République et canton de Genève

Grand Conseil

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P 2002-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition pour la protection des rives du Rhône / du sentier des Falaises
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session VI des 21 et 22 septembre 2017.
Rapport de Mme Isabelle Brunier (S)

Débat

Le président. Il est à présent question de la P 2002-A. Monsieur Flury, je vous laisse la parole.

M. Christian Flury (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, nous avons mené une intense discussion au sujet de cette pétition au sein de notre groupe. Le constat est que malgré l'implication de tous les services concernés, dont nous saluons le travail et les efforts, les problèmes dénoncés perdurent. Les nuisances vont certes baisser pendant la période hivernale, mais elles reprendront de plus belle dès le retour de températures plus clémentes.

Il convient de prendre en compte le besoin de tranquillité non seulement des personnes du voisinage, mais aussi de la faune - ce périmètre est protégé par la Convention de Ramsar sur les zones humides. Le Mouvement Citoyens Genevois estime que cette pétition doit être promise à un meilleur avenir que l'enterrement de première classe que constitue son dépôt sur le bureau du Grand Conseil, et c'est la raison pour laquelle nous vous invitons à l'adresser au Conseil d'Etat. Je vous remercie.

Une voix. Bravo !

Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à Mme Meissner pour une minute trente.

Mme Christina Meissner (HP). Merci, Monsieur le président. En préambule, je tiens à souligner la qualité du rapport très complet de ma collègue Isabelle Brunier, que je remercie. Si j'interviens au sujet de cette pétition, c'est parce que, moi aussi, je regrette le choix fait par mes collègues de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil au lieu de la renvoyer au Conseil d'Etat. Au-delà du fait qu'un renvoi au Conseil d'Etat est toujours le signe que notre Grand Conseil est à l'écoute des habitants et relaie leurs soucis auprès de l'exécutif, force est de constater que sur le terrain, rien n'a changé, les autorités auditionnées ont souligné leurs difficultés à gérer les nuisances, les déprédations, le camping sauvage, les détritus et les atteintes au milieu naturel sur les rives du Rhône, sous Saint-Jean.

Que se passe-t-il aujourd'hui ? La commune de Genève renvoie la balle au canton qui, faute de moyens, ne peut pas intervenir, et donc rien ne change. En attendant, on assiste à une détérioration de la qualité de vie des habitants dont le quartier se densifie, et une détérioration encore plus forte pourrait être présagée à l'avenir. Si nous voulons réussir le développement de Genève, si nous pensons réellement que la densification de la ville peut être effectuée dans le respect de nos valeurs, alors renvoyons cette pétition au Conseil d'Etat afin qu'il nous informe sur les moyens qu'il entend mettre en oeuvre pour y parvenir. Je vous remercie.

M. Christian Frey (S). Le groupe socialiste propose le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. En effet, parmi les témoignages des habitants concernés, on a quand même relevé quelques contrevérités. Ils prétendent par exemple que la police n'intervient pas; or nous avons auditionné la police, laquelle intervient régulièrement... (Remarque.) Si, elle intervient, on a mené une audition à ce sujet en commission ! Cela dit, on ne peut pas lui demander l'impossible, et c'est la raison pour laquelle nous pensons qu'il convient, les mesures ayant été prises par la police cantonale, de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.

Mme Sarah Klopmann (Ve). Parmi les personnes qui se sont exprimées pour signifier qu'il était opportun de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, j'aimerais bien savoir laquelle a pris le temps d'aller se promener sur les berges du Rhône, côté Saint-Jean. Pour ma part, je l'ai fait, et c'était nickel: j'ai rencontré quelques promeneurs ici et là, j'ai aperçu trois personnes qui partageaient tranquillement un petit pique-nique, et c'est tout ! La police nous a dit que la dernière rave - c'est vrai, ce genre d'événement peut faire du bruit - datait d'il y a plusieurs années, qu'il n'y en avait pas eu depuis. Elle nous a aussi expliqué le danger qu'il y avait à intervenir n'importe comment quand ça se passait - mais, je le répète, la dernière remonte à plusieurs années !

Je ne comprends pas pourquoi, sous prétexte que certains propriétaires possèdent de grands domaines, ont généreusement offert un bout de la campagne Masset à la collectivité mais ne veulent pas que des gens qui n'ont pas la même chance qu'eux puissent faire des barbecues dans la nature, on devrait acquiescer et renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat ! On a ici un magnifique espace public, et s'il a été donné à la collectivité, c'est pour qu'on puisse en profiter, donc si certains ont envie d'y faire des grillades, ils en ont le droit ! Et s'il y a des gens qui, malheureusement, doivent dormir là, eh bien il s'agirait plutôt de déterminer que faire pour qu'ils n'aient pas à dormir là, et pas juste de dire que tout le monde devrait avoir la possibilité de faire autrement.

Franchement, je trouve cette pétition scandaleuse et je suis très déçue de constater que certains députés changent d'avis à son sujet. On était tous tombés d'accord en commission pour dire que certes, il y avait un peu de bruit de temps en temps, mais qu'il s'agissait d'un espace dévolu aux citoyens et que ça devait rester comme ça. Je ne vois pas pourquoi on donnerait raison à trois ou quatre personnes qui se plaignent quand il s'agit du bien-être de l'ensemble de la population !

