République et canton de Genève

Grand Conseil

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P 1959-A
Rapport de la commission de l'enseignement, de l'éducation, de la culture et du sport chargée d'étudier la pétition : Intégrons le respect des animaux dans les écoles !
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session XIII des 28, 29 janvier et 4 février 2016.
Rapport de majorité de M. Jean Romain (PLR)
Rapport de minorité de M. Guy Mettan (PDC)

Débat

Le président. Le dernier objet figurant à notre ordre du jour des extraits est la P 1959-A, que nous traitons en catégorie II, trente minutes. Monsieur le rapporteur de majorité Jean Romain, vous avez la parole.

M. Jean Romain (PLR), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Chers collègues, il s'agit d'une pétition qui a un fond intéressant; mais la manière de procéder nous a un peu hérissés. Au fond, qu'il faille respecter les animaux, je crois que personne n'est opposé à cette vision; or la pétition ne concerne pas simplement le respect des animaux, elle se fonde sur toute une série de penseurs, dont Peter Singer, qui prévoient de donner des droits aux animaux, c'est-à-dire que les animaux deviennent sujets de droits, voilà la difficulté. De ce point de vue là, il a semblé à l'immense majorité de la commission que respecter les animaux ne découlait pas d'un droit de l'animal, mais d'un devoir de l'être humain: c'est parce que l'être humain est le seul à avoir des droits qu'il a aussi des devoirs, et il en va de sa dignité d'être humain de respecter les animaux, en tout cas de ne pas les faire souffrir inutilement. Le fondement est très différent, le but est le même: le respect des animaux.

La deuxième chose que je voudrais vous dire, c'est que les gens que nous avons rencontrés se sont évertués, au moyen de films et de diapositives, à nous montrer que les animaux ont quelque chose d'humain et que, en définitive, il n'y a pas de différence de nature entre le règne humain et animal, mais de degré. Plus d'un commissaire a souligné l'aspect quelque peu sectaire des pétitionnaires, qui se sont même proposés pour se rendre dans les classes pour aider les professeurs à expliquer que les animaux avaient des droits et qu'il fallait les respecter. Je crois que c'est aller un tout petit peu trop loin. Si les professeurs de l'ensemble du canton de Genève considèrent que les animaux ont droit au respect - et c'est là leur seul droit - il ne revient pas à ces gens-là de venir dans les classes.

Enfin - c'est la dernière chose que j'aimerais dire en préambule - on a évoqué la notion de spécisme. Qu'est-ce que le spécisme ? C'est le racisme appliqué aux animaux, c'est-à-dire que si on considère le chien comme une espèce supérieure au moustique ou à la fourmi, on fait alors preuve de spécisme devant le règne animal, on est au fond raciste parce qu'on hiérarchise les espèces animales entre elles. Nous sommes en présence de quelque chose qui nous a surpris, un peu choqués même, parce qu'on se situe là dans un anti-humanisme: ce n'est plus l'être humain qui se trouve au centre, ce n'est plus lui qui est dépositaire de droits et de devoirs, mais l'ensemble du règne animal, du vivant. Et pour nous qui nous battons, en tout cas pour une grande partie des gens dans cet hémicycle, afin que l'humanisme prime, il s'agit là de quelque chose de très différent dans la pensée, dans la philosophie. C'est la raison pour laquelle la majorité - davantage que la majorité puisqu'il s'agissait de l'ensemble des commissaires à l'exception d'un seul - vous demande de ne pas suivre cette proposition et de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le rapporteur, et vous indique que vous avez entamé le temps de votre groupe. La parole revient au rapporteur de minorité, M. Guy Mettan.

