République et canton de Genève

Grand Conseil

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P 1860-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Sécurité pour les habitants de Collonge-Bellerive
Ce texte figure dans le «Recueil des objets déposés et non traités durant la 57e législature».
Rapport de Mme Magali Origa (Ve)

Débat

Le président. Nous abordons la P 1860-A. Je vous rappelle que pour les pétitions, nous sommes en débat de trente minutes. La rapporteure, Mme Magali Origa, est remplacée par Mme Sophie Forster Carbonnier, qui ne prend pas la parole. La parole est à Mme Christina Meissner.

Mme Christina Meissner (UDC). Merci, Monsieur le président. Cette pétition émanant d'habitants de Collonge-Bellerive pourrait venir d'habitants de bien d'autres communes, qui demandent à chaque fois, suite aux cambriolages qu'elles subissent, que plus de précautions soient prises. On nous demande de prendre compte de cette pétition, et le fait que la commission des pétitions ait décidé de la déposer sur le bureau du Grand Conseil ne convient pas à l'UDC: il s'agit véritablement de prendre en compte les préoccupations, les problèmes et les dommages que subissent les habitants - d'ailleurs, ça continue, même si l'on peut reconnaître que le Conseil d'Etat fait de gros efforts. Mais ce n'est pas encore suffisant, il faut arrêter, et il faut surtout arrêter de relâcher trop rapidement des gens qui ne cessent de récidiver et de mettre en péril notre qualité de vie. Nous refuserons donc le dépôt de cette pétition et sommes pour son renvoi au Conseil d'Etat.

M. Pascal Spuhler (MCG). Comme l'UDC, nous allons demander le renvoi au Conseil d'Etat. En effet, le village de Collonge-Bellerive se sent oppressé par les multiples cambriolages qui se sont répétés dans le petit périmètre qu'il représente. Vous pouvez bien imaginer que tout le monde se connaît: quand l'un se fait cambrioler, il dit: «L'autre s'est aussi fait cambrioler.», etc., etc. L'étendue des bruits, même si concrètement, par rapport aux statistiques... Sur le terrain, les gens s'inquiètent, ils ont peur et font davantage confiance maintenant aux agences de sécurité privées qu'à la police cantonale, puisque celle-ci n'est pas là: ils n'ont que la police municipale, la cantonale a un horaire qui ne correspond pas à celui des cambriolages, avec un effectif un petit peu restreint puisqu'on parle du poste de police de la Pallanterie, lequel ne peut évidemment pas couvrir toute la région dont il est censé s'occuper. Nous comprenons que les villageois qui se sentent en danger - on peut le dire ainsi - appellent au secours et demandent au Conseil d'Etat d'intervenir pour réparer cette situation. Je vous remercie. (Brouhaha.)

M. Jean-Luc Forni (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, voici près de vingt-cinq ans que j'habite la région, et j'ai foulé ces terres depuis ma plus tendre enfance, car mes grands-parents y résidaient. Il est clair que la belle région de CoHerAn & co - Corsier, Hermance, Anières et Collonge-Bellerive - comme on se plaît à l'appeler, a bien changé, s'est densifiée, avec pour corollaire que la sécurité a forcément diminué. Mais rassurez-vous, ce n'est pas le Bronx, comme on pourrait le croire à la lecture de cette pétition qui nous a été adressée. Il n'en demeure pas moins que comme l'a mentionné Mme la cheffe de la police lors de son audition devant la commission des pétitions, le cambriolage est un phénomène cyclique, et lorsqu'il se répète pour les plus malchanceux, il cause des réactions très émotionnelles.

A la lecture du rapport qui nous a été transmis, on doit se rendre à l'évidence: il n'y a ni solution miracle, ni possibilité de placer un garde ou une caméra de surveillance sur chaque chemin ou derrière la haie de chaque propriété. Chaque acteur peut et doit participer à la solution du problème, la victime, les voisins, les sociétés de surveillance, les communes, le canton et la Confédération: la victime en commençant par fermer correctement ses portes et ses fenêtres et en installant des alarmes à défaut de posséder un bon chien; les voisins en étant peut-être moins individualistes et en signalant tout comportement suspect, tout bruit; les sociétés de surveillance en intervenant peut-être plus rapidement et en étant globalement plus efficaces; les communes en engageant davantage d'ASM, comme elles ont déjà commencé à le faire, et en les rendant plus visibles et plus performants; l'Etat en ouvrant ou en réactivant des postes de police de proximité; et finalement la Confédération en nous dotant de davantage de gardes-frontière.

Après lecture de ce rapport, le groupe PDC soutient le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil en insistant sur ce qui est pour nous la conclusion de ce rapport, à savoir que la concertation, la coordination de tous les intéressés - victimes comme anges gardiens - peut contribuer à réduire cette criminalité. Un exemple pour conclure: les actions menées dans le cadre du programme «GE veille». Je vous remercie de votre attention.

