République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1980
Proposition de motion de Mmes et MM. Céline Amaudruz, Stéphane Florey, Christo Ivanov, Christina Meissner : Les automobilistes pris en otage par le Conseil d'Etat : halte à la paralysie routière organisée!

Débat

Le président. Il s'agit d'un débat de catégorie II, à savoir que trois minutes par groupe sont imparties. Madame Céline Amaudruz, je vous donne la parole.

Mme Céline Amaudruz (UDC). Merci, Monsieur le président. Après les bus, les vélos, les TPG, les cars, nous passons aux automobiles...

Des voix. Ah !

Mme Céline Amaudruz. Ah ! (Remarque de M. Christian Bavarel. Le président agite la cloche.)

Le président. Monsieur Bavarel !

Mme Céline Amaudruz. Certains, dans ce parlement, considèrent que nous sommes pris en otage par l'ancien président du Grand Conseil... Eh bien, le groupe UDC pense que c'est le Conseil d'Etat qui prend en otage les automobilistes ! Car Genève est devenu un véritable chantier - et je reste polie ! (Exclamations.) En effet, des chantiers sont en cours partout dans le canton: dans toutes les communes... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...dans tous les quartiers.

Il me semble que le Conseil d'Etat est aujourd'hui en train d'établir un véritable plan de bataille anti-voitures en lieu et place d'un vrai plan de mobilité. La DGM n'existe pas ! Par contre, la DGI - la direction générale de l'immobilité - existe ! Et c'est probablement le meilleur département du canton de Genève, parce qu'il n'est plus possible de se déplacer: les gens mettent plus d'une heure, le matin, pour se rendre à leur travail, et c'est absolument scandaleux ! (Brouhaha.) Si je peux comprendre que la conseillère d'Etat chargée de ce département se batte pour interdire la liberté de circulation des voitures... (Remarque de M. Christian Bavarel.)

Le président. Monsieur Bavarel, vous frôlez le carton rouge !

Mme Céline Amaudruz. ...et pour un combat du «cyclo-terrorisme», je ne peux pas comprendre que le Conseil d'Etat, qui est à majorité de droite, ne soutienne pas les automobilistes et la liberté de circulation, qui est prévue par la Constitution fédérale et par la constitution cantonale.

Quant à l'Entente, qui est notamment largement représentée au Conseil d'Etat, elle prétend défendre les PME, les entreprises et l'économie de la Ville de Genève. J'aimerais bien comprendre comment elle peut prétendre une telle chose, alors que les entreprises ne peuvent plus fournir leurs prestations - elles n'arrivent pas à remplir leurs contrats - et que la population ne peut plus avoir accès aux petits commerces: c'est un scandale ! On se moque de nous, et on ne peut plus le tolérer !

Aujourd'hui, dans la mesure où l'Etat ne répond pas à ses obligations, j'aimerais obtenir plusieurs choses: qu'il soumette au Grand Conseil un nouveau calendrier des travaux - parce que c'est vraiment n'importe quoi - qu'il gèle les travaux qui n'ont pas une importance primordiale et qu'il coordonne les divers services de l'Etat dans le but d'accélérer les travaux. Il est clair également, dans la mesure où le citoyen ne peut finalement plus utiliser sa voiture, qu'il n'a plus à payer la taxe automobile. En conclusion, je vous remercie de bien vouloir soutenir la présente motion.

Une voix. Bravo !

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à Mme... Oh, pardon ! Je le prie de m'excuser: la parole est à l'excellentissime député M. Antoine Barde...

M. Antoine Barde (L). Merci, Monsieur le président ! Ça fait déjà deux fois aujourd'hui ! (Rires.)

Le président. Là, vous insistez lourdement !

M. Antoine Barde. J'en suis navré ! (Rires.) Mesdames et Messieurs les députés, je voudrais dire à l'UDC de ne pas trop exagérer à taper tout le temps sur l'Entente. En théorie, nous devrions plutôt nous entendre sur la question de la mobilité... (Remarque. Rires.) Nous ne pouvons pas toujours être d'accord sur tout, mais je pense néanmoins que nous devons faire front commun pour travailler sur les problématiques de mobilité à Genève. Je me réjouis d'ailleurs que ce thème de mobilité - ou d'immobilité - ait été évoqué ce soir.