M. Guy Mettan (PDC), rapporteur de minorité. Merci, Monsieur le président. En effet, j'ai été tout seul à voter pour le renvoi au Conseil d'Etat et à déposer un rapport de minorité, mais ça ne veut pas dire pour autant que j'aie tort, et je vais essayer de vous expliquer pourquoi. Premièrement, M. Romain nous parle de grande philosophie; s'il est vrai que j'apprécie toujours de l'entendre nous parler de philosophie, malheureusement, il n'en est nullement question dans la pétition qui nous est proposée aujourd'hui. Les pétitionnaires ne parlent pas de Peter Singer, ils demandent simplement que l'école genevoise prenne en compte le respect des animaux. Voici ce qui est écrit: «Vu ce qui précède, [...] les signataires demandent au Grand Conseil d'intégrer le respect des animaux et la prévention contre le spécisme dans les programmes d'enseignement.» C'est tout ce qui est demandé dans cette pétition, il n'y a aucune référence à M. Singer.

Ensuite, M. Romain a parlé du spécisme, une notion apparue sur la scène scientifique depuis une quarantaine d'années et qui est l'équivalent du racisme à l'échelle des animaux. Tous les jours, on s'aperçoit qu'on n'a qu'une seule planète et que le règne vivant, qu'il s'agisse de la plante, de l'animal ou de l'être humain, fait partie d'un même continuum, d'une même chaîne. Certes, on peut séparer artificiellement les choses, mais il faut prendre conscience que l'homme - et j'en suis désolé pour lui et pour vous, Monsieur Romain - est un animal ! Chacun d'entre nous peut reconnaître que l'homme est aussi un animal, il n'est pas qu'un humain. A partir de là, la notion de respect vis-à-vis des animaux s'impose, notamment pour des raisons morales. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit de respect que nous devons aux êtres les plus faibles, et les animaux en font partie car ils sont plus faibles que nous, on peut les assimiler d'une certaine manière à des bébés. Or ce n'est pas parce qu'un bébé n'a pas de sens moral, puisqu'on ne le lui a pas encore inculqué, qu'il ne faut pas le respecter, et ce n'est pas parce qu'un animal est différent de l'homme dans la mesure où il n'a pas de sens moral qu'il ne faut pas lui reconnaître, à lui aussi, le droit au respect. Tout ce qui est demandé ici, c'est que nous prenions conscience de cela et évitions de pratiquer un racisme à l'endroit des animaux.

J'aimerais encore poser la question suivante: que fait l'être humain quand il massacre des poissons par centaines de milliards ? Je ne dis pas qu'on n'a pas le droit d'en manger, c'est un discours totalement différent. La plupart du temps, il les massacre pour des raisons inutiles, c'est du gaspillage ! Quand on pourchasse des baleines en prétendant faire de la recherche scientifique, c'est un mensonge éhonté. Est-ce vraiment à cela que nous voulons assister ? Non. D'autre part, les recherches les plus récentes et admises par toute la communauté scientifique montrent que les animaux sont, eux aussi, des êtres intelligents, sensibles...

Le président. Vous prenez sur le temps de votre groupe, Monsieur.

M. Guy Mettan. Absolument ! ...et qui souffrent, tout comme nous. Ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas le langage pour l'exprimer qu'ils ne ressentent pas la souffrance. A partir de là, ce que je propose simplement, c'est que nous renvoyions cette motion au Conseil d'Etat afin que notre école se sensibilise à cette question et fasse en sorte, dans le cadre de la formation des enseignants, de prendre en considération le respect des animaux. C'est tout ce qui est demandé ici, ça ne va pas plus loin que cela. C'est la raison pour laquelle je vous invite à renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.

Le président. Merci, Monsieur le rapporteur. La parole est à Mme la députée Danièle Magnin.

Mme Danièle Magnin (MCG). Merci, Monsieur le président. De combien de temps est-ce que je dispose ?

Le président. De trois minutes.

