Les naissances sont généralement accueillies avec joie, et l'on trouve des témoignages de l'émotion des parents dans les papiers privés. La société salue la naissance en l'enregistrant à l'état civil. Avant que celui-ci ne devienne laïque, ce sont les baptêmes que les pasteurs inscrivaient dans les registres paroissiaux, à Genève dès 1546.
Acte de baptême d'un enfant devenu célèbre: Jean-Jacques Rousseau, 4 juillet 1712
Né le 28 juin 1712, Jean-Jacques Rousseau est baptisé six jours plus tard, à Saint-Pierre, par le pasteur Senebier. Le registre mentionne par erreur David comme prénom du père, qui s'appelait en réalité Isaac. Le bébé est "présenté" par son parrain, Jean-Jacques Valençan (AEG, E.C. St Pierre, BM 11).

Exemple très précoce d'une chambre d'enfants dans un inventaire judiciaire, 1682
Dans certaines circonstances, par exemple lorsque le défunt a des enfants mineurs, la justice dresse un inventaire après décès. Grâce à ces inventaires, il est possible de connaître l'agencement des pièces et le mobilier. Au XVIIe siècle, la plupart des logements n'avaient que deux ou trois pièces, et on ne trouvait de véritable spécialisation des locaux que chez les personnes disposant d'une grande fortune.
L'appartement du riche marchand Robin Delacombe, qui compte une vingtaine de pièces, est exceptionnel: il dispose d'une "chambre des enfans", avec une table ronde, un coffre, un bahut (meuble de rangement) et trois lits, dont l'un est probablement réservé à la gouvernante. On dort à plusieurs dans un lit, et les berceaux sont rares, les nouveau-nés dormant avec leurs parents. Les chambres d'enfants ne se répandent vraiment dans la moyenne bourgeoisie qu'à partir du XIXe siècle (AEG, Jur. Civ. 223).
Affiche relative à l'enregistrement des naissances, 18 août 1794
Après la révolution genevoise de 1792, l'idée d'un état civil laïque, déjà introduit en France, fait son chemin. Cet avis prouve que la présence d'un "chirurgien" pour assister à l'accouchement est devenu courant, et que le prénom est souvent attribué par le parrain (AEG, Placard 1220).

Poème composé par Antoine Carteret à l'occasion de la naissance de sa fille, 1862
L'émotion que ressentent les parents à la naissance d'un enfant leur inspire parfois des vers! Ici, Antoine Carteret, homme d'Etat genevois, salue le baptême de sa fille Berthe (AEG, Archives privées 126.27):
[...] Un enfant a l'attrait si vif de l'innocence;
Autour de son berceau voltige l'espérance;
Quel paisible sommeil !
Un enfant c'est la fleur entr'ouvrant son calice,
C'est un matin d'avril, quand sous les rameaux glisse
Un rayon de soleil [...]
Le Journal de bébé tenu par Maman, carnet édité par Bernard Grasset, Paris, 1927. Tenu pour un bébé genevois né le 18 avril 1929
Dès le XIXe siècle, on trouve des livres et carnets pré-imprimés pour permettre aux mamans de noter les événements marquants des premières années de leur enfant, selon des rubriques bien définies: "La naissance de bébé", "Premières impressions de maman", "Première journée de bébé", "Visites reçues", "Première sortie de bébé", "Bébé regarde", "Bébé entend", etc. Il arrive que de tels carnets, de provenance privée, soient donnés ou déposés dans des archives publiques (AEG, Archives privées 105).