Pour en revenir à cette motion, je dirai qu'elle a au moins le mérite de soulever quelques bonnes questions. En effet, nous ne pouvons que constater les blocages constants que vivent les automobilistes. Il est temps de mieux gérer nos problèmes de circulation, tant par une meilleure gestion des travaux que par, effectivement, une meilleure coordination des services de l'Etat, et éventuellement de nous demander comment améliorer la gestion des feux de signalisation.

Il me paraît donc important que les invites de cette motion, dont la dernière nous paraît plus qu'inacceptable, soient discutées en commission. C'est pour cette raison que le groupe libéral demande le renvoi de cette motion à la commission des transports.

Mme Lydia Schneider Hausser (S). Cette motion UDC est surréaliste ! Oser utiliser les articles 9 et 10 de la Constitution fédérale, qui concernent les droits fondamentaux de la personne tels que la protection contre l'arbitraire et le droit à la liberté, pour parler des automobilistes, de l'homo sapiens qui possède une voiture, c'est vraiment incroyable !

Cela montre que, pour l'UDC, la voiture n'est plus considérée comme un outil, un moyen de transport, mais bien comme faisant partie de l'être humain, comme ses bras, ses mains, son corps. Je vous laisse méditer sur la question...

Ensuite, toujours pour parler des automobilistes, évoquer l'article 7 de cette même constitution, qui concerne la dignité de l'être humain, est intéressant... Cela veut dire que les bouchons routiers attentent à la dignité de cet être humain, ayant comme appendice la voiture ! Cela signifie également que toutes les personnes bénéficiant de l'aide sociale, qui n'ont pas le droit de posséder une voiture, ne sont pas traitées avec dignité à Genève.

Par ailleurs, alors qu'il y a deux ans tout le monde dans ce parlement réclamait des travaux publics d'envergure pour juguler le chômage et la crise, l'UDC, par le biais de cette motion, demande de quasiment tout arrêter, car les automobilistes dignes ne peuvent plus circuler comme ils le désireraient. Et, en raison des multiples chantiers en cours à Genève, elle pousse le bouchon jusqu'à demander un moratoire: un arrêt de toutes les amendes et, pendant qu'elle y est, la suspension de la taxe automobile ! C'est vraiment surréaliste !

Mesdames et Messieurs, soyons un peu sérieux et responsables ! En tant que membres du groupe socialiste au Grand Conseil, nous nous réjouissons que Genève se réveille enfin et fournisse un effort en matière de trams, de fibres optiques ou d'aménagements urbains de qualité. Et, toujours en tant que députés, nous remercions la population genevoise et les automobilistes des efforts qu'ils doivent fournir et de la patience dont ils doivent faire preuve par rapport à ces désagréments momentanés. Mais nous sommes en train de réaliser, Mesdames et Messieurs, des travaux indispensables pour les transports publics, des transports qui rendront service à une population beaucoup plus large que les actuels automobilistes grincheux de l'UDC !

Nous refusons cette motion car, en tant que socialistes, nous sommes tournés vers l'avenir, vers les transports publics et en commun. Merci beaucoup de refuser cette motion. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la députée. Maintenant, vous avez la parole, Monsieur le député Bavarel...

M. Christian Bavarel (Ve). Merci, Monsieur le président. Je suis touché que vous me cédiez la parole de manière aussi sympathique que cela...

Mesdames et Messieurs les députés, je vais vous faire un aveu: les Verts aiment les automobilistes... (Exclamations.) ...mais pas leurs voitures ! (Rires.) Nous sommes en présence d'une motion exceptionnelle, merveilleuse: elle préconise de ne surtout plus amender un automobiliste qui aurait réussi à se mettre au milieu d'un carrefour lorsqu'il y a des travaux... Comme ça on bloque tout ! Comme ça on est tranquille ! J'aime beaucoup ce côté «punkoïde» de l'UDC ! (Brouhaha. Le président agite la cloche.) J'imagine que, chez certains d'entre vous, la crête pousse à l'intérieur, parce qu'elle n'est pas très visible à l'extérieur ! Quoi qu'il en soit, je trouve que cette solution pour organiser le chaos est extrêmement intéressante ! Arrêtons de mettre des amendes quand il y a des travaux !