Mme Danièle Magnin. Trois minutes ? Merci beaucoup. Je ne voudrais pas répéter ce que vient de dire M. Mettan, mais il est absolument évident que nous sommes dans une période où on maltraite les animaux comme on ne l'a jamais fait auparavant. Sous prétexte de lectures différentes de tel ou tel texte religieux des religions judéo-chrétiennes, on se permet, depuis fort longtemps, de considérer que Dieu, Allah ou autre nous les a donnés et qu'on a le droit d'en faire ce que l'on veut. C'est un gros risque et, au nom du principe de laïcité, au nom de la loi fédérale ainsi que de l'ordonnance sur la protection des animaux, qui sont extrêmement complètes, il convient, dès l'école, de rendre les enfants sensibles à tout ce qu'on leur doit, au fait qu'ils souffrent et qu'un jour on pourrait bien être questionné sur ce qu'on a fait avec eux, pourquoi on les a maltraités et massacrés, pourquoi on a été cruel. Il y a des cruautés et des barbaries qu'on voit tous les jours et, si on veut qu'elles cessent, il faut absolument attirer l'attention des enfants dessus, de sorte qu'ils soient gentiment sensibilisés aux douleurs et aux souffrances qu'on impose aux animaux sous les prétextes les plus futiles. Je vous invite donc à demander le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat, merci.

Mme Salika Wenger (EAG). Chers collègues, je dois dire que cette pétition m'amuse beaucoup, je me suis beaucoup amusée en la lisant parce que j'ai un peu l'impression qu'on a oublié d'une part que nous sommes une espèce faible - d'ailleurs, nous avons développé l'intelligence pour compenser cette faiblesse - d'autre part que nous sommes des prédateurs, et le fonctionnement au sein de cette assemblée le prouve tous les jours. Ce n'est pas une invention d'hier ou d'avant-hier, il en va de notre survie, c'est comme ça que notre espèce survit ! Qu'il n'y ait pas d'exagération, je l'entends bien; il n'empêche que pour l'instant, le seul et vrai combat inconscient de toute l'humanité, c'est de faire survivre l'espèce.

Alors venir nous dire que nous ne pouvons pas nous donner les moyens de cette survie et que nous devons respecter le moustique-tigre et les bestioles qui nous filent la malaria...! Si vous vous retrouvez devant certains animaux, vous n'allez pas penser un quart de dixième de seconde que vous allez leur faire du mal, vous allez plutôt courir pour sauver votre peau ! En fait, c'est ça, l'histoire de l'humanité: sauver l'espèce ! Je suis navrée si ça s'est fait aux dépens d'autres espèces, c'est le cercle dont parlait M. Mettan tout à l'heure. C'est comme ça, et je ne m'imagine pas... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...allant donner des cours aux petits enfants en leur disant qu'il faut respecter tel ou tel animal; on ferait mieux de leur apprendre à respecter leurs pareils et de leur faire entendre que même si la manière dont nous traitons les animaux est un petit peu sauvage, il en va de la survie de notre espèce !

M. Jean-Charles Rielle (S). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, au parti socialiste, nous avons bien entendu les arguments des uns et des autres s'agissant de la protection des animaux et nous ne pouvons naturellement qu'y adhérer. Mais nous aimerions recentrer cette pétition sur l'école, qui est quand même son objectif de base, et après avoir entendu et pris un certain nombre d'informations, nous savons que ce travail est déjà exécuté remarquablement par l'ensemble des intervenants à l'école; il ne s'agit pas d'en rajouter, de venir prêcher la bonne parole dans le cadre des cours.

Nous sommes pour la protection des animaux et, suite à l'argumentation de nos deux rapporteurs d'origine valaisanne - celui qui vous parle l'est aussi et Dieu sait si nous sommes extrêmement sensibles aux animaux en Valais - je répète ce que M. Mettan a rappelé, à savoir que nous sommes aussi des animaux - je lui demande d'ailleurs de réfléchir à quel animal il s'identifierait en Valais ! Plus sérieusement, le parti socialiste vous propose de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil parce que nous estimons que ce travail est fait très correctement dans nos écoles, dans le souci du respect et de la protection des animaux, et l'école poursuivra son action ainsi qu'elle le fait remarquablement actuellement.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Je passe la parole à M. le député Jean-François Girardet pour une minute vingt-sept.

