République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1803-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de Mmes et MM. Christiane Favre, Gabriel Barrillier, Beatriz de Candolle, Nathalie Fontanet, Fabienne Gautier, Olivier Jornot, Ivan Slatkine, Francis Walpen, Pierre Weiss, Daniel Zaugg, Frédéric Hohl, Jacques Jeannerat, Patricia Läser, Alain Meylan, Jean-Marc Odier, René Stalder pour une meilleure prise en compte des problèmes posés par la circulation de transit dans les communes frontalières

Débat

M. Eric Stauffer (MCG). Puisqu'on parle de nouveau des communes, d'une meilleure circulation dans les communes frontalières, Monsieur le président, vous transmettrez à M. Broggini, qui fait référence à la haute autorité de surveillance des communes genevoises, eh bien, vous lui transmettrez que, là aussi, le MCG a appris à se méfier. Finalement, renseignements pris, c'est la plus grande agence de voyage du canton, puisqu'elle organise des déplacements annuels à plus de 2700 F le week-end pour tous les magistrats... (Remarque.) ...des communes genevoises. Vous voyez, quand on fait de l'opacité, cela dérange le MCG, et il en sera toujours ainsi tant et aussi longtemps que le peuple nous portera à la fonction que nous occupons.

Pour en revenir à cette motion 1803, on lit ce que le Conseil d'Etat propose pour résoudre les «problèmes posés par la circulation de transit». Je traduis pour les gens qui nous regardent: «transit» égale «frontaliers». Soit 200 000 mouvements de véhicules par jour, je vous le rappelle, dans les communes frontalières. Quand on lit ce que le Conseil d'Etat propose, on reste quasiment sans voix. (Commentaires.) Pourquoi donc ? Rien n'est prévu à court terme... (Remarque.) Oui, on reste quasiment sans voix ! Mais vous savez, comme Obélix - illustre personnage de bande dessinée - je suis «tombé dedans quand j'étais petit», donc la voix m'est toujours donnée, fort heureusement. (Remarque.) Cela étant dit, on voit ce que prévoit le Conseil d'Etat pour régler le problème de ces petits villages - vous savez, là où il y a des écoles et des routes de campagnes... Petits villages où, tout à coup, chaque matin, 6000 véhicules passent à fond les bielles pour entrer dans Genève. Voilà effectivement un gros problème. Du reste, une récente actualité faisait état d'un carambolage en chaîne dans l'une de ces petites douanes périphériques à Genève, tant nos amis frontaliers roulent vite. Une voiture a freiné un peu, ce fut le carambolage, et la moitié de la douane a été détruite. On voit donc que ces routes ne sont pas du tout adaptées à cette circulation.

Alors évidemment, c'est toujours l'histoire de l'hypocrisie politique, devenue la règle à Genève, puisque le conseiller d'Etat précédent, M. Robert Cramer pour ne pas le nommer, avait fait un joli effet d'annonce en disant: «Nous allons fermer, au nom du Conseil d'Etat, les réseaux routiers secondaires où il y a ces petites douanes, pour canaliser le flux sur des points de passage, et surtout là où il y a des parkings-relais.» Cette déclaration n'avait pas été suivie d'effet. Alors nous attendons maintenant ce que fera Mme Künzler, du même parti que M. Cramer. Espérons simplement qu'elle n'est pas issue de la même cuvée et que nous pourrons effectivement résoudre ces problèmes qui polluent, dans tous les sens du terme, la vie de nos concitoyens habitant dans le canton.

Très franchement, nous ne sommes pas satisfaits, au MCG, de ce rapport du Conseil d'Etat. Nous estimons qu'il s'agit là d'un problème sur lequel il ne faut pas passer comme chat sur braise et qu'il faut renvoyer cette motion en commission, pour continuer à mettre la pression sur le Conseil d'Etat, afin de régler ce problème de pollution, de trafic et de nuisances pour les Genevois.

Je suis sûr que nos amis les écologistes ne pourront pas s'opposer à ce renvoi en commission tant la mobilité et le sacrifice des voitures sur l'autel de l'écologie sont importants pour eux. Donc, nous vous invitons aussi, chers amis Verts, à respecter vos engagements électoraux et à maintenir la pression constante sur le Conseil d'Etat, afin de régler ce problème.

Le président. Si j'ai bien compris, Monsieur le député, vous voulez renvoyer l'objet au Conseil d'Etat, puisque c'est la seule possibilité. (Remarque.) Non, on ne peut pas renvoyer en commission: on ne peut renvoyer qu'au Conseil d'Etat ses rapports sur les motions.