Oui, Mesdames et Messieurs les députés, nous avons décidé de réaliser tous ces travaux à Genève pour rattraper le retard ! Et après, il a fallu organiser ces travaux: pas de bol, nous avons commis l'erreur de confier cette organisation à un libéral ! (Rires.) Eh bien, nous ne le ferons plus: la prochaine fois nous donnerons cette mission à des gens responsables et capables d'organiser des travaux ! Ne confiez pas des travaux à un libéral: voyez ce qui se passe ! Confiez-les à des personnes qui savent travailler et organiser les travaux: cela ira beaucoup mieux !

Maintenant, les entreprises ont besoin de bosser... Genève avait du retard en matière de travaux, car rien n'a été fait pendant vingt ans, puis nous avons réalisé qu'il fallait agir rapidement et nous faisons tout à la fois. C'est anticyclique: nous avons moins de chômage que les autres et nous traversons la crise avec plus de confort. Tant mieux !

Mesdames et Messieurs les députés, cette motion qui demande d'arrêter de punir les automobilistes qui se comportent mal au moment le pire, au moment où au contraire il faudrait être le plus discipliné, c'est une catastrophe !

Je vous le répète, nous, les Verts, nous aimons les automobilistes et nous aimerions beaucoup qu'ils puissent circuler, comme tous les citoyens, le plus librement possible. Nous les invitons donc tous à se déplacer à vélo ou en bus et, vous verrez, il y aura plein d'automobilistes heureux sur leur vélo ! (Applaudissements.)

Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC). Il est évident que les interrogations ou les critiques contenues dans cette motion correspondent à des réalités, mais les réponses ont déjà été données.

Oui, c'est vrai - le parti démocrate-chrétien le reconnaît - les chantiers en cours sont nombreux, mais c'est parce que nous avons voté 900 millions d'investissements justement pour des routes, pour des passages piétons, pour les trams et également pour la mobilité douce, et nous nous en réjouissons. Ces réalités sont donc en lien avec d'autres réalités: ces investissements correspondent à des besoins, à la politique anticyclique qui est menée.

Ensuite, c'est vrai, nous avons toujours indiqué que nous soutenions des parkings souterrains en compensation des places de parking en surface qui sont supprimées. Beaucoup de travaux correspondent donc à ce qui nous préoccupe depuis très très longtemps.

C'est vrai aussi, des réponses à vos interrogations ont déjà été données en commission, mais tout laisse à penser qu'il faut les répéter deux fois, trois fois, dix fois, pour que certains les entendent.

C'est donc du bout des lèvres que nous admettons que le renvoi de cette motion à la commission des transports a du sens.

M. Antoine Bertschy (UDC). La cheffe de groupe du parti socialiste nous a demandé de méditer... Avec tout le respect que je vous dois, chère Madame, si je voulais méditer, je lirais d'autres paroles que les vôtres: Lao Tseu, Kant ou d'autres, mais certainement pas vos propos !

D'autre part, vous demandez à nos concitoyens d'avoir momentanément de la patience... Vous savez, cela me fait penser aux coupures qui interviennent au moment où l'on regarde une émission à la télévision - comme il y a une coupure du réseau routier, à l'heure actuelle, car l'on ne peut plus circuler à Genève en raison des travaux. Lorsque cela arrive, on nous demande d'avoir momentanément de la patience... Eh bien, il faut savoir qu'au bout de trente secondes, les téléspectateurs zappent. Et j'espère que les citoyens feront comme les téléspectateurs, c'est-à-dire qu'ils zapperont la gauche aux prochaines élections, qu'ils zapperont le petchi que vous mettez dans la ville !

Le président. Monsieur le député, adressez-vous à moi, dans le calme qui vous sied si bien, sans essayer de singer d'autres députés de ce parlement !

M. Antoine Bertschy. Cher Monsieur le président, avec tout le respect que je vous dois, je m'adressais à des partis politiques, et je pense pouvoir faire un discours politique ! A moins que vous ne m'interdisiez de parler ? Quoi qu'il en soit, si vous souhaitez que je ne m'adresse qu'à vous, à votre sainteté, à votre honneur... (Rires.) ...je le ferai avec grand plaisir ! (Rires.)

Le président. C'est parfait: allez-y !