M. Jean-François Girardet (MCG). Oui, merci, Monsieur le président. Je ne serai pas long, je voudrais juste préciser une chose: durant les travaux de la commission, nous avons bien écouté les arguments des pétitionnaires qui comportent une grosse part de bon sens, je pense. Du reste, comme vient de le dire M. Rielle, l'école se préoccupe déjà du thème du respect des animaux tout comme de celui des hommes. On n'a plus à enseigner à ne pas être raciste, et on ne va pas faire porter aux enseignants la responsabilité d'éduquer l'ensemble de la population ! Il y a des choses qui se font en famille. Le racisme, par exemple, a été combattu en priorité par les Eglises, les familles, la société, et puis l'école a porté ce sujet. Aujourd'hui, le spécisme n'a pas à être porté par l'école.

Le président. Il vous reste trente secondes.

M. Jean-François Girardet. Il faut simplement enseigner, comme l'a dit ma préopinante Mme Magnin, le respect des animaux, bien sûr, mais sans en faire une branche scolaire spécifique, ainsi que cela est sollicité dans cette pétition. C'est pour cette raison que le MCG souhaite la déposer sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur le député. Madame Magali Orsini, il vous reste encore une minute et cinq secondes.

Mme Magali Orsini (EAG). Merci, Monsieur le président. Mon excellente collègue Salika m'ayant piqué la référence au moustique-tigre et à la mouche tsé-tsé, je me contenterai de dire que le code pénal prévoit déjà de réprimer la cruauté envers les animaux. Il me semble que tout enfant normalement éduqué ne doit pas s'amuser à arracher les ailes des mouches, même si celles-ci sont extrêmement désagréables, et je ne vois pas la nécessité d'en rajouter. Je suis entièrement d'accord avec ce qu'a dit Mme Wenger sur notre situation de fragilité extrême: ce n'est pas parce que nous avons le privilège de vivre dans un climat tempéré qu'il faut toujours imaginer la nature comme éminemment bénéfique, nous voulant du bien, à notre service. Il existe des climats tropicaux et équatoriaux, que j'ai connus étant jeune, dans lesquels je ne vous souhaite pas de vivre parce que le danger est absolument permanent...

Le président. Il vous reste quinze secondes.

Mme Magali Orsini. ...et c'est bourré de bestioles qui ne nous veulent que du mal. Voilà, restons raisonnables dans ce domaine.

M. Stéphane Florey (UDC). Ce débat est totalement surréaliste, je dirais même dangereux. Ce qui, pour ma part, m'a fait peur en commission, c'est d'apprendre qu'une étudiante de HEP milite dans les parlements pour sensibiliser le politique à cette question et que, plus tard, cette personne fera peut-être la même chose dans les classes où elle enseignera; voilà ce qui, sur le fond, me fait peur. Ces gens-là prônent des théories, et on ne sait pas où ça nous mènera ni comment ça finira. Ce genre de débat n'a absolument rien à faire dans les écoles, d'autant que les élèves sont déjà sensibilisés à ces problèmes, il revient aux parents d'éduquer leurs enfants.

Je vous rappellerai certains textes votés par le passé, comme la loi sur les chiens: les débats que nous avons eus il y a plusieurs années s'agissant des chiens ont fait beaucoup de dégâts parmi la population parce que ça a donné un message néfaste et que la plupart des enfants ont appris à avoir peur des chiens, ce qui montre que ce genre de théorie qu'on vient nous développer en commission est dangereux, à la fois pour nous-mêmes et pour les animaux.

Voilà pourquoi il convient de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil, de responsabiliser les parents pour qu'ils apprennent eux-mêmes à leurs enfants ce qu'est un animal, par exemple en en prenant un chez eux, car c'est la meilleure façon d'expliquer à un enfant ce qu'est un animal et comment le respecter - ce n'est en tout cas pas en lui disant: «Non, fais attention, le chien va t'attaquer et te mordre, ne l'approche pas !» Ce discours-ci est mauvais, et c'est pour ça que je vous invite à refuser cette pétition en la déposant sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.

