise... (Brouhaha.) ...à empêcher, par la rue de Montchoisy, le trafic de transit dans le quartier et à le dévier sur des artères principales telles que la rue des Eaux-Vives et celle de Frontenex - et cela tend également à préserver l'école de la rue de Montchoisy. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Il faut juste savoir, Mesdames et Messieurs, que, sur les fameuses artères principales mentionnées par M. Pagani, il y a également l'école des Eaux-Vives - à la rue des Eaux-Vives - et l'école du 31-Décembre, située sur le haut de la rue de Frontenex. Donc, dévier un plus fort trafic sur des rues où se trouvent deux autres écoles d'importance, cela me paraît un peu douteux comme argument !

Alors, que vont-ils faire ? Ils vont placer une sorte de coussin berlinois, avec deux ou trois pots de fleurs... Qu'est-ce que cet aménagement: un espace de vie de quartier ? Un espace agréable que l'on veut voir dans un quartier ? Des bouts de pots de fleurs et des espèces de coussins berlinois ?! S'il vous plaît, concevez au moins des espaces de vie agréables, avec des bancs, des arbres et des choses comme ça ! Et là on pourra concevoir une vie de quartier et comprendre pourquoi le trafic est dévié ! Pour l'instant, il n'y a aucune logique ! Ce sont des tests qui coûtent un prix incroyable à la population, et on s'amuse, comme ça, à jouer au Lego avec les deniers du citoyen ! C'est juste une aberration totale ! C'est une incohérence. Et c'est du dogmatisme... je vous laisse deviner d'où il vient.

M. Stéphane Florey (UDC). Ce projet de fermeture de la rue de Montchoisy est clairement, comme cela a été dit, une mesure anti-voitures. Mais au-delà de cela, il s'agit également d'une mesure anti-commerces.

Pourquoi anti-voitures ? Parce que, une fois de plus, il s'agit d'empêcher les voitures de circuler librement. Que va-t-on faire également ? On va reporter le problème de la circulation sur les autres axes, ce qui va les engorger davantage et entraver la libre circulation des voitures. Quant aux activités commerciales... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...eh bien, ce sera également la mort du petit commerce. Vous savez très bien que, quand on a un magasin de tabac ou une boulangerie, au-delà des personnes du quartier qui viennent se fournir chez vous, plus de la moitié du chiffre d'affaires s'obtient avec les gens de passage ! Si les voitures ne peuvent plus s'arrêter, c'est une perte nette pour les commerçants: ils verront leur clientèle aller ailleurs. On l'a constaté dans tous les quartiers où cela - empêcher la circulation - a été réalisé, les petits commerces ferment et vont voir ailleurs... Ensuite, ceux qui sont les plus lésés sont les habitants de la rue concernée, parce qu'ils n'ont plus de commerces à disposition.

C'est pour ces deux raisons que nous demandons le renvoi au Conseil d'Etat.

Mme Fabienne Gautier (L). J'aimerais rappeler ici qu'à fin 2011 nous avons voté un moratoire sur ce quartier, et nous le respectons. Mais, vraisemblablement, la Ville n'en a rien à faire et ne le respecte pas, puisqu'elle fait du porte-à-porte dans le quartier, pour voir un peu ce qui se passe avec les habitants. Il faut savoir aussi que, dans le quartier des Eaux-Vives, il y a plusieurs associations. Parmi elles, il y a des associations d'habitants. Il y a notre vieille association d'habitants et de commerçants, laquelle s'oppose à toute cette manipulation par la Ville pour fermer ce quartier. Et pour cause ! Vous connaissez la nécessité de l'accessibilité dans ce quartier, tant pour les habitants que pour les commerçants, surtout pour les livraisons. Et je ne répéterai jamais assez que c'est justement dans ces quartiers qu'on retrouve de petites boutiques de commerçants qui sont souvent des artisans, artisans qu'on a besoin d'aller voir - peut-être des ébénistes qui réparent des meubles. On doit pouvoir apporter sa chaise ou son meuble à réparer, car ils ne viennent plus les chercher. Or, avec ces mesures de fermeture, on ne pourrait plus le faire ! Et c'est vraiment toute une ambiance de quartier que l'on tuerait, en supprimant ces commerces-là. Parce qu'ils iront ailleurs ! On crée des zones pour les artisans, je suis d'accord... Mais sachez que, ces petits commerçants, cela fait des années et des années qu'ils sont dans ces quartiers, qu'ils sont en plein centre-ville, qu'ils animent ces quartiers ! Et vous voulez les tuer en prenant des mesures de fermeture et d'inaccessibilité à ces quartiers !