M. Antoine Bertschy. J'ignorais que nous étions, dans ce parlement, dans un mouvement sectaire ! Certes, je pensais que le MCG est un mouvement sectaire, mais je n'imaginais pas que vous vous preniez vous-même pour un gourou ! (Rires.)

Une voix. C'est gratuit, ça !

M. Antoine Bertschy. C'est gratuit, mais ça fait plaisir ! (Rires. Commentaires.) Ce que je voulais dire, Monsieur le président, c'est que certains milieux de ce parlement défendent leur point de vue, qui consiste à bannir totalement l'automobile de notre ville: cela correspond à leur conception de la société. OK ! Ils n'ont pas compris Ford ! Ils n'ont pas compris que nous sommes entrés dans la civilisation de l'automobile... (Exclamations.) Ils n'ont pas encore compris, au bout de cent ans, que chaque citoyen a le droit de circuler de façon indépendante, que les autorités ne doivent pas être les seules à pouvoir circuler à cheval, que l'hippomobile, c'est fini !

M. Manuel Tornare. Amaudruz, Amaudruz ! (Commentaires.)

M. Antoine Bertschy. Ah oui, notre présidente circule à cheval ! Ou Mme Gauthier: c'est vrai ! Nous avons le respect des autorités... Il y a aussi des personnes chez vous qui circulent à cheval...

L'automobile a permis à tout le monde de circuler: cela a été un élément qui a permis à notre société de se développer, et nous voulons que nos citoyens puissent continuer à circuler. C'est pour cela que nous ne voulons pas d'entraves à la circulation. Or, ce qui se passe à l'heure actuelle, c'est qu'en raison des travaux, en raison de l'initiative 144 - que le peuple balaiera prochainement en votations - nous risquons de ne plus pouvoir circuler et, nous, nous voulons que les gens puissent circuler. La mobilité, c'est le sang d'une société, Mesdames et Messieurs les députés ! L'empêcher, c'est empêcher le corps, c'est-à-dire la société, de vivre !

Mesdames et Messieurs les députés, ce que nous vous proposons avec cette motion, c'est que les citoyens, qui sont considérés comme des vaches à lait...

Le président. Monsieur le député, il vous faut conclure !

M. Antoine Bertschy. Oui, mais vous m'interrompez constamment, alors évidemment il ne me reste plus beaucoup de temps ! Ce que nous vous proposons, c'est que les citoyens automobilistes cessent de payer les nombreuses taxes liées à la voiture. Nous aimerions qu'un jour on leur dise que s'ils ne peuvent plus circuler, ils ne paient plus de taxe automobile. Cette proposition nous semble tout à fait logique ! (Applaudissements.)

M. Roger Deneys (S). Je remercie l'UDC d'avoir déposé un texte avec des propositions aussi sympathiques... D'une certaine manière, je regrette qu'il ne soit pas possible de les appliquer ce soir même, notamment la deuxième invite qui consiste à geler tout de suite les travaux... (L'orateur est interpellé.) Les travaux non urgents; il faut relire votre texte, Madame la députée ! Je vous propose que tous les travaux considérés comme non urgents soient gelés ce soir et que les chantiers soient laissés en l'état jusqu'à ce qu'on les considère urgents ! (Rires. Applaudissements.) Cela résoudra certainement tous les problèmes de circulation dans les meilleurs délais !

Je me réjouis également de l'autre invite consistant à ne plus délivrer d'amendes d'ordre à ceux qui stationnent illégalement... C'est idéal ! Je propose même qu'on laisse le parking gratuit illimité partout !

Des voix. Bravo ! (Applaudissements. Exclamations.)

M. Roger Deneys. Je suis sûr que l'amélioration de la situation va être immédiate: cela va être magnifique !

En réalité, nous savons bien que c'est le contraire qu'il faut faire ! En effet, nous n'avons justement pas assez de contrôles pour garantir un accès correct aux commerces et les entreprises ne peuvent pas travailler, précisément parce qu'il y a trop d'utilisateurs parasites de la voiture, qui pourraient utiliser les transports publics ou la mobilité douce. A cet égard, le Groupement des entrepreneurs et indépendants progressistes que j'ai l'honneur de présider est bien entendu favorable au fait que nous développions les transports publics et la mobilité douce. Et c'est bien parce que les contrôles sont insuffisants à l'heure actuelle que nous ne pouvons pas travailler comme il faut !

