Recensement réalisé entre 2005 et 2007 par l'Institut d'architecture de l'université de Genève (IAUG) et le Service des monuments et des sites (SMS).
Vernier
Avenue de Crozet 6 à 58 (n° pairs)
Chemin du Coin-de-Terre 3-5-7-7B
Avenue Edmond- VAUCHER 47-49-51-53
Valeur: Intéressant
Validation: Commission des monuments, de la nature et des sites (CMNS) du 26.06.2007
Nombre de bâtiments: 6 blocs, 22 allées
Nombre d'étages: R+8
Nombre de logements: 70
Descriptif sommaire:
Immeubles de logements de huit étages sur rez-de-chaussée avec trois garages couverts de cent boxes.
Abords:
Situé à Vernier sur un terrain de plus de cinq hectares le long de la route de Meyrin, à trois kilomètres du centre de Genève, les immeubles de Balexert jouissent d'une situation privilégiée entre ville et campagne. L'augmentation du trafic sur la route de Meyrin pose néanmoins un problème de nuisances sonores.
Qualité architecturale (typologie/construction):
L'ensemble de Balexert amorce l'époque des grandes opérations de logements liées à une commande du bureau Honegger et qui s'étaleront jusqu'au milieu des années soixante (Cité Caroll, ensemble de Budé, Cité Carl-Vogt, Cité d'Aïre, Gennecy-Avully). Ces projets conduiront à la réalisation de plus de 4000 logements. Cet ensemble est constitué de six barres de logements, les deux premières, orientées nord-sud, sont placées parallèlement à la route de Meyrin et à l'avenue de Crozet (immeubles 1 et 2) et sont constituées de logements traversants, tandis que les quatre autres sont implantées est-ouest perpendiculairement (immeubles 3 à 6) au terrain et ne comptent que des appartements mono-orientés. Dans les bâtiments 4, 5 et 6, les cages d'escalier sont placées en façade est en ce qui concerne les allées d'extrémités et en façade ouest en ce qui concerne les allées centrales permettant une modulation supplémentaire des façades et évitant toute lecture d'ensemble comme addition de blocs similaires. Ce schéma est inversé dans le bâtiment 3. Les bâtiments 3 à 6 présentent un plan qui, depuis La Colombière en 1954, est caractéristique des réalisations du bureau avec le système Honegger-Afrique. Les façades sont constituées de petits éléments préfabriqués et les dalles sont faites de caissons préfabriqués de 60 par 60 centimètres qui règlent tout le plan selon une trame orthonormée. Chaque escalier dessert quatre appartements par étage de trois ou quatre pièces avec séjour et cuisine donnant sur la loggia et des chambres commandées par le séjour. Les bâtiments 1 et 2, traversants, ont leurs cages d'escalier disposées en façade nord desservant deux appartements de quatre ou cinq pièces donnant sur des loggia au sud.