Inaccessibilité aussi pour les habitants, sans donner de mesures compensatoires. On le voit typiquement dans le quartier des Eaux-Vives, il n'y a aucune mesure compensatoire, parce qu'on ne veut pas, non plus, réaliser de parking souterrain pour les voitures. Tout parking qui a envie de voir le jour... Il y avait même une idée de M. Ferrazino, à l'époque, pour en créer un sur la place de la mairie: on a tué l'idée ! Aucun parking n'arrive à voir le jour, parce qu'on s'oppose toujours à toutes ces mesures de parking ! Et c'est une manière de mettre sous terre les voitures des habitants des Eaux-Vives.

Alors, lorsque nous aurons pris des mesures compensatoires... Et c'est pourquoi un référendum a été lancé contre les 50 rues piétonnes, référendum que j'invite les habitants de la ville à signer. Parce qu'il n'y aucune vision globale ! Aucune mesure compensatoire n'est prise, et cela tue les quartiers ! C'est tout ! Si l'on veut tuer les quartiers de la ville, il n'y a qu'à faire 200 rues piétonnes !

Nous ne pouvons pas accepter cela, voilà pourquoi nous renverrons cette pétition au Conseil d'Etat.

Le président. Merci, Madame la députée. Je donne la parole à M. Pierre Weiss, à qui il reste vingt-cinq secondes.

M. Pierre Weiss (L). Monsieur le président, c'est la mort des Eaux-Vives ! On a déjà, par des grèves, évité les vagues; on veut en réalité, par des murs, éviter les voitures; on veut évidemment éviter qu'il y ait de nouvelles constructions... C'est la généralisation du syndrome de la mort de la ville ! Voilà la raison pour laquelle il faut évidemment rejeter cette pétition. (Brouhaha.) Voilà surtout la raison pour laquelle il est regrettable que les habitants du reste du canton ne puissent voter lors de ce référendum. Voilà l'illogisme de notre fonctionnement démocratique, où certains empêchent l'intérêt général d'être exprimé !

Le président. Merci, Monsieur le député - vous avez légèrement dépassé. La parole est maintenant à M. Roberto Broggini.

M. Roberto Broggini (Ve). En tant que commerçant, je peux vous dire que les rues piétonnes amènent beaucoup plus de monde qu'une rue qui est constamment occupée par des voitures, des tôles qui restent immobiles les 98% de leur temps ! Ce qui est le paradoxe de l'automobile !

Comme instigateur de cette initiative «Pour 200 rues piétonnes en ville de Genève» - de même qu'en tant qu'ancien président du Conseil municipal - je peux aussi vous signaler, notamment à M. le rapporteur de majorité, que ce dernier pourra beaucoup mieux livrer ses bouteilles de vin dans des rues qui ne sont pas obstruées par des automobiles n'ayant strictement rien à y faire ! Il convient de remettre nos rues à la disposition des citoyens !

Vision globale des 200 rues piétonnes: vous me permettrez de relever, pour Mme Gautier - Monsieur le président, vous transmettrez, bien entendu - qu'un groupe de travail existe entre la Ville de Genève, les instigateurs de l'initiative et le bureau d'étude en charge de cela, et je suggérerai à Mme Gautier de mieux s'informer quant à cette problématique.

Prenons, par exemple, la rue du Lac, aux Eaux-Vives, où il y a ce très beau bistrot qui s'appelle La Bodega, et où nous avons un tronçon piéton: eh bien, le patron est ravi ! Il est ravi, car non seulement il bénéficie de livraisons qui s'effectuent sans entraves - sans voitures mal garées ou qui seraient là en permanence - mais, en plus, il peut avoir une belle terrasse ! C'est cela qui profite au commerce ! Et ce n'est pas, Madame Gautier - vous transmettrez, Monsieur le président, bien entendu - votre politique, laquelle tue la ville ! Autre exemple: M. Juppé, qui n'est pas forcément un gauchiste...