Par conséquent, Mesdames et Messieurs les députés, renforcer les transports publics et la mobilité douce - ce qui génère forcément des chantiers pendant quelques années - c'est la seule solution si nous voulons sortir du marasme dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui à Genève. Si cette proposition de l'UDC était acceptée, ce serait absolument fantastique: le blocage serait immédiat, et je me réjouis des débats qui s'ensuivraient ! Mesdames et Messieurs les députés, nous risquons bien de voter cette motion !

M. Michel Ducret (R). Mesdames et Messieurs... (L'orateur s'interrompt un instant. Rires.) Il faut que je m'y retrouve dans mes notes ! En effet, cette proposition est tellement extraordinaire qu'il est difficile de s'y retrouver !

Il y a un calendrier des travaux, mais je crains effectivement que personne n'en ait pris connaissance, que personne ne le lise. En ce qui concerne la proposition de geler les travaux non urgents, je pense pour ma part, Mesdames et Messieurs, qu'elle n'est pas pertinente, car il n'y a pas de travaux non urgents en matière de mobilité dans notre canton, d'autant que nous avons au moins vingt ans de retard dans ce domaine ! Alors, si vous en trouvez, il faudrait nous en informer: il serait vraiment intéressant de faire l'économie de les réaliser !

S'agissant de l'invite ayant trait à la coordination des divers services de l'Etat - il n'y a d'ailleurs pas que l'Etat: il y a la Ville de Genève, les Services industriels, les Transports publics genevois et j'en passe - si c'était la seule de cette proposition de motion, nous applaudirions des deux mains car, cette coordination ne fonctionnant pas très bien, nous aimerions bien qu'elle soit améliorée. Nous pourrions donc nous retrouver sur ce point.

Par contre, Mesdames et Messieurs les députés, là où les choses se gâtent vraiment, c'est à la dernière invite, qui ne peut faire l'objet d'aucune discussion ! En effet, que demande-t-elle ? Si l'autoroute est en travaux, il faudrait pouvoir rouler sans limitation de vitesse - par exemple à 200 km/h au lieu de 80 km/h, dans la zone des travaux ?! Oh, moi, je veux bien ! Cela diminuera - c'est certain - le nombre d'automobilistes: par élimination ! (Commentaires.)

C'est comme si, Mesdames et Messieurs, lorsqu'il y a un pic de besoins sociaux, par exemple, au hasard - et cela intéressera la gauche - parce qu'il y a crise et chômage, on proposait au Grand Conseil de suspendre le paiement des impôts ! Il y aurait ainsi encore moins d'argent pour s'occuper des cas sociaux ! Bravo, l'UDC: cette proposition est remarquable ! En tout cas, c'est une épargne pour les pouvoirs publics, car s'ils n'ont plus de moyens, on pourra fermer boutique ! Cela peut être une politique intéressante, du point de vue de ce parti...

Se plaindre des travaux en cours, Mesdames et Messieurs...

Le président. Monsieur le député, il vous faut songer à conclure !

M. Michel Ducret. ...c'est tout simplement inconvenant: le parti radical préfère se préoccuper de ce qui ne se fait pas ! Nous vous invitons par conséquent à refuser purement et simplement cette proposition et à vous préoccuper davantage de ce qui peut se faire plutôt que de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui essaient de faire quelque chose pour notre avenir.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Eric Stauffer, auquel je ne rappellerai pas que son groupe a droit à trois minutes de parole, y compris la présentation de l'amendement qu'il propose... (Un instant s'écoule.) Vous avez la parole, Monsieur le député !

M. Eric Stauffer (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, vous pouvez - cela va dans le sens de cette soirée - jouer au jardin d'enfants et vous moquer d'un groupe parce qu'il a déposé une motion... Laissez-moi quand même vous dire que, normalement, l'une des fonctions d'un député, d'un élu - nous sommes cent citoyens genevois à avoir été élus - c'est de relayer le mécontentement de la population ! Et c'est ce qu'ont fait nos collègues de l'UDC ! Vous vous moquez tous de l'UDC... Parfait: ça vous fait rire, vous vous tirez les bretelles en disant: «Ah, t'étais bon ce soir ! De Dieu, qu'est-ce que tu leur as mis ! Pfft ! Super !» (Rires.) A vous entendre, tout va bien à Genève ! La mobilité, c'est le pied: on circule, tout est parfait ! C'est merveilleux ! D'ailleurs, c'est une ville merveilleuse !