M. Renaud Gautier (PLR). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, voici le deuxième objet figurant aux extraits qui réclame plus de policiers, si possible un derrière chaque citoyen et deux derrière chaque enfant des Pâquis. Evidemment, je comprends qu'on traite cela aujourd'hui, parce qu'avec l'objective diminution de population qui nous attend, on arrivera probablement, en effet, à avoir un policier par résident de Genève, ce qui satisfera les initiants à propos de la problématique de la drogue aux Pâquis ou les habitants des communes genevoises qui par hasard, une fois de temps à autre, ont entendu parler d'un vol dans leur commune.

Cela étant, faut-il anticiper ce moment et renvoyer ceci au Conseil d'Etat qui, comme j'avais cru le comprendre, a des choses plus importantes à faire ? Je n'en suis pas du tout convaincu. Pour terminer avec ce que j'ai dit au début, je croyais, Monsieur le président, que nous étions à la séance des extraits. (Rires.)

Le président. Nous sommes en séance d'extraits, en effet, mais dans la partie consacrée aux pétitions. Je passe la parole à la rapporteure, Mme Sophie Forster Carbonnier.

Mme Sophie Forster Carbonnier (Ve), rapporteuse ad interim. Merci, Monsieur le président. Je serai extrêmement brève. Cette pétition a été traitée très sérieusement par la commission qui a procédé à un certain nombre d'auditions - la police municipale, le procureur général, la cheffe de la police - et ce n'est donc pas à la légère que la majorité de la commission a décidé de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. En effet, si l'ensemble de la commission comprenait les préoccupations des pétitionnaires, elle estimait que des mesures avaient été prises pour lutter contre le phénomène des cambriolages. Je termine ce petit plaidoyer pour le dépôt de la pétition en paraphrasant le Beau Lac de Bâle et les propos de M. Gautier: nous aurons bientôt un policier caché derrière chaque sapin.

M. Antonio Hodgers, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, par cette pétition, des citoyens lésés demandent légitimement une augmentation des moyens dans la lutte contre le cambriolage. Ce phénomène a ceci de particulier qu'au-delà des dégâts physiques, matériels ou financiers qu'il cause à ses victimes, il représente aussi une violation de l'intimité, une violation du foyer qui peut être quasi traumatique, notamment pour les personnes âgées; en cela, le cambriolage provoque un dégât bien plus grave, celui du sentiment d'insécurité dans l'intimité la plus grande que représente le lieu d'habitat, le chez-soi. Le Conseil d'Etat en est particulièrement conscient, vous le savez, et a débloqué des moyens complémentaires pour y faire face, lesquels s'avèrent payants, le nombre de cambriolages étant en réduction ces derniers temps. Ils portent sur trois niveaux d'action. Le premier est la prévention. Vous n'ignorez pas que beaucoup de cambriolages peuvent se produire à cause de la distraction même des habitants, qui ont des habitudes émanant d'époques peut-être plus heureuses, où la sécurité allait plus de soi dans notre canton. Malheureusement, les temps ont changé, et nous devons tous changer nos habitudes quant à la fermeture des fenêtres, des portes et à toutes ces mesures de sécurité aujourd'hui élémentaires. Ces efforts de prévention - M. Forni l'a dit - concernent aussi les communes à travers les agents municipaux et les voisins à travers une vision plus partagée de la sécurité et non une logique où chacun serait enfermé chez soi.

Le deuxième niveau est celui de la police, et notamment de la police judiciaire. Les cambriolages sont l'effet de réseaux: il ne s'agit pas d'une criminalité opportuniste, mais d'une criminalité organisée. Nous devons travailler sur ces réseaux, en collaboration avec les polices des autres pays, car ces réseaux ne connaissent pas les frontières et la collaboration policière doit se faire à l'échelle européenne, sous peine que nous agissions de manière totalement inefficace dans notre canton.

Enfin, le troisième niveau d'action du Conseil d'Etat est celui de la punition. Une fois arrêtés - souvent grâce à des moyens d'enquête scientifique relativement poussés - ces cambrioleurs doivent faire l'objet d'une punition sévère, et là encore, vous connaissez les projets du Conseil d'Etat visant à augmenter la capacité carcérale afin de pouvoir maintenir ces personnes éloignées de la voie publique le temps suffisant. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) C'est pourquoi, Mesdames et Messieurs, nous estimons que la réponse du Conseil d'Etat à cette pétition est cohérente. Evidemment, de même que dans le cas des Pâquis, nous ne sommes pas encore à un niveau de risque zéro, mais les efforts sont là, et je vous remercie d'en prendre acte.

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous fais voter sur les conclusions de la commission, à savoir le dépôt sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 1860 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 55 oui contre 23 non.