Une voix. Un affreux gauchiste !

M. Roberto Broggini. «Un affreux gauchiste !» Il a transformé Bordeaux... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...en zone piétonne ! Eh bien voilà ! Nous devons aller dans cette direction, et c'est pour cela que nous refuserons cette pétition égoïste et qui n'a pas de vision globale. Je vous remercie, Monsieur le président. (Applaudissements.)

M. François Gillet (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, au PDC, nous sommes convaincus depuis longtemps qu'il faut sortir de cette guerre stérile des transports, qui ne mène à rien. Nous sommes aussi conscients qu'il faut sortir du mythe qui voudrait qu'une rue piétonne soit forcément mauvaise pour le commerce; il n'y a qu'à voir à Zurich ou à Bâle comment les rues piétonnes fonctionnent et sont pleines de clients, quasiment quotidiennement.

Mais, au PDC, nous sommes également persuadés qu'on ne peut pas faire n'importe quoi en termes de piétonnisation, notamment lorsque, dans certains quartiers - nous avions déjà eu ce même débat, de l'autre côté du lac, concernant le quartier des Pâquis - on entreprend de couper en deux les artères qui, précisément, permettent aussi aux gens qui habitent le quartier concerné de pouvoir se rendre chez eux en véhicule privé.

Donc oui, il faut aller dans le sens de plus de convivialité dans les quartiers de la ville et de la périphérie. Oui, nous allons soutenir - c'est le point 57 de l'ordre du jour - le nouveau Plan directeur du stationnement, qui prévoit précisément de compenser la suppression de places de stationnement en surface par des places en ouvrage, afin de rendre une partie de l'espace public aux piétons. Toutefois, il y a des situations où l'on ne peut pas le faire, parce que des quartiers sont coupés en deux. Dans le cas présent, avec la route de Montchoisy, ce n'était pas forcément la meilleure solution, raison pour laquelle les commissaires qui ont étudié ce dossier soutiennent le renvoi de la pétition au Conseil d'Etat.

M. Antoine Droin (S). Mesdames et Messieurs les députés, j'ai une grande déclaration à vous faire... (Exclamations.) ...car, à l'unanimité de notre groupe - c'est-à-dire moi-même, représentant le groupe socialiste en commission - comme vous l'aviez remarqué, on s'était abstenu. On fait tous des erreurs par moments. Et je vous signale qu'«à l'unanimité de moi-même et de notre groupe»... (Rires.) ...nous allons voter le rapport de minorité, pour toutes les raisons qui ont été si bien évoquées par le rapporteur de minorité et mon voisin de gauche...

Une voix. Sur ta gauche !

M. Antoine Droin. Voilà, à gauche. (Rires.) J'aimerais simplement rappeler aussi, en complément de tout cela, que le peuple a aussi voté en faveur de la mobilité douce et de la tranquillité des quartiers, par la même occasion la paix de l'habitat en ville, et qu'il faut aussi en tenir compte !

Effectivement, il y a des guerres de clochers - Monsieur Gillet, vous avez raison - et la mobilité est un grand défi de ces prochaines années. Nous aurons certainement l'occasion d'en reparler très bientôt dans cette salle, c'est-à-dire probablement lors d'une prochaine séance, et nous pourrons revenir bien en profondeur sur toutes ces questions. En l'occurrence, concernant cette pétition, je vous recommande de suivre le rapport de minorité !

Le président. Merci, Monsieur le député. Je donne la parole à M. Claude Jeanneret, à qui il reste trente secondes.