Mesdames et Messieurs, moi je reviens de Kuala Lumpur - une ville de 2,5 millions d'habitants - eh bien je vous garantis que vous pouvez traverser la ville d'un point à un autre trois fois plus vite qu'à Genève, alors que la population totale du canton atteint 450 000 habitants ! (Brouhaha.)

En fin de compte, j'en conclus que c'est le constat de votre échec, de votre politique d'échec, qu'il s'agisse d'un gouvernement majoritairement à gauche ou à droite. Je le répète, vous vous moquez des citoyens !

Bravo à l'UDC, même si la motion n'est pas parfaite: elle a relayé le mécontentement de la population mais, vous, vous vous en foutez !

En conclusion, nous soutiendrons cette motion et son renvoi en commission.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Mauro Poggia, à qui il reste une minute vingt.

M. Mauro Poggia (MCG). Je serai très bref... Monsieur le président, chers collègues, c'est juste pour vous dire que j'ai malheureusement le sentiment que, trop souvent, l'on s'arrête sur la forme et que l'on rejette des textes parce que la forme nous déplaît. Si vous étiez des jurés en Cour d'assises et que la peine de mort existait encore, combien de condamnés enverriez-vous à l'échafaud, simplement parce que la forme de la plaidoirie de l'avocat vous déplairait ? (Exclamations. Le président agite la cloche.)

Excusez-moi, mais je pense qu'il faut regarder ce qui se passe ! (Brouhaha.) Il y a effectivement des travaux qui ne sont pas coordonnés correctement: à se demander s'il y a un pilote dans l'avion ! C'est surréaliste; vous l'avez dit, Madame la représentante des socialistes, c'est vrai, c'est surréaliste !

Vous transmettrez à M. Deneys, Monsieur le président, que lorsque nous proposons de geler les travaux, j'imagine - parce que j'ai lu le texte comme lui - qu'il ne s'agit pas des travaux en cours, mais de ceux qui n'ont pas encore commencé ! Alors ne faites pas semblant de ne pas comprendre ! (Brouhaha.)

En ce qui concerne les Verts, merci de nous dire que vous aimez les automobilistes: décidément il ne vous reste plus aucun argument de campagne, puisque, apparemment, c'était le seul... En tout cas, c'est un amour vache ! (Rires. Applaudissements. Le président agite la cloche.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Je donne la parole à M. Ivan Slatkine, à qui il reste une minute trente.

M. Ivan Slatkine (L). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je serai très bref. Je tenais à prendre la parole pour rappeler simplement que le parti libéral a toujours défendu une meilleure mobilité dans ce canton, qu'elle soit privée, publique ou douce. (Exclamations.) Vous pouvez bien rigoler, Mesdames et Messieurs les députés ! Effectivement, le dogmatisme de la gauche en matière de mobilité à Genève fait que notre canton est en train de régresser. C'est une évidence ! Je le répète, contrairement à ce qu'on a pu entendre de la part du MCG, le parti libéral se soucie de la mobilité de tous les Genevois, et de toutes les formes de mobilité.

C'est la raison pour laquelle nous avons demandé le renvoi à la commission des transports, même si nous trouvons la dernière invite tout à fait inacceptable. En revanche, les trois premières invites méritent une discussion, méritent des auditions, et le parti libéral soutiendra ce renvoi en commission.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je donne la parole à M. Vincent Maitre, à qui il reste une minute trente.

M. Vincent Maitre (PDC). Merci, Monsieur le président. Deux mots pour préciser la position du PDC quant au renvoi de cette proposition de motion en commission.

Tout a déjà été à peu près dit sur les invites, et il est vrai que, du point de vue du PDC, la plupart d'entre elles sont inacceptables. Néanmoins, cette motion soulève certaines problématiques, et il nous paraît important - en tout cas aux commissaires des deux commissions potentiellement concernées - d'obtenir un peu plus d'informations sur la manière dont les deux départements intéressés, soit celui de l'aménagement et celui de la mobilité, travaillent, à savoir s'ils travaillent de façon concertée quant à la gestion des chantiers qui s'ouvrent dans notre canton. Je pense effectivement qu'une clarification s'impose, raison pour laquelle le PDC - et d'autres, je l'espère - sera ravi d'obtenir ces informations en commission.