M. Guy Mettan (PDC), rapporteur de minorité. Je vais juste compléter et répondre à quelques affirmations. Tout d'abord, M. Girardet a affirmé que les pétitionnaires voulaient imposer une nouvelle branche scolaire; j'ai lu la pétition, ce n'est nullement le cas ! Ils demandent simplement de sensibiliser les formateurs, professeurs et enseignants au respect des animaux, c'est tout, il n'est absolument pas question de créer une nouvelle discipline. A M. Rielle, je dirai que si, en tant que Valaisan, je devais m'identifier à un animal, je choisirais le loup car il semble que les députés de ce Grand Conseil s'apprêtent, par panurgisme médiatique, à voter comme des moutons le refus de cette pétition. Enfin, j'aimerais répondre à Mme Wenger: je ne comprends pas comment elle peut, en tant que féministe ou du moins qui s'affirme comme telle...

Une voix. Mme Wenger ?

M. Guy Mettan. Salika Wenger, oui ! ...nous renvoyer à avant le Moyen Age, à l'époque des cavernes, c'est-à-dire quand l'homme devait lutter contre des prédateurs ! Cette époque-là est révolue, Madame: aujourd'hui, c'est l'homme le prédateur, qui détruit par centaine de milliards chaque année les animaux sur cette planète. Or la survie de notre espèce, qui semble vous tenir à coeur, dépend de la survie des animaux et du respect que nous leur témoignons. C'est tout ce qu'on demande ici ! Parce que si vous assassinez les animaux jusqu'au dernier, comme ça se passe actuellement dans les océans - lisez «Le Temps» d'aujourd'hui et voyez ce que fait M. Watson - vous verrez que c'est l'espèce humaine elle-même qui sera menacée au final. L'âge des cavernes est terminé depuis au moins trente mille ans ! Il faut vivre maintenant, et si on regarde le bétonnage de la planète et notre attitude vis-à-vis des animaux, par exemple dans les élevages, dans le transport...

Le président. Il vous reste trente secondes.

M. Guy Mettan. ...on voit qu'ils se trouvent dans des conditions absolument ignobles et que ce respect n'est malheureusement pas pris en considération. Tout ce qui est demandé ici, c'est de prendre en compte ce respect du point de vue de notre propre intérêt, pour la survie de notre propre espèce.

M. Jean Romain (PLR), rapporteur de majorité. Dans le rapport de minorité, on peut lit ceci: «On n'aime guère parler de morale dans notre société.» Mais c'est vous qui vivez il y a trente mille ans, Monsieur, parce qu'il ne se passe pas une heure aujourd'hui sans qu'on parle de morale, c'est un leitmotiv - qu'on la respecte, c'est autre chose. Le rapporteur de minorité se demande, à la page 55, s'il faut inclure les animaux dans le terme «autrui»; la question est évidemment difficile et demanderait de très longs développements, mais on peut se contenter d'une parabole, dont le principe devrait justement rappeler de bons et anciens souvenirs à mon contradicteur PDC - et je ne m'adresse ici ni au «P» ni au «D», mais bien au «C». Il s'agit de la parabole du bon Samaritain, que je vous résume ainsi: un docteur de la loi demanda à Jésus: «Qui est mon prochain?» En d'autres termes, qui est autrui pour moi ? Jésus lui raconta cette histoire: «Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba entre les mains de brigands qui le dépouillèrent, le rouèrent de coups» - ça peut encore arriver aujourd'hui ! - «et s'en allèrent en le laissant à moitié mort. Un prêtre qui, par hasard, descendait par le même chemin vit cet homme et passa à distance. De même aussi un Lévite arriva à cet endroit; il le vit et passa à distance. Mais un Samaritain qui voyageait arriva près de lui et fut rempli de compassion lorsqu'il le vit. Il s'approcha et banda ses plaies en y versant de l'huile et du vin; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui.»

Chers collègues, mon prochain est donc celui qui est capable d'humanité envers l'autre homme, mon prochain n'est ni le sanglier ni le lapin. Je reconnais mon prochain dans l'humanisme de l'autre, celui qui me fait face et dans le visage duquel je reconnais le visage de l'homme universel. Voilà mon prochain, et non pas un lapin ni un sanglier. Je recommande de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Je lance le scrutin sur les conclusions du rapport de majorité, à savoir le dépôt sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission de l'enseignement, de l'éducation, de la culture et du sport (dépôt de la pétition 1959 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 48 oui contre 23 non et 6 abstentions.