M. Claude Jeanneret (MCG). Merci, Monsieur le président. Il est clair que le MCG va soutenir cette pétition. On entend beaucoup de choses et, comme d'habitude, ce sont les gens qui n'habitent pas le centre-ville qui pensent au bien-être de ceux qui y logent... Merci pour eux ! Moi, j'y habite, et je trouve que les décisions de ce genre, refuser une demande de circulation pour les gens qui habitent là et les commerçants, c'est aberrant et c'est tuer une ville. J'espère que ce sera refusé, car si l'on doit avoir une ville morte, ce n'est pas drôle ! Et surtout pour ses habitants ! Est-ce que certains, qui veulent arriver à cela, souhaitent obtenir un appartement au centre-ville par ce moyen ? C'est autre chose... Et cela me fait un peu penser à l'éducation: ce sont...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député, s'il vous plaît !

M. Claude Jeanneret. ...les personnes qui n'ont pas eu d'enfants qui sont les seules à avoir toujours des solutions infaillibles pour les éduquer. Là, ce sont ceux qui n'habitent pas le centre-ville qui ont la solution infaillible pour résoudre le problème ! Je trouve cela assez regrettable. Merci, Monsieur le président.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je donne la parole à M. Olivier Norer, rapporteur de minorité, à qui il reste trente secondes.

M. Olivier Norer (Ve), rapporteur de minorité. Cela devrait être suffisant, j'aimerais juste rappeler deux éléments très importants. Le projet que vous avez tant décrié au niveau de la majorité semble être contre la voiture: en l'occurrence, il crée - net - 19 places de stationnement en plus pour les véhicules automobiles et 40 places - net - pour les deux-roues motorisés... Manifestement, c'est à vos yeux un très mauvais projet en termes de mobilité !

Autre point: apparemment vous semblez penser que tout bon client d'un commerce y entre en voiture... (Rires.) En l'occurrence, les bons clients qui entrent en voiture dans un commerce sont en voiture-bélier, et je peux vous assurer que ce ne sont pas de bons clients ! (Commentaires.) Pour ces deux bonnes raisons, nous vous proposons de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, beaucoup de choses ont été dites au sujet de cette pétition, laquelle concerne non pas la fermeture des Eaux-Vives, mais celle, à l'essai, de 40 mètres de la rue de Montchoisy. Ça limite le débat ! (Brouhaha.)

On nous dit que c'est la mort du centre-ville... Il ne faut pas exagérer ! Fermer 40 mètres, rue de Montchoisy, ce n'est vraiment pas la mort du commerce. Cela répond à une demande des habitants du centre-ville, des parents d'élèves... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...et de tous les habitants de ce quartier, qui sollicitent la fermeture de la rue. Il y a eu une contre-pétition de personnes qui ne sont jamais allées dans ces assemblées, pour dire le contraire: nous avons demandé à la Ville de Genève de refaire une enquête, et c'est ce qui se passe actuellement. En effet, le Conseil d'Etat avait indiqué que le moratoire devait être prononcé, afin que la Ville refasse une enquête pour savoir si les habitants sont plutôt favorables ou défavorables à cela: nous attendons... (Remarque.) Les commerçants, je les mets dans la même catégorie.

Ce qui se passe rue de Montchoisy, ce n'est pas une histoire de commerçants ou d'habitants, mais de transit pour éviter un feu. Malheureusement, des vitesses allant jusqu'à 80 km/h ont été mesurées dans cette rue, où il y a une école ! Eh bien, ce n'est pas normal. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Vous avez vu que nous avions réalisé une étude sur les parkings. J'ai moi-même proposé de revenir sur celui de Clé de Rive, j'ai demandé que ce soit traité par le Conseil d'Etat et qu'on avance sur le projet, afin de réaliser la compensation pour la piétonnisation du centre-ville. J'estime qu'il faut aller dans ce sens, pour avoir une vision globale de la mobilité. Il faut préserver l'accès et la possibilité de transporter des objets chez des artisans; par contre, il faut limiter le transit, notamment celui qui se produit à vive allure devant des écoles.

Je crois qu'il faut vraiment recentrer le débat: cette pétition concerne la fermeture, à l'essai, de 40 mètres de la rue de Montchoisy... Franchement, c'est tout à fait acceptable ! Une fois l'essai accompli, après une année, il y aura à nouveau un bilan, nous pourrons vous dire de manière plus claire si c'était positif ou pas. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Je vais mettre aux voix les conclusions du rapport de majorité.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 1781 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 50 oui contre 28 non.