Une voix. Très bien !

M. Olivier Baud (EAG). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, la majorité de la commission des pétitions était claire, elle s'était rendue au fait que le Conseil municipal de la Ville de Genève avait traité cette question le 20 mars, c'est-à-dire il y a plus de six mois, et que le Conseil administratif avait dit qu'il s'en occuperait.

Quant à moi, je suis un peu dans le même cas que Mme Klopmann, c'est-à-dire que j'habite Saint-Jean et qu'il s'agit là de ma promenade quotidienne - non, plutôt de ma promenade du week-end. En tout cas, je puis constater véritablement qu'il n'y a pas de problème. Les pétitionnaires se sont plu à forcer le trait de manière outrancière, parlant de coups de feu, de zone de non-droit, etc. Ce n'est pas du tout la réalité ! Allez-y, Mesdames et Messieurs, allez vous promener là-bas !

En gros, comment pourrait-on résoudre ce problème, qui n'est de loin pas unique dans le canton ? Eh bien il faudrait tout simplement mettre en place davantage de dispositifs pour récolter les déchets. Certes, certains citoyens le font déjà de manière volontaire, mais je ne suis pas forcément pour cette solution, je pense qu'il doit y avoir des dispositifs et des sacs poubelle à disposition parce qu'évidemment, s'il n'y a rien, on court le risque que certains détritus traînent.

Pour ma part, donc, je suis pour sensibiliser la population, rendre les citoyens responsables des lieux, et non pas juste venir les matraquer ou interdire les activités à tout prix. Il y a une sensibilisation à effectuer, peut-être une signalétique à améliorer, des poubelles à installer, et puis tout ira bien au sentier des Falaises.

M. Guy Mettan (PDC). Je n'avais pas prévu de prendre la parole sur ce sujet, puisque nous nous étions tous mis d'accord pour déposer cette pétition sur le bureau. Maintenant, un parti souhaite ne plus le faire, et chacun embraie là-dessus. Comme il a été rapporté, il y avait un problème il y a une dizaine d'années dans ce coin-là, sous le viaduc de la Jonction, qui était devenu un dépotoir, c'est vrai, mais ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui.

Je n'y suis pas retourné depuis quelques semaines, mais M. Baud vient de dire qu'il y était allé et la dernière fois que j'y étais, c'était au début de l'été, ça se passait très bien: les gens viennent, mangent leur pique-nique, font de petites broches, ça se passe en toute simplicité. Je trouve que c'est tout à fait sympathique et je n'ai pas constaté que c'était devenu une déchetterie à ciel ouvert.

Il nous faut rester logiques: même si, de temps en temps, on peut retrouver une canette sur place, ce n'est pas un grand problème, et je crois qu'on peut quand même accepter ce que la majorité - voire l'unanimité ! - de la commission avait préconisé à l'époque, c'est-à-dire le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Une voix. Bravo !

M. Alexis Barbey (PLR). Mesdames et Messieurs, puisque tous les habitants de Saint-Jean y vont de leur petite expérience personnelle, je vais vous livrer la mienne également: je me balade assez régulièrement sur ces sentiers et je partage la même impression que tous ceux qui ont dit que la sécurité et la santé publique n'étaient absolument pas menacées par les activités qui s'y déroulent. A titre personnel, je préfère rencontrer des gens qui font des barbecues plutôt que des policiers en train de monter la garde, je ne me sens pas moins en sécurité dans ces cas-là, et c'est pourquoi que je me rallie à la majorité de la commission. (Quelques applaudissements.)

Mme Isabelle Brunier (S), rapporteuse. Je prends juste la parole sur un point, parce que je n'aimerais pas que les éventuels auditeurs ou ceux qui liront un jour le Mémorial croient cette contrevérité affirmée par Mme Klopmann: non, les grillades ne sont pas autorisées en zone naturelle - ça a été dit et répété par les services de l'Etat - ni dans les parcs de la ville de Genève. Là aussi, le règlement qui n'était plus appliqué l'est de nouveau grâce à M. Barazzone et, à titre personnel, je pense que c'est une bonne chose, parce qu'à voir les pelouses détruites par les barbecues ces dernières années, Genève ne pouvait plus se prétendre cité des parcs. Des zones dévolues à cet effet sont maintenant installées, et c'est tant mieux. On ne peut donc pas laisser dire - je corrige surtout pour le Mémorial et les auditeurs - que les barbecues sont autorisés partout, tout le temps et n'importe comment, c'est une contrevérité. (Quelques applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la rapporteure. Oui, Monsieur Flury ?

M. Christian Flury. Vote nominal, Monsieur le président !

Le président. Est-ce que vous êtes soutenu ? (Plusieurs mains se lèvent.) Oui, alors nous procédons au vote nominal sur les conclusions de la commission, soit le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2002 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 53 oui contre 18 non (vote nominal).  (Le vote nominal n'a pas pu être enregistré.)