République et canton de Genève

Grand Conseil

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M 2506-A
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de Mmes et MM. Adrienne Sordet, Alessandra Oriolo, Katia Leonelli, Paloma Tschudi, Jean Rossiaud, Yves de Matteis, Delphine Klopfenstein Broggini, Frédérique Perler, Philippe Poget, Mathias Buschbeck, François Lefort, Yvan Rochat, Pierre Eckert, Marjorie de Chastonay, Isabelle Pasquier, Jocelyne Haller, Pierre Vanek, Romain de Sainte Marie, Caroline Marti, Nicole Valiquer Grecuccio, Salima Moyard, Christian Dandrès, Jean-Charles Rielle, Léna Strasser : Pour permettre aux apprenties, collégiennes et étudiantes de participer à la grève des femmes le 14 juin 2019 : pas d'examens ce jour-là !
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session II des 6 et 7 juin 2019.

Débat

Le président. Nous passons à l'étude de la M 2506-A et je cède la parole à M. Stéphane Florey.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. Suite à la réponse de Mme la conseillère d'Etat, je tiens quand même à relever qu'elle avait annoncé - tout le monde s'en souvient encore - que des dates d'examens étaient déjà fixées, ce qui était vrai. Dans le rapport écrit, on peut lire: «Quant aux hautes écoles, tant l'IHEID que la HES-SO Genève et l'Université de Genève ont prévu de ne pas organiser d'examens ce jour.» Mais la réalité est tout autre ! Les hautes écoles et l'université ont reçu des ordres très précis selon lesquels elles devaient absolument décaler toutes les dates d'examens, sans exception, ce qui équivaut à une quasi-interdiction d'organiser quoi que ce soit ce jour-là. Voilà la réalité des faits. Mme la conseillère d'Etat aurait donc au moins pu avoir la décence d'afficher clairement ses convictions en disant qu'elle avait donné des ordres précis pour qu'il n'y ait pas d'examens le 14 juin.

S'agissant de cette affaire, qui tourne à l'hystérie collective, il faut quand même dénoncer deux ou trois faits. Avec la grève du 14 juin, c'est déjà toute notre économie qui est prise en otage. On peut lire dans la presse que 98% des crèches seront fermées ce jour-là. Vous allez dire quoi aux familles qui n'auront pas trouvé de solution de rechange ? Inévitablement, l'une des deux personnes du couple ne pourra pas aller travailler et il ou elle sera pénalisé financièrement, parce qu'il faut bien vous dire que ce type de journée ne va pas être prise en charge par la totalité des patrons.

Il faut aussi relever que c'est tout notre système démocratique qui est pris en otage, on le voit. Dans certaines commissions, on nous a imposé un vote pour ne pas siéger ce jour-là, alors que si ces dames voulaient aller manifester, elles avaient tout loisir de se faire remplacer, y compris par des suppléants. De même, le Conseil des Etats a pris la décision, ou plutôt certains ont imposé la décision de ne pas tenir séance à cette date. C'est tout un agenda qui s'en trouve bouleversé, avec des retards qui vont s'accumuler suite à cette journée du 14 juin. Voilà, j'ai terminé. Je vous remercie.

Une voix. Bravo !

Une autre voix. Ouais, bravo !

Mme Adrienne Sordet (Ve). Mesdames les députées, Messieurs les députés, l'intervention qui vient d'avoir lieu démontre qu'il y a encore du chemin à parcourir. Cela étant, j'aimerais à ce stade remercier le Conseil d'Etat pour cet engagement immense - incommensurable, devrais-je dire - en faveur de l'égalité. Ne nous arrêtons pas dans cette lancée ! Transformons ce bel enthousiasme en réalité ! Les femmes qui feront grève la semaine prochaine veulent des mesures concrètes.

S'agissant du DIP, l'ajout d'heures dédiées à la diversité sexuelle - où sont abordées les notions de consentement, d'identité de genre et d'orientation sexuelle - est indispensable, tout comme la formation continue obligatoire des enseignantes et enseignants en matière de sexisme. D'ailleurs, cette formation devrait être étendue aux professionnels de la police, de la magistrature ainsi que des milieux médicaux et sociétaux.

Au niveau de l'économie, on peut commencer avec ce qui entoure le congé maternité; il faut que ce dernier soit mieux réglementé et il doit tenir compte de la réalité de notre société actuelle. Un congé paternité de quatre semaines au minimum et, à terme, un congé parental pour tous et toutes sont impératifs.

En ce qui concerne le monde associatif, je dénonce l'indifférence crasse dont a fait preuve une partie de cet hémicycle - en refusant notamment le crédit extraordinaire pour Viol-Secours sans proposer d'alternative concrète - à l'égard des femmes qui subissent aujourd'hui à Genève des violences et qui ne disposent pas d'infrastructures suffisantes pour être accueillies et prises en charge. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) Il faut accorder plus de moyens à ces associations qui sont en première ligne.

Pour ce qui est de la police cantonale, il convient de tout faire pour améliorer la prise en charge des victimes de viol, de violences sexuelles et de violences de genre et les orienter vers les moyens juridiques à leur portée.

Enfin, les femmes qui feront grève le 14 juin prochain attendent beaucoup du projet de loi de Mme Fontanet sur l'égalité et le sexisme. Elle n'est hélas pas présente dans la salle, mais vous lui transmettrez, Monsieur le président ! Je compte sur elle pour ne pas les décevoir et espère sincèrement que ce projet de loi ne sera pas le faire-valoir d'une égalité de salon, mais bien un instrument concret pour une égalité de fait. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la députée.

Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la motion 2506.