Qualité urbanistique:
Les immeubles sont implantés sur un vaste terrain arborisé qui s'étire d'est en ouest. Les quatre premières barres sont implantées perpendiculairement à la route de Meyrin, distante de 75 mètres les unes des autres de façon à créer trois jardins. Celui du centre est vide de construction et planté d'arbres tandis les deux autres sont partiellement occupés par deux garages semi-enterrés. La légère déclivité du terrain permet de placer le garage situé entre les bâtiments 5 et 6 de plain-pied au niveau du rez-de-chaussée du bâtiment 6 et enterré devant le bâtiment 5 dont l'entrée donne sur le jardin qui le recouvre. Ce dispositif est répété entre les bâtiments 2 et 3. L'absence de dénivelé à l'ouest du site n'a pas permis de dissimuler partiellement le troisième garage simplement posé entre les bâtiments 1 et 2 avec une rue latérale de part et d'autre et une rampe permettant d'accéder à l'espace qui le recouvre. En plaçant un bâtiment tous les 75m, le terrain n'aurait pu accueillir que cinq barres positionnées perpendiculairement à la rue. L'élargissement du terrain dans sa partie ouest a incité les architectes à y placer non pas une dernière barre parallèlement aux autres à l'extrémité du site mais deux barres face à face, le long de la route de Meyrin et de l'avenue de Crozet, la distance les séparant étant suffisante dans cette partie plus large du terrain. Le bâtiment 2 reste aligné sur l'avenue de Crozet et subi un désaxement par rapport aux autres bâtiments. Ce désaxement est contrôlé par le bâtiment 3 contigu à« lequel, brisé en son centre selon le même angle de désaxement, oriente son aile nord perpendiculairement au bâtiment 1 et son aile sud perpendiculairement au bâtiment 2. Le garage est implanté selon la bissectrice de l'angle formé par les bâtiments 1 et 2. Le plan qui résulte permet non seulement de tirer un parti avantageusement de ce mince élargissement du terrain mais instaure aussi une diversité typologique puisque ces deux immeubles, orientés nord-sud, ne comptent que des appartements traversants dont la façade sud est entièrement occupée de loggias et la façade nord, plus fermée, tourne le dos au trafic automobile de la route de Meyrin. La cité Balexert peut être lue comme une succession d'immeubles parallèles dont les deux derniers auraient subi une rotation de 90° ou bien comme l'agglomération de trois sous-ensembles constitués de deux immeubles encadrant un garage couvert. Le projet d'urbanisme s'accompagne d'un aménagement paysager simple mais efficace.
L'ensemble Balexert fait partie du Plan Localisé de Quartier n°23870-540 du 17.06.1958.
Etat actuel:
L'immeuble 6 (2-12 av. de Crozet) a été rénové en 2002. Certaines loggias ont été fermées par des stores en PVC vert et d'autres, réparties de façon aléatoire sur la façade, de stores en toile jaune tandis que les stores des chambres ont été remplacés en beige. Les menuiseries ont été changées pour des châssis en bois à vitrage isolant. L'immeuble 5 (14-24 av. de Crozet) a été rénové en 1999. Les stores des chambres des deux allées nord sont en PVC beige et ceux des deux allées sud en PVC gris. Les loggias présentent la même alternance aléatoire que l'immeuble précédent de stores en PVC vert (ou gris) et de stores en toile jaune. Après une demande de surélévation de l'immeuble 4 (26-36 av. de Crozet), refusée en 1997, ses façades ont été rénovées en 1999-2000 par les architectes D. Baillif & R. Loponte. Les loggias sont protégées uniquement par des stores en toile mais selon une grande variété de couleurs (bleu, bleu ciel, jaune, rouge) réparties aléatoirement. Comme pour les deux bâtiments précédents, les menuiseries ont été changées par des châssis bois à vitrage isolant. Les entrées ont été repeintes en rouge et jaune mais conservent leurs sols et leurs boites aux lettres d'origine. Le crépi à forte texture du soubassement a été refait. Le bâtiment
3, au plan brisé en son centre, est le seul à n'avoir pas été entièrement rénové.
Autres particularités
Seuls les stores semblent avoir été changés, la peinture des façades est délavée et les loggias constituent un répertoire de toutes les adaptations possibles par les occupants. Le bâtiment
2 a été rénové le dernier en 2001, les façades repeintes en jaune et gris, assorties aux stores en toile des loggias remplacés par un motif rayé également jaune et gris. Les menuiseries ont été changées par des châssis bois et verre isolant. Seule l'extrémité ouest du bâtiment 1 (58-60 avenue de Crozet) a été rénovée au début des années 90 et contraste avec les deux tiers est du bâtiment assez dégradés. Un grand nombre de cuisines conserve leur aménagement d'origine avec placards bas ouvrants et placards hauts avec portes inclinées coulissantes.
Les entrées des immeubles conservent en général leur sol et leurs boîtes aux lettres d'origine. Les peintures ayant été refaites, il n'est pas possible de dire si elles correspondent à une mise en couleur d'origine.