M. Eric Stauffer. Alors on renverra au Conseil d'Etat, afin qu'il nous donne une version améliorée.

Le président. Très bien, votre demande est enregistrée. La parole est à Mme Bolay.

Mme Loly Bolay (S). J'interviens très brièvement. Voilà de nouveau le MCG qui nous fait la leçon de morale. Eh bien, vos amis Verts et socialistes, et ceux de la droite, ont voté le CEVA ! Et le CEVA vient améliorer la mobilité ! (Commentaires.) C'est vous qui êtes contre le CEVA ! Alors arrêtez de nous donner des leçons de morale et arrêtez de nous dire que vous êtes contre le trafic pendulaire, parce que vous avez tout fait, pour des raisons électoralistes... (Commentaires. Le président agite la cloche.) ...à l'encontre du CEVA ! Voilà la réalité des choses, Monsieur Stauffer ! Arrêtez de nous donner des leçons de morale !

Une voix. Bravo ! (Applaudissements. Commentaires.)

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. En fait, cette motion a déjà obtenu deux rapports du Conseil d'Etat. Le projet d'agglomération a maintenant apporté des réponses. Comme Mme Bolay vient de le dire, l'un des éléments majeurs dans ce plan et ce programme d'agglomération c'est le CEVA, qui va résoudre une partie des problèmes. Il y a la planification qui doit se faire pour toutes les entrées de Genève, mais aussi à l'intérieur. En effet, il y a plusieurs solutions - on vous l'a déjà dit - dont le CEVA, mais aussi les trams, la mobilité douce, et la gestion de la hiérarchie du réseau routier. En effet, on voit bien qu'il y a une diffusion des voitures partout. Et ce n'est même pas 200 000 mouvements journaliers - vous êtes bien en deçà. Les 200 000 ou 180 000, c'était il y a vingt ans. Maintenant, on est à 550 000 mouvements journaliers de part et d'autre de la frontière, à l'entrée de Genève.

Donc, les mesures que l'on doit prendre sont beaucoup plus importantes; on doit vraiment, maintenant, prendre des mesures lourdes. C'est ce que l'on a fait avec le CEVA. On aura le tram, que l'on espère amener jusqu'à Saint-Julien, Ferney et Annemasse. A ce sujet, on est très heureux de vous annoncer - je pense que vous l'avez déjà lu - que la Confédération a voté des crédits complémentaires, notamment pour que la ligne de tram allant jusqu'à Annemasse puisse être construite. Donc, on a des solutions. On a aussi tout ce qui concerne le programme des P+R qui doivent se construire en France voisine, en lien avec les gares CEVA. Là, il y a des chantiers en cours. Les réponses sont multiples, et le Conseil d'Etat est fermement décidé à agir.

Quant à fermer les douanes secondaires, je vous rappelle qu'il y a moins de deux mois ce Grand Conseil a été saisi de la question et a refusé la proposition. Je me vois donc mal revenir avec une fermeture généralisée de ces routes secondaires. Il y en a une qui sera fermée: la route de Prévessin, qui se situe au milieu d'un biotope devant être renaturé. On l'a déjà fait. En l'occurrence, voilà quelque chose en chantier et qui enlèvera un peu de mobilité. (Brouhaha.) Les pendulaires pourront passer sur la route de Meyrin et sur les nationales, parce qu'ils n'ont pas à aller partout, sur toutes les petites routes de campagne, notamment celles qui sont réservées au trafic agricole ou forestier. Cela, on veut absolument l'éviter, et l'on prendra des mesures dans ce sens. On doit canaliser les gens sur les grandes routes et les routes nationales en France, et pas n'importe où dans la campagne.

En l'occurrence, aussi, ce ne sont pas seulement les petits villages de Genève-Sud qui souffrent, c'est toute l'agglomération, notamment les zones périphériques. A Vernier, ou sur la route de Vernier, il y a 40 000 voitures par jour à la sortie de l'autoroute: là aussi, il y a des mesures à prendre. Il faut avoir une vue globale, généralisée, en relation avec nos voisins français et vaudois et au sein du projet d'agglomération, c'est là que l'on peut trouver des réponses. On ne peut pas trouver des réponses en mettant simplement des troncs sur la route ! (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous soumets le renvoi de cette proposition de motion, comme il a été demandé, au Conseil d'Etat.

Mis aux voix, le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur la motion 1803 est rejeté par 52 non contre 12 oui.

Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la motion 1803.