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Nous avons effectivement à peu près tout entendu ce soir... La question qu'il faut se poser, c'est si cette motion a vraiment un sens... En effet, elle est assez paradoxale: l'une des invites demande de «geler les travaux» et, à la ligne suivante, une autre invite propose des mesures «dans le but d'accélérer les travaux»... Il faudrait savoir ! Faut-il les geler ou les accélérer ? (Brouhaha. Le président agite la cloche.)

Hier soir, vous avez voté un montant avoisinant un milliard pour réaliser des travaux et, le lendemain, vous venez vous plaindre, en invoquant le ciel qu'il y a trop de travaux ! Ecoutez, il est assez normal qu'il y ait des travaux, puisque vous les avez votés ! Qui plus est, à l'unanimité ! A un moment donné, il faut savoir ce que vous voulez vraiment !

Tout à l'heure, vous avez refusé une motion qui reprochait à la Fondation des parkings de harceler les automobilistes et, là, on propose encore mieux: un moratoire des amendes d'ordre ! C'est juste ridicule ! Il faudrait arriver maintenant à être plus raisonnables ! Il y a eu des rires, mais, personnellement, je commence vraiment à en avoir assez !

Nous avons entendu parler d'automobilistes «pris en otage», alors j'aimerais que vous vous rappeliez Beslan; c'est cela une vraie prise d'otages ! (Exclamations. Le président agite la cloche.)

Nous venons d'entendre certains appeler à la désobéissance civile... Des gens viennent mettre devant chez moi un panneau appelant à la désobéissance civile, en expliquant que les droits des citoyens sont bafoués... Mais nous vivons dans quelle république ! Non, vraiment, il n'y a pas de quoi rire !

Nous avons également entendu parler de «guerre»... Certains, en commission, ont menacé de «tout faire péter»... Mais c'est quoi ? Dans quelle république vit-on ? Je le répète, il faut calmer le jeu ! (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Et je vous invite sérieusement à reprendre vos esprits ! Cette motion doit être refusée. Jamais on n'a atteint ce stade, dans cette république ! On est en train de faire ou de discuter de «guerre», de «désobéissance civile»... Et pour quelle raison ? Pour une obligation de tourner à droite ! Pour des raisons totalement anecdotiques !

Il faut trouver un point positif à ce débat. C'est que nous vivons dans une république bien tranquille, pour monter ce type de problèmes en épingle ! Encore une fois, je vous invite vraiment à retrouver un peu de sérénité sur ces objets, car ce n'est plus possible: vous avez dépassé les bornes !

Le Conseil d'Etat trouve que cette proposition et la manière de faire sont inadmissibles: il n'est pas correct d'appeler à ne pas respecter la loi ! (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Comment un député ou un parti politique peut-il appeler à ne pas faire respecter la loi, à ce que la police n'applique pas les lois fédérales ? C'est cela qu'il faut arrêter !

Le président. Madame la conseillère d'Etat, il vous faut conclure !

Mme Michèle Künzler. Oui, Monsieur le président ! Bien volontiers !

Les travaux, vous les avez voulus: ils sont en cours de réalisation. Si vous voulez renvoyer cette motion en commission, il faut évidemment la renvoyer à la commission des travaux - et non à la mobilité - pour savoir qui les organise et qui les effectue. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, nous sommes en procédure de vote. Je dois tout d'abord vous soumettre le renvoi à la commission des transports de la proposition de motion 1980. Le vote est lancé.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 1980 à la commission des transports est rejeté par 43 non contre 42 oui et 1 abstention.

Le président. Je vais maintenant vous soumettre l'amendement proposé par M. Stauffer... (Remarque de M. Eric Stauffer.) Non, votre temps de parole est épuisé ! Cet amendement propose une invite nouvelle, dont la teneur est la suivante: «à fermer le réseau routier secondaire aux postes de douanes de 7h à 8h30 et de 16h30 à 20h.»

Mis aux voix, cet amendement est rejeté par 62 non contre 23 oui.

Le président. Nous nous prononçons maintenant sur la proposition de motion elle-même.

Mise aux voix, la proposition de motion 1980 est rejetée par 58 non contre 24 oui et 3 abstentions.